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Selon des arguments scientifiques: Ramadhan, le mardi 7 juin

par Abdelkrim Zerzouri

Les scientifiques ne savent plus sur quel pied danser avec ce «doute» dans l'observation du croissant lunaire, le 29 chaabane, correspondant au 5 juin, et qui annonce comme chaque année le début du mois de Ramadhan. C'est que la rigueur des arguments scientifiques établissant avec précision le passage de la lune, indiquant ses positions à chaque moment, est presque systématiquement bousculé par des considérations de références religieuses, exigeant ou s'en remettant, quant à elles, aux témoignages des comités d'observation répartis à travers plusieurs régions. Sans parler de la règle de «Tawhid el-Matali» (Horizon unifié) qui permet de prendre en considération l'observation du croissant dans d'autres pays et annoncer la date du premier jour du Ramadhan même si rien n'a été vu dans le ciel algérien. C'est ce qui a été relevé d'emblée par le communiqué rendu public à ce propos par l'Association Sirius d'astronomie qui a tenu à préciser «emphatiquement» que seul le Comité des croissants lunaires du ministère des Affaires religieuses est habilité à émettre la fatwa sur la date effective du début du Ramadhan. Mais cela n'a guère empêché le président de cette association, le professeur Jamal Mimouni, d'évoquer «le flou des règles d'authentification officielle» et «l'agitation ambiante» qui obligent à la «circonspection». «La nuit du 29 du mois de chaabane ou «Nuit du doute» étant celle du dimanche 5 juin 2016, le croissant du mois lunaire correspondant au mois de Ramadhan 1437 sera impossible à observer sur tout le territoire national tant à l'œil nu qu'à l'aide d'instruments optiques vu que la lune dont la conjonction (naissance) sera à 3h59 du matin heure locale ce jour-là, se couchera tout juste après le soleil et sera donc trop bas sur l'horizon pour être observée», indique le communiqué de l'Association Sirius. Soulignant dans ce sillage qu' «il découle de l'impossibilité de l'observation du croissant lunaire le 5 juin au soir, que le 1er du Ramadhan 2016 ne pourra être le lundi 06 juin mais bien le mardi 07 juin si l'on s'en tient à l'observation visuelle du croissant». Ainsi, en convient l'Association Sirius, «toute prétention d'avoir observé de visu le croissant d'Algérie ou du monde arabe, sauf le Soudan, ce jour-là ne pourra qu'être rejeté par la science. Ceci est le point de vue unanime de la communauté astronomique mondiale». Selon l'avis des scientifiques, donc, le début du mois de Ramadhan coïncide avec le mardi 7 juin, mais l'Association Sirius réintroduit «le doute» à ce sujet en indiquant que «le problème est que la scène jurisprudentielle «encombrée», en plus de la diversion de personnes et institutions n'ayant que peu de crédibilité et faisant dans l'agitation, ainsi que les règles à géométrie variable qu'adopte chaque année le Comité national des croissants lunaires, rend nécessaire de présenter les différents scénarios possibles». Les débroussaillages de l'association présentent «quatre scénarios, chacun avec sa logique, et qui se réduisent en dernière analyse à deux cas, soit le Ramadhan est annoncé pour le lundi 6 juin ou le mardi 7 juin». Il y a des pays qui n'exigent pas l'observation visuelle du croissant mais se contentent de l'occurrence de la conjonction avant le coucher du soleil et la présence théorique du croissant au-dessus de l'horizon ne serait-ce que de manière éphémère lors du coucher du soleil, ils feront débuter le mois de carême le lundi 6 juin, explique-t-on dans ce sens. En second lieu, ajoute le communiqué, «si l'on accepte la règle de «Tawhid el-Matali» (Horizon unifié) qui permet de prendre en considération l'observation de pays pour lesquels l'observation du croissant est possible ce jour du 5 juin, et adopté depuis de nombreuses années par le ministère des Affaires religieuses mais appliqué de manière intermittente et sélective, le premier jour du Ramadhan devrait être le lundi 6 juin vu sa visibilité d'Afrique subsaharienne et australe». Troisième scénario, «l'inobservation du croissant qui sera le cas chez nous si on se limite à son observation d'Algérie, devrait conduire à déclarer le 1er du mois de jeûne le mardi 7 juin». Et quatrième probabilité, dans le cas où «une observation visuelle erronée d'un pays arabe serait validée, ce qui malheureusement arrive quasiment presque chaque année et notamment avec l'Arabie Saoudite et ses «chaouafa» qui voient quand bien même la lune se trouve sous l'horizon, cette position par ricochet sera adoptée par les autres pays arabes, ce qui se réduit en pratique au scénario 1, soit le début du mois de Ramadhan le 6 juin». Plus catégorique quant à l'impossibilité de l'observation du croissant lunaire à l'œil nu, on tiendra à faire remarquer à travers le communiqué en question que «même s'il était permis d'accepter l'observation d'autres pays tels que ceux d'Afrique subsaharienne et australe, la visibilité du croissant ne l'est que pour une observation au télescope et non pas à l'œil nu, et seuls les pays d'Amérique du Sud pourront éventuellement voir le croissant à l'œil nu». Le Ramadhan débute le 6 ou le 7 juin ? La question reste entière et devrait attendre la décision du Comité des croissants lunaires qui tombera dans la soirée du 5 juin.