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Twitter, dix ans et des interrogations

par Akram Belkaïd

A chaque événement majeur, de nombreuses personnes se ruent sur les télévisions d’information continue. D’autres préfèrent aller vers les réseaux sociaux et plus particulièrement le réseau Twitter qui vient de fêter ses dix ans. Cette micro-messagerie – chaque « tweet » fait maximum 140 signes – s’est peu à peu imposée comme le fil de référence pour le partage des informations, la diffusion d’articles et des commentaires qui leurs sont liés. Pour autant, on ne peut encore considérer Twitter comme une réussite, du moins sur le plan économique et cela pour au moins deux raisons.

Quel scénario pour l’avenir

En premier lieu, cette compagnie n’a toujours pas dégagé des bénéfices, son chiffre d’affaires étant insuffisant pour compenser ses dépenses et ses investissements. Certes, les recettes publicitaires augmentent mais les pertes se succèdent de trimestre en trimestre. Ainsi, le fait de compter 320 millions d’utilisateurs actifs ne garantit pas les revenus nécessaires puisque ce réseau est gratuit. En second lieu, Twitter a du mal à gagner de nouveaux utilisateurs. A titre de comparaison, Facebook compte plus d’un milliard et demi d’usagers réguliers. C’est ce qui permet à ce réseau social d’engranger des bénéfices alors que « l’oiseau bleu » reste à l’étiage. De fait, c’est auprès des adolescents et des plus âgés que Twitter a du mal à « recruter ». C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à introduire de la photo et de la vidéo mais sans arriver à inverser la tendance.

Sur le plan boursier, le titre Twitter est désormais pénalisé puisqu’il a perdu 80% de sa valeur depuis son introduction en 2013. Du coup, la société ne vaut plus « que » 11 milliards de dollars contre près de 34 milliards de dollars début 2014. Dès lors, on peut se demander si la viabilité de cette entreprise est assurée. Aujourd’hui, trois hypothèses sont avancées. La première, est celle du redressement avec une hausse des revenus. En l’état, on se demande ce qui pourrait amener une telle évolution sachant que les utilisateurs jeunes sont plus intéressés par d’autres réseaux instantanés voire de messagerie éphémère (les messages s’effacent au bout de quelques heures).

Vers un rachat ?

La deuxième hypothèse est celle de la faillite et de la cessation d’activité. Une éventualité qui inquiète les « twittos » les plus fervents, parmi lesquels Donald Trump, le candidat à l’investiture républicaine. Ainsi cette faillite possible ferait de Twitter la première grande victime de l’ère 2.0. Reste que cette perspective est peu probable. L’usage de twitter s’est en effet généralisé, y compris au sein des institutions qu’elles soient nationales ou internationales. On a donc du mal à imaginer la disparition de cette entreprise. Du coup, et c’est la troisième possibilité, on évoque de plus en plus la piste d’un rachat par un grand opérateur. Certains experts avancent l’idée d’un rachat par Facebook mais cela reste peu probable ne serait-ce qu’en raison des réglementations anti-monopolistiques. L’idée serait donc de voir Twitter absorbé par un grand groupe de médias mais, là aussi, les candidats au rachat ne sont pas nombreux. En tout état de cause, Twitter ne pourra pas continuer longtemps à fonctionner avec un tel niveau de perte.