L'euro pique du nez, au marché
parallèle des devises, descendant jusqu'à 178 dinars, contre 1 euro, et plus
bas, encore dans certaines villes, à l'est du pays (175 dinars à Sétif), selon
des échos recueillis, hier, sur le marché du change informel.
«Invraisemblable», «inattendu», les réactions des cambistes sont partagées,
entre la surprise et l'inquiétude, face à un marché très volatile,
imprévisible, car ne se prêtant à aucune «logique» financière. La seule logique
est celle de l'offre et la demande, et même là, on ne sait pas si le marché, en
question, est régi par cette règle économique naturelle ou s'il est sous le
contrôle des barons de devises qui décident d'arranger la flèche de la balance
en inondant ou asséchant ce marché, selon leurs propres intérêts. Mais, il
semble que nombreux, parmi ces gros bonnets du change parallèle, ont perdu des
plumes, ces derniers jours, à la suite la chute de l'euro. « Ceux qui se sont
hâtés, ces dernières semaines d'acheter des sommes très importantes en euros,
croyant que la monnaie européenne est bien installée, sur une courbe
ascendante, lors des dernières envolées qui lui ont fait frôler les 200 dinars,
pour 1 euro, enregistrent des pertes énormes », nous ont appris des cambistes.
Résultat des courses, l'euro est disponible à flots. « Demandez ce que vous
voulez à 177 dinars l'euro », nous lance un cambiste. A l'origine de cette
perte de vitesse, donc, il y a d'une part ces sommes importantes qu'on a
stockées, lors de la flambée de l'euro, dans l'esprit de le voir grimper,
encore plus haut, et réaliser des dividendes conséquentes, et qu'on a vite fait
de remettre sur le marché parallèle avec la baisse qui semble irrésistible,
provoquant du coup, une offre plus importante que la demande.
Aussi, on relève que les
importateurs ne cherchent plus à échanger des dinars contre des euros,
notamment en raison des prix de vente, relativement élevés, des produits
rapportés des marchés extérieurs et qui se reflète par des méventes
considérables. « Les importateurs ne veulent pas risquer de rappoter
des produits qu'ils ne pourront pas écouler sur le marché local, à cause de
leurs prix de vente, conséquemment très forts, alors ils s'abstiennent de
chercher des devises sur le marché parallèle, conduisant ces derniers, à la
déprime », estiment des cambistes. D'autres soutiennent que les contrôles
sévères sur le marché financier, mis en place par les autorités, ont poussé le
milieu des affairistes à la défensive. «Personne n'ose trop montrer la tête par
ces temps», concèdent des cambistes qui, eux-mêmes, privilégient la discrétion
dans leurs transactions. En tout cas, l'euro qui gade une santé relative sur le
marché officiel, avec un taux de change qui tourne autour des 122 dinars pour 1
euro, devrait emprunter cette courbe descendante, dans les prochaines semaines.
« Il n'y a que la demande, générée par les futurs hadjis et les candidats à la Omra qui pourrait lui éviter la dégringolade », estiment,
certains cambistes. Enfin, il faut le souligner, tout le monde annonce ces bureaux
de change officiel des devises (ou ?cambo') qui
arrivent pour remplacer les services proposés par les cambistes, dans les rues,
dans les magasins et même dans les domiciles sur tout le territoire algérien.