Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La mondialisation économique face à l'internationalisation financière

par Benallal Mohamed

«Qui contrôle la nourriture contrôle les populations, qui contrôle l'énergie contrôle les nations et celui qui contrôle la monnaie contrôle le monde », Kissinger.

Le duel contextuel des deux blocs Est-Ouest du système capitalisme et celui du système socialiste a été préconisé dans des laboratoires d'idées ou think-tank américains, des théories et des approches pour instaurer le système libéral sur toute la planète au détriment du système socialiste. Il a été remporté pratiquement (conflits, guerre, révolution de couleurs, coups d'Etat?) à la faveur de l'économie libérale. Les idées revendicatrices, la démocratie, les droits de l'homme, la liberté?ont été utilisées pour que le libéralisme et son ultra priment sous les auspices idéologiques du sionisme père et de ses fils « sionisme chrétiens » ( Occident) et « sionisme islamique » ( Orient).

Aujourd'hui, les nouveaux principes allant jusqu'à l'ultralibéralisme ou la mondialisation de l'économie a préparé le terrain pour la financiarisation afin d'écarter les Etats de la sphère financière et économique. Depuis lors et sans aucune relâche nous sommes nourris à la remontrance des nouveaux « experts » de mass-médias qui puisent leur venin dans la source en $ alimentée par les oligarchies.

Ces nouveaux donneurs de leçons sur lesquels rien n'a été omis à propos d'analyses futiles et les manigances trompeuses. La doxa de la nouvelle oligarchie impose des faits accomplis et des théories par de nouveaux discours égocentriques pour mieux maîtriser la planète via l'économie -les finances- le commerce et les médias.

Selon des analyses portant sur les crises qui collent le système capitaliste selon la théorie marxiste il y a :

1- la mondialisation de l'économie qui est un phénomène nouveau suite à la révolution du TIC (technologie, information, communication) et la primauté du système libéral.

2. le dessaisissement de l'État en matière économique et financière

3. la financiarisation de l'économie qui ne permet plus l'accumulation du capital.

 Cette modeste contribution permet de donner une des perspectives d'analyses efficientes et claires.

1. La mondialisation de l'économie :

Deux blocs protagonistes, la guerre froide, deux systèmes, l'un libéral l'autre socialiste. Les deux poids ont été balayés du contexte d'aujourd'hui pour laisser place à un nouveau système « ultralibéralisme », ce dernier a écarté le système libéral des années 80 où la circulation des capitaux a échappé des mains des Etats. Ceci a en partie engendré un nouveau phénomène appelé la « globalisation économique » soumise aux règles du capitalisme mondial où les multinationales (oligarchies) sont devenues les maîtres incontestés de ce nouveau monde. Durant le siècle passé la révolution libérale a émergé puis elle vient de disparaître pour laisser place aux « ultralibéralismes », un nouveau tube dont le refrain est la modernisation de la « globalisation économique » qui n'est en fait que le capitalisme à échelle planétaire qui permettra facilement de basculer vers l'internationalisation économique. Cet état de fait économique nous fait reconsidérer l'ensemble des guides économiques que nous avons appris quand nous étions sur les bancs des universités. Dans la mesure où les théories économiques du passé ont été ébranlées par de nouveaux faits accomplis faisant apparaître un nouveau contexte géographique, politique, financier et structurel.

Le monde d'aujourd'hui n'est plus le même que celui de l'école des siècles ( 18ème et 19ème) tel Adam Smith, David Ricardo, J.B. Say et du keynésianisme du 20ème siècle.

Les théories de l'information, de la cybernétique, des approches systémiques ou des systèmes sont récentes et révolutionnaires à la fois. La «globalisation» c'est le monde vu dans sa totalité qui fait penser au concept du «holisme» non pas de la pensée unique mais un nouveau «mode de pensée » qui envisage un système comme un tout. L'exemple de la construction de l'Europe nous indique cette nouvelle conception de bloc unique que le Maghreb n'a pas su appréhender faute de politiciens non éclairés ou plutôt autistes ( maaza oua laou tarat !!).

2. La création monétaire :

Par ailleurs, et c'est peut-être là le fond du problème, l'émission de la monnaie est un attribut réservé en principe au pouvoir régalien car sans le contrôle de la création monétaire, point de souveraineté car, celui qui contrôle la monnaie, contrôle les hommes. Kissinger disait aussi « Qui contrôle la nourriture contrôle les populations, qui contrôle l'énergie contrôle les nations et celui qui contrôle la monnaie contrôle le monde ».

Actuellement, cet apanage est essentiellement dévolu aux oligarchies via les banques privées. Le conseil de stabilité financière*1, qui avait une importance systémique, c'est-à-dire dont la faillite coulerait l'économie mondiale. Ce sont les fameuses banques « to big to fail»( trop gros pour faire faillite), dont la santé est au passage bien préoccupante. De fait, ces grandes banques sont en situation d'oligopole devenu maître incontesté du monde de la finance. Regardons bien cet état de fait.       Ce n'est pas récent. La Banque de France (créée par Napoléon le 6/02/1800) regroupe divers intérêts privés et publics. Par ailleurs, il est édifiant d'apprendre que chaque gouvernement de la République devait par principe présenter son budget au premier chef de la Banque de France pour obtenir son aval et bénéficieer de ses fameuses largesses en avances afin de constituer le budget de l'État. En substratum, les gouvernements sont soumis au pouvoir de l'argent et donc ne peuvent légiférer qu'avec la bénédiction des régents de cette institution reine. La banque fut nationalisée en partie sous l'effet de son intégration à l'Europe (1998).

La financiarisation de l'économie

La financiarisation et ses produits dérivés (capitalisation-spéculation boursière?) seraient en train de tuer le bon vieux capitalisme de l'accumulation du capital via la plus-value. L'histoire économique nous montre l'effet contraire, c'est-à-dire devant la baisse des revenus des grandes entreprises capitalistes, ils ont toujours essayé de concentrer leur capital (fusion, rachats, trust?. création de groupes industriels et bancaires de plus en plus grands). Par conséquent, la baisse tendancielle du taux de profit et la réalité de la loi de la valeur ne leur permettent plus de continuer à accroître leurs profits que soit par la guerre (comme en 1914) ou bien par la financiarisation (comme la crise de 1973).

La financiarisation est un profit parasitaire qui se fait sur le dos l'économie réelle.         Les oligarchies (des grands groupes oligopolistiques) sont des industriels, mais aussi membres d'institutions financières : ils gagnent moins en vendant des biens et services, mais beaucoup par le jeu de la capitalisation (financiarisation).

Le libre-échange

Il est certain et même vrai que le Capital s'est mondialisé par la globalisation économique et cela dans le seul et unique but d'unifier ses intérêts propres et accroître et faire perdurer ses profits, la concurrence permanente étant bien sûr la solution sinon la guerre en ultime recours pour l'élimination des contraintes. Finance mondialisée, oligarchie financière etc. sont en fait le nouveau synode de la planète bien et mieux organisé.

Les États et le Capital

Les ultralibéralismes recommandent aux Etats de s'écarter du domaine économique, l'intervention de l'Etat est un acte nuisible pour l'économie, le marché est une affaire de marchands (contrôle des mouvements de capitaux, séparation des diverses activités bancaires, droit du travail, etc.).

Le Capital est par principe lié par de différentes structures institutionnelles à l'Etat et ne peut pour autant se passer de l'État : il est l'outil de contrôle des masses par la loi. Le Capital ne circule en effet à sa guise que grâce aux structures légales qui l'autorisent sinon la voie anarchique s'instaure pour que chacun fasse ce que bon - ou mal- lui semble.

Enfin, les États sont les seuls détenteurs des richesses réelles : la force de travail de ses habitants et les ressources de la terre (agriculture, eau et matières premières).

Le Capital pourrait faire et défaire les États à sa façon et pour son plus grand profit seulement. Mayer Amshel Rothschild avait bien dit : « Donnez-moi le contrôle sur la monnaie d'une nation et je n'aurai pas à me soucier de ceux qui font ses lois ». Certes, la donne est exacte, semblable aux axiomes mathématiques, mais la relation entre l'économie et la loi est tout autre car la politique reste, aujourd'hui comme hier, maîtresse de l'économie dont les oligarques tiennent fort le gouvernail.

Si loi et la force se conjuguent à l'unisson, le contrôle de la monnaie perd de sa vitalité. Par conséquent, la finance mondialisée n'a mis un terme ni à la politique ni aux conflits géopolitiques et géostratégiques. Autant dire que la Terre tourne toujours!!

*1 Le Conseil de stabilité financière (en anglais, Financial Stability Board ou FSB), est un groupement économique international créé lors de la réunion du G20 à Londres en avril 2009.