Les journalistes et la direction du quotidien El Watan sont empêchés d'accéder à leur nouveau siège. Un dispositif important des services de sécurité a été déployé durant la nuit de jeudi à vendredi devant l'entrée de l'immeuble pour empêcher la direction de s'installer dans son nouveau siège, fraichement réceptionné, sis du côté de Hussein Dey à Alger. Selon nos sources, ce déploiement de la police est motivé par une décision de la direction de l'urbanisme d'Alger qui n'aurait pas délivré de certificat de conformité de l'immeuble.

Si cette information s'avère vraie, elle soulève plusieurs interrogations. Pourquoi ce n'est pas la police de l'urbanisme qui a été dépêchée sur les lieux ? Depuis quand les services de sécurité sont actionnés sans décision de justice ?

Cette nouvelle affaire coïncide, faut-il le souligner, avec le bras de fer qui oppose le ministère de la Communication à la chaine de télévision KBC (El Khabar) dont la majorité des actions a été rachetée par le patron de Cevital, Issad Rebrab. En fait, nous assistons depuis quelques années à une nouvelle tournure qui n'annonce rien de bon. Certains médias sont devenus un abcès de fixation pour le pouvoir. Cela rappelle un peu ce qui s'est passé durant les années 1990 avec l'ancien général Betchine, qui était en ce temps-là, conseiller du président Zeroual. Nous saurons plus tard qu'il s'agissait en fait d'une guerre que se livraient deux clans au pouvoir au moment où le terrorisme menaçait l'Etat-nation.

Aujourd'hui, la question est de savoir contre qui le pouvoir se bat sachant qu'il détient tous les pouvoirs entre les mains, à telle enseigne qu'une simple direction de l'urbanisme peut réquisitionner un escadron de la police ? En ciblant certains médias et en tolérant d'autres, dans une politique de deux poids, deux mesures flagrante, le pouvoir perd ce qui lui reste de crédibilisé. Encore une fois, c'est l'image de l'Algérie qui va prendre un coup à l'étranger. Mais cela n'émeut plus personne.