Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Frères musulmans, entre calomnies et réalités !

par Seddiki Nourdine

Victime des censures? démocratiques et d'un rejet systématique de ce présent papier par ceux qui nous harcèlent à coup de slogans creux appelés démocrates.

En hibernation dans les tiroirs de la? libre expression made in «chez- nous», je saisis au vol l'occasion que m'offre le quotidien «La nouvelle république» dont je félicite et remercie le staff pour son amabilité et cette liberté d'opinions qu'ils ont bien daigné m'offrir pour m'exprimer à travers ses colonnes.

Je profite aussi pour saluer celui que je nommerai, tout au long de mon papier, par? Monsieur M.I. et lui transmettre le bonjour.

Il est vrai que les approches et les analyses diffèrent et « s'affrontent « souvent mais la querelle et les différences d'opinions, somme toutes logiques, ne doivent en aucune façon outrepasser les limites de l'arène de la noble réflexion et sereine pensée.

Certes, la liberté d'expression s'est instaurée et, s'est quelque peu imposée.

Seulement, la divergence des points de vue et notre? irrationalité ne peuvent être un prétexte pour dévier des nobles sentiers du respect mutuel et de l'objectivité.

Le chemin qui mène à la culture démocratique et à la liberté d'expression est encore long et semé d'embûches.

Le parcours ne fait que commencer.

Tout essoufflement, démobilisation et querelles futiles risquent de nous renvoyer à la case départ.

Méfions-nous donc et sachez que les dictatures tiers-mondistes ne meurent jamais, jusqu'à preuve du contraire, mais... se réincarnent en? démocratie de façades et de vitrines.

Notre frêle démocratie fait donc ses premiers pas et a besoin de temps pour s'adapter et s'épanouir car les séquelles de la pensée unique et du monologue expressif ont enfanté des réflexes en chacun de nous qui font que nous réfutons et rejetons toutes idées et opinions que nous n'épousons pas.

Tout débat qui ne reflète pas nos aspirations tendancieuses est rejeté inconsciemment par notre subconscient.

Le bâillonnement dont nous avons été victimes ne plaide pas du moins pour l'instant, à nous écouter mutuellement afin d'animer des débats instructifs où l'échange fructueux et non la fusion, où la complémentarité s'installera au lieu et place de l'hégémonie de la pensée qui doit être bannie de nos dialogues.

Le consensus n'est pas pour demain mais l'ébauche d'une culture du respect d'autrui, de ses opinions que nous ne partageons pas forcément, doit être jalonnée dès à présent.

La Nouvelle République, par le biais de sa page « Le Libre Débat » ébauche déjà cette esquisse de culture qui nous permettra de nous confronter à coup de... plumes et d'opinions et non de glaives et de kalachnikovs, Dieu soit loué.

Ce genre de débats contribuera, assurément, au lancement d'une nouvelle ère, l'ère où les idées, toutes les idées, seront respectées et où la plume serait reine et l'épée rangée, à jamais, dans son fourreau.

Il est du devoir de tout intellectuel, épris d'éthique et de déontologie littéraire et d'un semblant d'objectivité, de veiller à ce que la critique ne devienne passion et dénigrement.

Il est vrai que nul n'est parfait et que chacun de nous est sujet aux critiques les plus acerbes, seulement, le jugement doit être bridé et contenu, loin de ces procès d'intentions et du déni d'autrui.

Nos prédécesseurs ne sont pas, tous, exempts de reproches mais nous ne devons, respect oblige, nullement leur manquer de respect ou user du mensonge et des sordides diffamations à leur encontre.

Il est notoirement acquis de critiquer et de juger ses antagonistes et adversaires mais, sans recourir aux préjugés, ni aux procès d'intentions qui nous éloignent, bien des fois, de la réalité et de la vérité si recherchée et scandée par chacun de nous.

Nous, les humains, ne sommes ni anges, ni démons.

Nous ressemblons parfois aux anges grâce à notre bonté et notre gentillesse sans, toutefois, les égaler, et nous tendons par contre vers Lucifer très souvent par notre méchanceté gratuite et notre côté pervers, sans là aussi prétendre le détrôner de son « Maléfique piédestal».

En somme, nous sommes mi-ange, mi-démon.

Nous sommes des êtres, tout court, bons et mauvais.

Excusez ce très long préambule que j'ai jugé opportun et nécessaire pour la suite du présent papier.

L'attaque, tous azimuts, orchestrée ces derniers temps par une certaine élite bien connue pour ses penchants idéologiques contre tous les «repères culturels» de la nation musulmane et arabe a eu pour cibles les théologiens et penseurs musulmans ainsi que notre véhicule linguistique, la langue arabe toujours à la recherche de son diapason sur ses propres terres.

Cette campagne coïncide, curieusement, avec les appels à l'ouverture sur les cultures universelles, à la réforme totale de notre système éducatif et sans oublier, bien entendu, leur cheval de bataille qu'est la séparation du religieux de l'Etat, en termes très clairs, la laïcité.

Ajoutez à cela, cette crise d'hystérie contre le code de la famille qui est, parait-il, la source des maux rencontrés par la femme algérienne en particulier et la femme arabe et musulmane en général.

Toute cette panoplie d'attaques et tout cet arsenal déployé vise à cultiver et à semer d'avantage le complexe d'infériorité très développé chez nous et consolider, définitivement, l'invasion culturelle et l'anéantissement de tout effort aspirant au retour de notre riche patrimoine culturel sur la scène mondiale afin de redorer son blason et nous frayer une place au soleil dans cette globalisation, appelée nouvel ordre international ou, si vous préférez, l'hégémonie des grands géants sur les nations naines et nabotes.

Ces attaques sont relayées outre-mer par Selman Rushdie et Tass Lima Nassrine et bien d'autres, lauréats et détenteurs de prix de? !

Prix attribués par les différents lobbies sionistes et autres sphères médiatiques occultes qui régissent le monde culturel de nos jours.

Leur distinction ne repose sur aucun critère littéraire si ce n'est celui du blasphème de notre religion et notre culture.

Ils ne sont récompensés que pour Services Rendus car le talent, ils n'en ont point!

C'est exactement comme les fameuses médailles qu'attribuait Faffa à nos fameux Bachagas.

Le déni et le reniement de notre culture et cette compagne de déracinement n'ont malheureusement rien épargné, pas même nos us et valeurs ancestrales.

Quant aux constantes nationales...

Mon attention est captivée, ces derniers temps, par les articles éloquents de Monsieur M.I.

Ses articles ont eu pour sujet dans leur majorité :

la confrérie des Frères musulmans.

Au passage, je dirai que tous ceux qui se considèrent musulmans, sont frères par les liens de l'islam, religion de fraternité.

La fondation, donc, des frères musulmans n'est ni une secte ni une invention de son concepteur Hassan El Benna (Allah Yarrahmou) mais juste une recommandation de notre religion musulmane remise en surface.

Les connaissances de M.I. restent donc très sommaires sur le sujet en question.

Son erreur, à mon sens, c'est de vouloir juger une époque révolue qui n'est pas la nôtre avec la vision du vingt et unième siècle.

Siècle où toutes les dictatures, dites révolutionnaires, se sont effritées laissant place, non sans luttes et bains de sang, aux jeunes et frêles démocraties que nous vivons de nos jours.

M.I. s'est trompé d'époque et c'est là, qu'il s'est gouré au point de battre de l'aile, pardon de la plume.

Il s'en prend à Hassan El Benna, dont la pensée, n'étaient-ce les préjugés des uns et la malveillance des autres, aurait dû être enseignée dans nos universités en raison de son originalité, sa simplicité et surtout sa tolérance.

C'est lui qui disait, entre autres :

«Tuez les gens, avec votre amour».

En appelant au djihad dans les années vingt et quarante, El Benna n'a fait que son devoir de religieux et de? politicien.

Pour revenir aux «morsures littéraires» de M.I., disons qu'elles n'ont épargné personne, pas même nos morts.

En lisant un de ses articles «Littérature intégriste», j'ai su et appris que M.I., souffrait d'un manque effrayant d'objectivité et de discernement.

Ses articles transpirent la partialité et la haine.

Passer sous silence tant de calomnies et tant de malveillances, ne saurait être pardonné ni par l'histoire, ni par la déontologie du métier de journaliste.

L'hésitation m'a pris beaucoup de temps, avant de songer à clarifier certaines ambiguïtés et réfuter des calomnies visant à souiller la mémoire de nos morts qui nous imposent tout de même un minimum de respect, d'hommage et d'objectivité.

Avec tout le respect que je lui dois, je dirai que M. M.I. s'est bien emballé, conjoncture aidant, et s'est envolé sur son nuage de préjugés et de haine.

Sans son acharnement à calomnier les morts et surtout son manque d'objectivité à leurs égards, M.I. aurait eu droit aux circonstances atténuantes.

Il est vrai, en effet, qu'en ces temps de l'immonde et des atrocités perpétrées çà et là, par ceux qui ont vendu leurs âmes au diable et ceux qui ont tout perdu et dans ce bas monde, et dans l'au-delà, le plus lucide d'entre nous, perdrait, à coup sûr, tous ses repères.

Il n'en demeure pas moins que M.I. s'en est pris à coups de diffamations insoutenables et parfois, malheureusement, en usant de mensonges et de déductions personnelles et tendancieuses à l'encontre du rénovateur du siècle en matière de théologie musulmane, je nomme :

Hassan El Benna.

En lisant les articles de M.I., je doute fort qu'il ait lu «Madjmouaat Rassail»1, incriminées dans ses articles.

S'il avait lu, réellement, les ouvrages de El Banna, M.I. n'aurait jamais osé, déontologie et éthique obligent, occulter certaines choses contenus dans l'ouvrage décrié et se laisser emporter par une passion aveugle et un parti pris vers les rivages du mensonge.

N'oublions pas que nous sommes redevables envers nos lecteurs et envers la profession de la totale d'objectivité.

Nous devons informer avec toute l'impartialité qu'exige la profession de journaliste et d'écrivain et nous départir et oublier le temps de l'article et de l'écrit et œuvrer avec toute l'honnêteté possible à l'éclatement de la vérité, loin de tout sentiment susceptible de l'influer ou de la fausser.

L'auteur de «littérature intégriste», M. M.I., aurait dû par exemple, en ce qui concerne El Benna, rapporter dans son écrit certains de ses propos, par moralité au contrat déontologique qui le lie à la profession de journaliste.

Je cite par exemple, les propos tenus par Hassan El Benna le 8 septembre 1945 lors d'un congrès de la confrérie des frères musulmans qui s'est tenu au Caire quatre mois exactement après le génocide du 8 mai 1945 en Algérie :

«Nous saluons la mémoire de nos frères algériens qui sont tombés au champ d'honneur afin de libérer leur patrie du joug colonialiste français.

Sachez mes frères que l'Algérie est une partie de nous et que la libération de notre chère Egypte ne saurait être complète et savourée sans l'indépendance de notre seconde patrie qu'est... l'Algérie ».

Cette citation, par exemple, n'a pas été rapportée par notre auteur en raison peut-être de sa frénésie à vouloir chercher la faille, coûte que coûte, dans des écrits datant d'une autre époque, les années vingt et quarante, et dont les passages incriminés (incitations au djihad ) étaient conjoncturels et très valables en ces temps de colonialisme et de révolutions libératrices des peuples arabes et musulmans.

Incriminer El Benna pour des écrits qui datent de plusieurs décennies, c'est, tout simplement, incriminer tous ceux qui ont proclamé le djihad libérateur et tous ceux qui ont prononcé le mot «prohibé de nos jours» :

Allah Ou Akbar.

Allah Ou Akbar, ce divin slogan et conviction, qu'aimaient entonner les lions de l'A.L.N. lors de leurs héroïques assauts contre les troupes de Faffa.

Ces citations remises dans leur véritable contexte n'ont rien d'intégriste et auraient du valoir à leur auteur une distinction et des honneurs si ce n'était l'occultation voulue par une certaine élite, pour des raisons très faciles à deviner et à percevoir.

Pour moins que ça, des médailles furent attribuées aux non algériens, que je ne citerai pas ici.

Je n'ai pas pour habitude de blasphémer les morts et disparus et, encore moins, les calomnier, contrairement à une frange de notre intelligentsia qui elle en raffole à satiété.

Les appels au djihad que lui reproche M.I. ont été lancés à juste titre car à cette époque-là tous les territoires arabes et musulmans étaient sous domination étrangère.

En outre, Hassan El Benna n'a fait qu'entériner l'appel des peuples à l'indépendance et au djihad sacré, en ce qui concerne les musulmans.

Les « Katibas d'El Benna « n'ont jamais égorgé d'innocents, ni incendié d'écoles mais ont simplement et, je le dis avec toute fierté, fait boire le calice jusqu'à la lie aux sionistes usurpateurs de la Palestine.

Il était l'un des premiers à s'opposer, farouchement, à la création de l'Etat hébreu sioniste sur les terres saintes de la Palestine en 1948.

El Benna n'a jamais appelé ni incité au djihad entre frères d'une même nation.

L'appel est lancé dans son contexte légal, le recouvrement des souverainetés et l'indépendance des peuples musulmans.

Diffamant et usant du subterfuge à volonté, notre ami M.I. s'est astreint à un mesquin et débile rapprochement par analogie, en se permettant des déductions on ne peut plus simplistes et sommaires.

En essayant, mais en vain, d'insinuer que les groupes terroristes opérant en Egypte et en? Algérie, actuellement, se sont abreuvé à la source d'El Benna et s'y sont inspirés.

Dieu du ciel, que le mensonge est grand et grotesque!

C'est profaner la pensée d'un homme qui s'est toujours opposé à tout mouvement prônant la violence verbale ou physique, que de tenter de faire une telle analogie entre El Benna et les sanguinaires hordes sauvages qui n'obéissent qu'a leur analphabétisme, leur inculture et leur logique meurtrière.

C'est lui, par exemple qui s'est opposé à la Djemâa qui s'est érigée en défenseur de vertus et qui s'attaquait aux tavernes et autres lieux de débauche du Caire.

Il leur disait :

«Mes fils, le mal, s'il se trouve, ne peut être changé par un autre mal mais plutôt par le bien et la bonne parole.

N'incendiez donc pas les tavernes ou les maisons de prostitution car en vous attaquant au péché du vin et du vice charnel vous commettrez, à votre tour, un péché plus grand et plus impardonnable devant Dieu :

A savoir l'agression et peut être la mort de vos frères.

Incendiez plutôt le mal et le vice, si vous en êtes capables, qui a pris racine et place dans les cœurs des gens et ce, en prônant la vraie Dâaoua, celle de la clémence, du pardon et de la Rahma que notre prophète Mohamed (sws) nous a enseigné et, qu'il n'a cessé de prodiguer tout au long de sa Rissala et cela même avec ses plus redoutables et féroces ennemis.»

Occulter puis diffamer de la sorte El Benna et ses compagnons, Monsieur M.I, c'est d'abord manquer de respect aux morts ( El Benna et Hassan El Hodhaibi ) et démontre, d'une façon qui ne laisse aucune place au doute, que vous n'avez jamais réellement lu de « littératures intégristes «, comme vous avez bien essayé de le faire croire, à chacun de vos fréquents écrits et attaques sur Hassan El Benna.

En procédant de la sorte, vous dévoilez votre totale méconnaissance de cet homme que les théologiens musulmans contemporains, y compris ses détracteurs, n'hésitent pas à qualifier du rénovateur du siècle, en matière de théologie musulmane.

En ce qui concerne Said Haoua, Sayad Kotb et autres Mustapha Mechehor et Abbas Sissi, il semble bien qu'une confusion très grave se soit produite dans votre esprit, au point de confondre entre les victimes, qu'ils sont, et leurs? bourreaux.

Sayad Kotb fut décapité par la «guillotine arabe», juste pour avoir émis des opinions contraires aux idées irréversibles et préconçues qui n'admettaient aucune critique ni contestation à l'époque!

Pour Mustapha Machehor, son cas est très simple.

Le pauvre n'a jamais eu le temps de songer, ni à nuire ni à quoi que ce soit, en raison des vingt-trois années de détention dont il a écopé, lui aussi, pour son opposition au dictât du Zaaim du panarabisme.

Sachez aussi, que les prémices de la liberté et de la démocratie, dont vous jouissez aujourd'hui et que vous déniez à vos antagonistes politiques, ont jailli des cellules où Hassan El Hodhaybi et ses frères, étaient détenus et torturés non pas pour délits commis ou génocides perpétrés mais, simplement, pour opposition à l'opinion unique qui a donné naissance, par la suite, aux partis uniques, qui ont marqué de leur sceau bien des générations.

C'est de leurs cellules également que sont sortis les appels à la sagesse, à la clémence et au pardon, qui n'ont épargné personne, pas même leurs propres tortionnaires.

Le Takfir que nous rejetons, au passage, avec force et que nous ne justifions en aucune façon, a vu le jour, pour ceux qui l'ignorent, dans les? geôles d'Oum Eddounia!

C'est au plus fort de la répression et des tortures (sport et exercice favoris des systèmes arabes et musulmans ), auxquelles s'adonnaient, en ces temps-là, nos dirigeants, que de très jeunes adolescents, aveuglés par les sévices endurés dans leurs cellules, ont lancé et proclamé, pour la première fois de l'histoire, la naissance du tristement célèbre mouvement de la « Hidjra Oua Takfir».

El Benna et ses frères, tout en étant eux-mêmes torturés, se sont vite, dès l'apparition de ce phénomène étranger à la splendeur de l'islam, démarqué et immédiatement condamné ce naissant et dangereux virus.

Ils ont aussitôt proclamé haut et fort leur reniement à tous ceux qui emprunteraient cette voie.

En dépit des circonstances terribles qui ont poussé ces gamins à agir de la sorte, il reste que le mal ne guérit pas le mal et que l'obscurité n'est vaincue et transpercée que par les rayonnantes et lumineuses flèches de la lumière.

Le Takfir demeurera et restera un cataclysme étranger à la noblesse de l'islam, à son pardon et à sa tolérance.

C'est de là qu'est venue la célèbre parole des frères musulmans :

«Nous sommes prêcheurs et non juges».

«Nahnou douât oua lasna kodhat» et ce, en réaction aux partisans du Takfir.

Citation qui a valu, d'ailleurs, bien des désagréments aux disciples d'El Benna de la part du mouvement d'El Hidjra Oua Attakfir et tous les mouvements similaires dans le monde.

C'est aussi El Benna et ses disciples qui étaient à l'avant-garde et qui ont instauré les barrières et les garde-fous contre le Takfir ou l'apostasie des musulmans.

Pour témoignage, leurs innombrables citations qui versent dans ce sens :

«Nul n'a le droit de taxer d'apostat un musulman ayant prononcé la Chahada».

C'est Hassan El Benna qui, au plus fort de l'archaïsme divergeant et de la désunion en raison de la différence de pensée, qui lançait une «nouveauté» en ces temps d'ignorance :

«Les choses unificatrices sont plus nombreuses que celles qui nous désunissent.

Mettons-nous d'accord sur les principes qui nous rassemblent et pardonnons-nous mutuellement nos divergences».

C'est encore lui aussi qui disait à ses fidèles et disciples :

«Soyez comme ce blé qui donne la vie à ceux qui lui donnent la mort en le fauchant»

Ne découvrez-vous pas, à travers toutes ces citations de Hassan El Benna et, en toute sincérité et loin des passions aveugles et parti pris, un génie et un virtuose de la pensée contemporaine ?

Je dirai, en toute objectivité, que c'est grâce à ses préceptes islamiques et à ceux de ses partisans, que le monde musulman n'ait pas basculé dans son intégralité, dans la violence et les thèses du Takfir.

La Dâaoua prônée par Hasen El Benna et ses disciples n'a rien d'effrayante.

Au contraire, c'est une Dâaoua qui mérite d'être propagée et vulgarisée en raison de sa tolérance et de sa simplicité.

A tous ceux qui aimeraient en savoir un peu plus sur El Benna et sa confrérie, de lire ses rares mais oh ! combien précieux ouvrages.

El Benna, était beaucoup plus éducateur que théoricien.

C'était aussi un homme très réaliste.

Quant aux gratuites déductions faites par M.I., concernant les écrits d'El Benna, dont se sont inspirées selon lui les hordes sauvages, le moins que l'on puisse dire, c'est que vraiment M.I. n'a rien? lu ou n'a rien? compris du tout !

C'est en raison peut-être de son aveuglement et de sa haine dévastatrice qu'il a perdu toute sa rationalité et tout son bon sens.

C'est faire preuve d'un manque flagrant de bonne foi et de discernement, de la part d'un journaliste, présumé démocrate, que d'oser profaner, ainsi, la pensée d'un homme qui aurait dû prétendre à beaucoup plus de distinctions et d'estimes.

Sans les mensonges et les calomnies dont ont usé nos plumitifs et certains décideurs pour le salir et le souiller, Hassan El Benna aurait mérité plus de considération et de reconnaissance pour sa noble pensée et ses sublimes principes.

C'était aussi l'un des premiers islamistes à siéger dans un parlement et à sceller le premier regroupement politique et le premier consensus politique !

L'homme a été assassiné par des «Inconnus» le 12/02/1949, en plein centre de Oum-Eddounia.

Le meilleur signe et la moindre des reconnaissances envers cet homme serait de le réhabiliter, lui et ses compagnons, des accusations, non fondées, que les? Camarades, surtout, lui ont collé injustement durant le règne du socialisme dont on disait, partout, «La rajaata fihi?» !!

Pour ceux d'entre nous qui ont échappé à l'amnésie générale, n'a-t-on pas, à propos, réhabilité ceux que l'on destinait, hier encore, aux requins des océans ?

Nous, en Algérie, bien plus que d'autres, nous avons trop souffert des tortures des décennies noires, comme leurs pratiques, pour oublier si vite les scénarios ridicules d'antan.

Pour rappel, c'est durant le règne en solo du parti unique que furent exécutés les Khider et Krim Belkacem sans oublier les Chaabani et bien d'autres encore, Allah Yarhamhoum Djamiaane.

Ceci reste valable, partout où la Pieuvre rouge avait déployé ses tentacules.

Les politiciens d'opposition, encore en vie, dans le monde arabe et musulman et bien entendu chez nous aussi, en savent bien des choses à ce sujet pour avoir goûté aux pratiques de l'injustice et aux accusations arbitraires, toutes prêtes, tels les légendaires qualificatifs, difficiles à oublier :

«Contre-révolutionnaires, réactionnaires et ennemis du? peuple».

De grâce, ne rééditer pas les injustices et ne collez pas les accusations, dont vous avez souffert, à vos compatriotes d'autres tendances et ne les assassinez pas une seconde fois, en blasphémant leurs pensées et leurs mémoires.

Ne reniez, donc, pas les plus élémentaires règles de la démocratie qui sacralise le respect d'autrui et son droit absolu à penser librement et différemment.

La culture d'exclusion que nous développons et nourrissons n'est pas pour nous honorer et encore moins mettre en exergue les vertus démocratiques que nous scandons à tue-tête.

En agissant comme nous le faisons, nous prouvons sans cesse notre incapacité à nous départir de notre chauvinisme, qui nous empêche d'accepter d'autres idées et d'autres analyses. Ce qui explique en partie, M.I, la médiocrité des thèses développées tout au long de vos fables, pardon de vos écrits, et l'usage abusif de diaboliques subterfuges et stratagèmes, au lieu et place de la rationalité et de l'objectivité.

Nous serons, Dieu nous préserve, les véritables fossoyeurs de notre démocratie si nous persistons dans la culture de l'exclusion indigne d'une élite, dite démocrate, qui prône des slogans mais qui en réalité ne s'est pas encore, totalement, départie de la pensée unique.

Pour conclure, je tiens à saluer le staff de «La Nouvelle République» qui mène une véritable odyssée, en ces moments, pour combattre la censure et le monologue expressif instauré par de pseudos démocrates qui n'aiment entendre que leur propre son de cloche !

Nous souhaitons, enfin, que le bon sens, la déontologie, l'éthique littéraire et culturelle puissent l'emporter sur notre égoïsme personnel et notre esprit partisan, afin de nous éviter les divers dépassements et dérapages, dont nous nous passerons bien volontiers, en ces temps de marasme multidimensionnel.

1-Ouvrage édité par Eddar Echihab n° de dépôt 397