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Le but qui sauva le parcours !

par Slemnia Bendaoud

Comme en 2006, la finale se joua sur un bolide des 30 mètres. Et comme il y a neuf ans, ce fut à quelques minutes seulement du temps réglementaire. Gardant à Dame coupe son mythique effet de surprise ! Cependant, il ne s'agit ni de l'USM Alger ni même du buteur du MC Alger Fodil. Le tire-canon est l'œuvre de Hachoud, mais contre le NA Hussein-Dey cette fois-ci.

Et de huit pour le MC Alger ! Désormais, le plus vieux club d'Algérie rejoint sur ce registre le palmarès dé-tenu par l'ES Sétif et l'USM Alger. A eux seuls, ces trois clubs comptabilisent près de la moitié des trophées mis en jeu. Ce sont donc des machines en puissance à gagner des titres.

Toutefois, cette finale de la coupe d'Algérie est probablement revenue au club « le moins mauvais » au vu du parcours des deux tout derniers prétendants, comme on dit. L'exploit réalisé de loin sauva la face à une finale plutôt quelconque mais surtout une saison presque ratée de l'heureux buteur mouloudéen. Sur plus de cinquante coupes d'Algérie mises en jeu, jamais le MC Alger n'a eu droit à un aussi facile tirage au sort et à affronter de si faibles adversaires. Seuls le finaliste ou encore le RC Relizane furent plus ou moins du même calibre que le détenteur de son édition de 2016. Tandis que tous les autres étaient des clubs de divisions inférieures. De moindre carrure.

A vrai dire, il n'y a pas de quoi pavoiser ! Exceptée cette finale et son effet de surprise, toutes les autres rencontres étaient largement à sa portée. De cette coupe récemment engrangée, l'on ne retiendra de bon que le chiffre huit qui fit accéder le club du MCA au tout premier rang de ses détenteurs. Le reste n'est qu'une écriture comptable sans pratiquement grosse incidence sur son très étoffé palmarès.

Son adversaire du jour n'en est, lui aussi, pas non plus mieux loti. Même si au plan des performances, il aura réalisé un bien meilleur parcours en éliminant de biens coriaces équipes et de très solides concurrents au sacre.

L'un comme l'autre n'ont vraiment guère produit le spectacle attendu d'eux et surtout enflammé comme de tradition l'arène où se déroulait la finale. Et pour cause, leurs itinéraires respectifs ne plaidaient nullement en leur faveur. La main de Satan ne pouvait être effacée d'un « revers de la main » pour les Hussein-Deyens alors que le parcours peu glorieux de son voisin mouloudéen ne pouvait lui accorder le moindre mérite à s'adjuger ce noble titre.

Nous n'eûmes finalement droit -j'allais dire- qu'à une espèce de « finalistes par défaut ». Les deux autres demi-finalistes éliminés par eux (dont l'un le fut justement sur un coup de dé !) pouvaient même prétendre à les remplacer au pied levé. Tant l'un était victime d'une grave erreur d'arbitrage alors que l'autre devait réaliser un merveilleux parcours en éliminant tous les deux de grosses pointures.

Ayant perdu de sa saveur, la coupe ne pouvait tout de même garder ses traits très coutumiers très particuliers, sa liesse qui se tresse en finesse, son statut relevé de Dame fort respectée par ses nombreux concurrents, son grand intérêt à faire longtemps errer et surtout rêver les chérubins de tous les coins des quartiers désormais élevés au rang de grands héros de la balle ronde.

L'ambiance où se déroulait la fête méritait honnêtement un bien meilleur spectacle. La raison est bien simple : rarement les vingt-deux acteurs ont su se hisser au niveau de l'évènement célébré et surtout à hauteur des attentes de ces nombreux spectateurs dont certains avaient pourtant payé dans leur propre chair ce désir d'y assister sans jamais y parvenir.

Il y avait quelque part maldonne. On sentait déjà que la double célébration de l'évènement considéré (la finale de la coupe d'Algérie en cette journée du 1er Mai) ne pouvait enfanter d'une fête à la hauteur des honneurs qui lui sont faits, des préparatifs qui lui sont sacrifiés, des rêves qui lui ont été formulés et des vœux qui lui sont exprimés.

Et pourtant, sur le papier ou même dans l'absolue formule footbalistique, il y avait dans les airs une sorte de standing à préserver pour ces deux clubs voisins, un besoin d'enrichir un palmarès des plus respectés, une revanche à prendre sur l'histoire pour celui-ci et une tradition à plus que jamais confirmer et perpétuer pour celui-là, un impératif de revenir au tout premier plan grâce à cet évènement fort important pour leur carrière et devenir.

Toutefois, la grande motivation y était plutôt bien absente. Car le niveau fut assez quelconque à cause probablement de son caractère « derby » mais aussi en raison de ce jeu trop calculé, collant davantage à celui que produit l'adversaire du jour. Bien rares étaient ces séquences de jeu qui célébraient ce grand évènement de la balle ronde.

On eût dit que les 9/10è du temps consacré à la partie ont été -par excès de précaution- à dessein sacrifiés à ce très long round d'observation, démontrant par là la crainte prenant une allure de véritable frousse des deux formations de vraiment s'engager dans leur jeu et d'évoluer sur leur vraie valeur technique.

Et ce fut tout à fait normal que le spectacle en pâtisse. Car en perdant surtout d'intensité et de sa valeur très féconde et aspect spectaculaire, celui-ci verse intempestivement dans cette monotonie qui nous fait manifestement oublier cette ambiance de fête pourtant longtemps concoctée à la totale réussite de ce seul évènement, conférant à l'atmosphère une lourdeur surnaturelle devenant très difficile à surmonter.

Fort heureusement, il y eut, finalement, ce but splendide de l'intrépide Abderrahmane Hachoud qui réveilla avec grand fracas tout son monde de son très long sommeil, replaçant le stade dans son ambiance de fête tout à fait naturelle. L'attente avait pourtant été trop longue à supporter. La victoire devait, de son côté, elle aussi, être très difficile à pouvoir enfin se dessiner.

Dame Coupe avait ce jour-là puisé au plus profond de ses insondables ressources, impressionnantes réserves et secrets divins afin de ne point décevoir tout ce beau monde, venu par grappes très compactes de galopins et de riverains haut la saluer haute de pouvoir la serrer ou l'embrasser.

Elle leur en refila une de ses extraordinaires astuces qui mit fin à un spectacle haché, désolant, incommodant, plutôt lassant et très stressant, renvoyant son beau monde à mieux connaître le grand registre de sa fantastique et très formidable légende, sauvant au final la face à une fête qui allait enfanter l'insipide ou tomber en désuétude. Tel un don du ciel, de tous les titres gagnés par le doyen des clubs algériens, il fut le moins mérité. Parce que acquis sans véritable gloire ! A la base, sans grand-peine, aussi. Il reste qu'il le fut dans la transparence et la totale légalité. Leur toute médiocre position au classement général témoigne de leur niveau tout juste moyen ou encore très perfectible. Encore que, s'agissant du MCA, l'argent casqué à grands flots des caisses de Sonatrach n'a nul effet qui apparaît au plan des résultats enregistrés par le club qui reste sous la menace d'une possible relégation.

Cette coupe est venue sauver la Maison du club -ses responsables surtout- d'une très puissante explosion plutôt que d'étoffer son déjà glorieux palmarès ! Et tout le monde en est d'ailleurs bien conscient. Même si la fête qui s'en suit peut donner l'illusion d'un véritable triomphe, la gloire est plutôt ailleurs que dans ce titre à la victoire finale tirée par les cheveux.

Elle est dans ces sournoises manœuvres qui dénient au sport ses grandes vertus. Elle est dans cet argent du contribuable dilapidé dans l'octroi inconséquent de ces salaires faramineux ou mirobolants qui produisent en contrepartie des joueurs plutôt quelconques, parce que surpayés et sur-médiatisés. Elle est plutôt dans cet environnement malsain qui empêche les tout jeunes talents d'éclore et notre championnat national de mieux évoluer ou bien se comporter. Elle se situe dans ce contexte désormais généralisé d'élever nos médiocrités en de bien réelles compétences. Elle est en notre mentalité qui refuse de changer et tourne le dos au progrès. Elle coule dans nos veines. Puisque nous tirons nos arguments du mensonge et nous développons nos stratégies à partir de ces données complètement désuètes ou encore dépassées par le temps et les évènements.

Doit-on féliciter Abderrahmane Hachoud ? Ou encore nous désiler de notre football ? Bien que souvent liés, l'exploit reste incompatible avec la médiocrité !