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Décision notifiée à la veille d'une vaste campagne de nettoyage à travers la wilaya: Plus de contrats avec les concessionnaires privés pour la collecte d'ordures

par Houari Saaïdia

Question intercalée par le wali entre deux points de l'ordre du jour : «Comment se fait-il qu'Alger ramasse ses ordures à 100% par l'entreprise publique alors qu'Oran, quatre fois plus petite, recourt à une multitude de privés ?» Réponse d'un communal: «On ne loue que le camion, le personnel est à 100% interne».

Pour une «excuse» pire que la «faute», c'en était une. La réponse explicative donnée au wali par les responsables communaux, jeudi à l'hémicycle, pour justifier le recours aux concessionnaires privés pour une partie du plan de charges de la collecte de déchets ménagers frisait le ridicule.

«Si je comprends bien, vous essayez de me faire comprendre que ceux qui enlèvent les ordures, l'acheminent au CET puis le déchargent, sont à 100% du personnel communal. Seul le camion, chauffeur compris, est fourni par le privé? Joli travail !», a répliqué le chef de l'exécutif dépité autant que déconcerté. Ainsi, au moyen d'une promesse de contrat, le «privé» passe commande d'une benne-tasseuse auprès de l'ANSEJ, la CNAC ou l'ANJEM, retire le camion via crédit non remboursable du Trésor public, recrute un conducteur -dont il est le patron en conséquence- le loue à l'APC au prix fort, et il est dès lors un heureux petit entrepreneur conventionné. C'est peut-être trop caricaturé, mais c'est ainsi que marchent les choses dans ce créneau, élémentaire et non moins juteux, de l'activité communale. Aux grands maux, les grands remèdes. Le wali use pleinement de ses prérogatives : «Dorénavant, plus de nouveaux contrats avec le privé dans ce circuit. Aucun renouvellement de contrait à partir d'aujourd'hui», a-t-il ordonné séance tenante. Les communaux en ont pris acte. Coup de balai dans le circuit de la collecte. Mais, surtout, coup de pied dans la fourmilière des dépenses municipales superfétatoires. L'injonction n'a rien d'un coup de tête dans la foulée d'un briefing précédant une vaste campagne de nettoyage à travers le grand groupement urbain d'Oran, mais c'est une mesure mûrement réfléchie, prise à tête reposée.

La preuve : la wilaya avait envoyé en mission à Alger une équipe de dirigeants des EPIC locales, dont «Oran Propreté», pour s'imprégner de l'expérience algéroise, notamment en matière de gestion des déchets ménagers. Dans ce registre, la capitale est prise en charge de bout en bout par deux entreprises publiques locales, avec zéro opérateurs privés. Les missionnaires ont été invités, au cours de la réunion à l'hémicycle, à rapporter ces faits constatés de visu devant l'auditoire. Au fil du récit, des visages rougissaient, des têtes se baissaient, côté APC, divisions communales et secteurs urbains.

«En privatisant, si tant est que ce terme s'y prête dans ce cas, un tel segment élémentaire de l'activité communale, vous avez mis en otage la collectivité, qui est de fait à la merci de ces concessionnaires de tout bord ».

Un scénario à la Beyrouth, ville qui croule sous les ordures quoique pour des raisons tout à fait singulières, peut à tout moment muer de l'imaginaire au réel à Oran dès lors que 70% du marché est confié au privé. Et on a toujours en mémoire la menace de grève générale brandie en protestation contre le projet d'un nouveau cahier des charges.

Le dossier liée à la collecte d'ordures en ville d'Oran a fait irruption dans l'ordre du jour entre deux points techniques relatifs à la préparation d'une grande opération de nettoyage et de remise en état prévue demain samedi à travers les quatre coins de la grande agglomération urbaine d'Oran, qui comporte six communes, dont principalement Oran, Bir El-Djir et Es Sénia.