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Constantine - Ali Mendjeli «by night»: Rien de spécial, mais on y fait du shopping tous azimuts !

par Abdelkrim Zerzouri

A peine la dernière cuillère de chorba ingurgitée, les gens se ruent par dizaines hors des maisons, vers la multitude de marchés de la cité monstre, la nouvelle ville Ali Mendjeli. Les commerçants, eux, en parfaite symbiose avec ce rythme nocturne, ont déjà commencé à installer leur marchandise sur les trottoirs bien avant l'arrivée de la clientèle. Aucun espace n'est laissé libre au centre-ville d'Ali Mendjeli. Les commerçants informels se sont accaparés des espaces publics presque de droit, avec des lieux délimités comme dans un marché régulier, et des commerces bien achalandés comme dans une foire économique. Plus moyen de circuler sur les trottoirs, et les gens sont souvent contraints de se disputer la chaussée avec des automobilistes, coincés dans le piège des embouteillages, inextricables par endroits. «On n'a pas fini de critiquer la nouvelle ville Ali Mendjeli en la qualifiant de grande cité dortoir, mais on y converge par milliers tous les soirs, et de toutes parts. C'est à n'y rien comprendre !», raillent des habitants de cette agglomération dont les tentacules ont rejoint le territoire de la commune de Aïn S'mara. Même si, à l'image de la wilaya, Ali Mendjeli souffre d'un manque flagrant d'espaces de loisir et de détente, il est aisé de comprendre les déplacements des habitants des zones urbaines limitrophes, et même des proches wilayas, vers Ali Mendjeli, car ici tout est disponible et à des prix raisonnables, croient savoir certains riverains d'Ali Mendjeli. La présence d'une demande très forte sur les articles d'habillement à la veille de l'Aïd El-Fitr a incité tous les commerçants informels de l'est du pays à venir s'installer sur les trottoirs d'Ali Mendjeli, c'est mieux qu'une foire économique où l'on doit payer jusqu'à 10 millions pour avoir une petite tente pour exposer la marchandise, alors que sur les trottoirs, c'est gratuit. Les affaires marchent à merveille, d'autant que jusqu'à présent la présence des commerçants informels est tolérée, car aucune autorité compétente ne les dérange dans leur activité. «Ici, c'est gagnant-gagnant», nous dira un commerçant informel bien installé près de son véhicule utilitaire qui lui sert de magasin. Ajoutant dans ce sens que toutes les parties trouvent leur compte dans ce décor très dynamique, les commerçants travaillent, les jeunes autoproclamés gardiens de parking carburent à tout vent, les moyens de transport sont tellement demandés qu'il faut appeler à la rescousse les clandestins, les citoyens achètent à des prix très compétitifs, impossibles à trouver ailleurs? qu'est-ce qu'on peut demander de mieux ? lancent des commerçants informels. De ce côté-ci de la médaille, tout ne peut aller que vers le mieux, mais il y a d'autres faces où il n'y a pas fête. Il y a les habitants qui dénoncent tant de nuisances qui leur ôtent toute quiétude au sein de leur logis, et les commerçants réguliers sont les premiers à monter au créneau pour dénoncer cette foire d'empoigne, qualifiée de désastreuse pour leur activité. «Nous payons nos impôts, les loyers, certains ont investi des fortunes pour construire des hyper centres commerciaux, et à la fin on se retrouve face à ces commerçants qui ont squatté tous les espaces publics, sans payer aucun sou, et détournent la clientèle à leur avantage en baissant, ou mieux encore en cassant les prix, même si la qualité laisse à désirer», s'indignent des commerçants qui ont loué au prix fort des locaux dans un hyper centre commercial. «Nous savons que les autorités tolèrent cette activité des marchands informels durant cette période, mais les choses peuvent tourner au drame, au chaos, en un clin d'œil», estiment nos interlocuteurs qui mettent en garde contre des dérapages incontrôlés. Jusque-là, les services de sécurité maîtrisent la situation comme il se doit, mais le danger menaçant des troubles à l'ordre public n'avertit pas quand il veut épouser les formes de la violence. Pour le moment, et on espère que cela va durer jusqu'à la fin du Ramadhan, c'est une foule très joyeuse qui se meut, en nocturne, entre les étals des commerçants. Et cette vie après le f'tour dure parfois jusqu'à une heure tardive de la nuit, minuit dépassé garanti.