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Corruption en région MENA: 50 millions de personnes ont payé des pots-de-vin

par R. N.

Le rapport 2016 de Transparency International (TI) pour la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), concernant la corruption, estime que «le manque de condamnations définitives et exécutoires par les juridictions nationales contre les personnes impliquées dans le vol d'actifs a considérablement ralenti le retour de ces actifs».

Selon le rapport, des «milliards de dollars d'avoirs volés persistent dans des comptes bancaires à l'étranger» au lieu d'être récupérés pour «aider à construire des écoles, des hôpitaux et d'améliorer la vie des personnes» les plus touchées par la corruption.

Le document note qu' «une personne sur trois ayant eu affaire à la justice ou à la police, ont eu recours à la corruption» d'agents publics. Seuls 20% (1 personne sur 5) de ceux qui sont amenés à payer des pots-de-vin osent dénoncer la corruption. Et 40% de ceux qui dénoncent «font face à des représailles».

Un sondage de TI montre que «61% des personnes interrogées considèrent que la corruption a augmenté l'année passée». «Environ 50 millions de personnes», soit un tiers de la population de la région MENA, «ont payé des pots-de-vin au cours de l'année dernière». Aussi, «68% des personnes sondées estiment que leurs gouvernements respectifs ont échoué dans la lutte contre la corruption, contre 26% qui considèrent que l'action gouvernementale a été excellente» dans ce domaine. «Les efforts des gouvernements arabes dans la lutte contre la corruption» sont jugés «parmi les plus mauvais» par 58 à 91% des citoyens de huit pays de la région, ajoute le rapport de Transparency International.

«50 millions de citoyens arabes ont payé des pots-de-vin pour l'obtention de services», note le document qui précise que «77% des citoyens du Yémen ont eu recours à la corruption», contre «50% au Maroc, en Egypte et au Soudan». Le sondage de TI estime que «58% des citoyens», les jeunes en particulier, «se rendent compte qu'ils sont un facteur clé pour le changement et pour aider dans la lutte contre la corruption».

Recommandations

Le rapport de TI (46 pages) compile quelques recommandations en matière «d'intensification des efforts contre la corruption», notamment «dans le secteur public» et «l'intégration des citoyens dans la lutte contre la corruption et le développement de mécanismes de dénonciation». «Sur la base des résultats de cette enquête, TI appelle les chefs d'État et de gouvernement arabes» de la «mise en œuvre immédiate des conventions internationales et arabe de lutte contre la corruption». L'ONG a réclamé aussi «la lutte contre la grande corruption et la traduire en justice, quel que soit le rang du fonctionnaire gouvernemental», «d'amender les lois qui restreignent la liberté de la presse, de la société civile et des personnes», de «mettre en place des organismes indépendants de lutte contre la corruption, dotés de ressources suffisantes» pour mener cette mission. Transparency International recommande également «d'imposer aux responsables du secteur public de divulguer leurs biens financiers», d'assurer une plus grande transparence dans l'attribution des marchés publics et d'élaborer des «lois modernes» en faveur de «l'accès à l'information». L'ONG réclame aussi «l'activation d'un code de conduite pour les fonctionnaires et l'application du principe de non-tolérance de la corruption dans le secteur public».

Les gouvernements sont également appelés à «créer un espace sûr et efficace pour l'intégration des citoyens et la société civile dans la lutte contre la corruption et sa dénonciation», par le biais de lois «protégeant les dénonciateurs».