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Emprunt obligataire: La carte du FCE

par Zahir Mehdaoui

Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) a organisé dans la nuit de mardi à mercredi sa grande soirée dédiée exclusivement à l'emprunt obligataire national.

Cette rencontre, à laquelle ont participé des centaines d'entreprises, devait logiquement permettre au gouvernement de vendre de nouveaux titres pour renflouer les caisses de l'Etat qui se vident graduellement du fait de la baisse du prix du pétrole.

La soirée a coûté 100 millions de DA, avons appris de sources sûres. Ce sont les banques publiques et le FNI (Fond national d'investissement) qui ont sponsorisé l'événement dont l'organisation a été confiée à une boîte de communication qui a interdit aux journalistes l'accès à l'intérieur de la salle ou a eu lieu cette soirée. En fait, l'idée de cette boîte de communication, appartenant à un membre du FCE, était de garder les journalistes éloignés le plus possible pour ne pas approcher les souscripteurs potentiels pour des raisons inavouées au départ mais qui devenaient de plus en plus évidentes au fil de cette soirée que les organisateurs voulaient mémorable.

Bref, en réalité l'enjeu de la soirée de mardi n'était pas tant la récolte de nouvelles souscriptions. Il était ailleurs, selon des participants à cet événement. En effet l'ABEF, les banques publiques et le FNI ont failli boycotter la cérémonie. C'est ces trois institutions qui ont en réalité sponsorisé avec plus de 100 millions de DA cet événement et ouvert des guichets de souscription sur place. Les trois sponsors découvrent sur place que le FCE aurait décidé de donner l'exclusivité de la souscription des bons à un membre du conseil exécutif du FCE, à travers la souscription exclusif des bons et la perception des 1% prévu par la loi.

L'enjeu de la soirée d'hier était l'encaissement de ce 1% prévu par la loi et qui représente la somme colossale de 1,5 milliard de DA, soit 150 milliard de centimes. Selon nos sources, il a fallu l'intervention du président du FCE et du ministre des Finances, qui était présent à la soirée, pour calmer les esprits et étouffer l'affaire en consentant le respect du choix des souscripteurs de la banque. Il y avait un vrai malaise lors de cette soirée en dépit de toutes les déclarations de bonne intention mises en avant.

Encore une fois, les intervenants à l'ouverture de la soirée ont voulu mettre en avant le caractère « patriotique » de cette opération organisée par le FCE et qui vise à mobiliser des « ressources financières alternatives ». « Cet emprunt obligataire national dont la proposition émane du FCE vise à assurer un financement alternatif au Trésor à l'économie nationale dans un contexte de chute drastique des prix mondiaux du pétrole », a déclaré Ali Haddad lors de son intervention à l'ouverture de la cérémonie. Selon Ali Haddad, cet emprunt est déterminant pour aller vers un nouveau régime de croissance basé sur de nouveaux autofinancements.

Le secrétaire général de l'UGTA, Abdelamadjid Sidi Saïd, a qualifié pour sa part l'événement de « moment historique ». « Le patronat et l'UGTA sont unis pour l'Algérie », a clamé le patron de la centrale syndicale qui évoque lors de son intervention un « événement sociétal » qui permet à l'Algérie d'emprunter de l'argent à l'intérieur du pays au lieu de le faire au niveau du FMI et des instances financières internationales. Contre toute attente, le FCE a annoncé la collecte durant cette soirée organisée à l'hôtel El Aurassi de plus de 150 milliards de DA, soit environ 1,5 milliard de dollars.

A noter que les entreprises privées qui ont consenti de transformer leur disponibilité en emprunt obligataire ne l'ont fait qu'après avoir obtenu la garantie de pouvoir utiliser les bons en apport sur leur futur investissement et de pouvoir les utiliser en garantie réelle et de pouvoir les nantir auprès des banques primaires. Nous avons appris également que beaucoup de pression a été exercée par le FCE sur de nombreuses entreprises pour prendre part aux souscriptions. Sur les 800 entreprises inscrites, seules 380 d'entre elles ont pris part à la soirée. Le nombre de souscripteurs par engagement est quant à lui de 267.

A défaut de résultats officiels, nous avons appris de sources sûres à l'intérieur du Forum des chefs d'entreprise que l'UGTA a souscrit pour 25 milliards de DA alors que les banques publiques et les institutions de l'Etat ont souscrit pour leur part et pour leur compte pour 45 milliards de DA. Le groupe ETRHB appartenant à Ali Haddad a souscrit, selon nos sources, pour 5 milliards de DA. Alliances Assurances a de son côté souscrit pour 1 milliard de DA alors que BNP Paribas, le Groupe BAIRI, le Groupe Metidji Safina ont souscrit respectivement pour 2 milliards de DA, 200 millions de DA et pareillement 200 millions de DA.