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24 février 1971 : l'Algérie a raté la souveraineté sur son pétrole

par Reghis Rabah*

Suite et fin

4- L'ascension du prix du baril est certaine, mais pas au niveau escompté

S'appuyer sur la théorie de la rareté progressive des hydrocarbures sous prétexte du pic oïl d'Hubert est une assurance légère qui s'écarte des réalités du terrain. Les prix du baril et, partant, celui du gaz qui lui est indexé sont réellement en chute libre depuis juin 2015. Le basket (panier) de l'OPEP est descendu jusqu'à à 22 $ le baril, soit le plus bas prix depuis la crise économique mondiale de 2008. Celui du Brent l'a été jusqu'à 28 $ le baril. Les causes en sont multiples mais principalement liées à la contraction de la demande à cause du ralentissement de la croissance dans les principaux pays consommateurs : les Etats-Unis, l'Europe, le Japon, les pays du Brics, à part l'Inde, et surtout la Chine qui est passée d'une croissance à deux chiffres pour se fixer à peine à 3%. Il existe certainement des causes géopolitiques comme l'offensive de l'Arabie Saoudite pour inonder le marché pétrolier afin de mettre à genoux à la fois l'Iran, la Russie et surtout recouvrir les parts de marché pour mettre en faillite les compagnies américaines qui exploitent le gaz et le pétrole de schiste. Rappelons qu'en deçà de 65 $ le baril, l'exploitation des ressources non conventionnelles n'est plus rentable pour eux. Il faut souligner tout de même que c'est la première fois dans l'histoire de l'évolution des prix du pétrole, un événement géopolitique de grande taille n'a pas eu d'influence notable sur les prix du brut. L'Iran et l'Arabie Saoudite sont presque arrivés aux mains sans que cet événement ait une conséquence quelconque sur le marché pétrolier. L'Algérie et le Venezuela qui sont fortement affectés par cette chute drastique pensent qu'une contraction de l'offre par l'OPEP redresserait les prix. Il se trouve que le brut a perdu près de 70% de sa valeur, il faut donc une réduction du quota de l'OPEP qui dépasserait le million de barils pour redresser les prix d'à peine 20%, alors qui mettra la main dans la poche pour ramener le quota à ce niveau et comment trouver les critères pour répartir ce sacrifice ? et qui est disposé à le faire ? Il faut dire aussi que l'approche de l'OPEP, et à leur tête l'Arabie Saoudite, est dépassée. Ce pays est convaincu qu'il s'agit là d'un cycle baissier qui se redressera dans la boucle haussière comme d'habitude. Il suffit seulement de ne pas paniquer car selon elle les prix augmenteront. Un déficit de près de 90 milliards de dollars n'a pas réussi à la dévier de cette vision de toute évidence obsolète, pourquoi ? D'abord parce que le monde évolue vers un nouveau modèle économique qui ne se base plus sur une évolution cyclique de l'économie. Maintenant, la croissance économique est tirée par des bulles. Internet, puis l'immobilier et maintenant les crédits à la consommation de tous les produits. On vient de sortir d'une crise de 2008 mais un spectre d'une nouvelle turbulence plane sur toutes les places boursières y compris la Chine. En effet, le Fonds monétaire international vient, le 30 novembre 2015, d'inclure le yuan chinois aux autres monnaies d'échange : le dollar, l'euro, la livre sterling et le yen japonais. Maintenant, la Chine qui a toujours légitimé son écart des crises par sa fragilité n'échappera pas, cette fois-ci, en cas de crash boursier international. D'ailleurs, tous les Chinois ont appris à «boursicoter» comme le font les Occidentaux. Sous prétexte de ne pas éclater l'OPEP, l'Algérie a pris l'initiative de se rapprocher de l'Arabie Saoudite pour mener des négociations secrètes, notamment en Allemagne, pour rallier à leur cause les gros producteurs non OPEP comme la Russie, le Mexique et d'autres pays. Ces deux membres de l'organisation proposeraient une diminution de l'offre de l'ordre de 5% pour espérer la réduire entre 2 à 3 millions de barils. La Russie par la voie de son ministre de l'Energie étudie cette proposition avec grand intérêt et les marchés n'ont pas tardé à réagir, mais dans des proportions négligeables. Pour des raisons mystérieuses, l'Algérie se trouve écartée de l'initiative pour que l'Arabie Saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela décident de geler leur production au niveau de janvier 2016. C'est une solution qui n'a pas eu d'effet notable sur les prix qui sont restés à un niveau relativement bas. D'ici juin, si la situation ne changera pas, l'éclatement de l'organisation pétrolière sera inéluctable. L'Algérie vient de donner le coup d'envoi.

5- Face à un tel spectre en perspective, l'Algérie devra revoir ses ambitions

Sans rentrer dans les détails et en se limitant uniquement aux documents officiels fournis par le gouvernement en place, on peut déduire que pratiquement tous les secteurs de l'économie nationale sont demandeurs en perspective de capitaux sans aucun espoir de retour sur investissement ni sur le court ni sur le moyen et encore moins sur le long terme. Le secteur du bâtiment veut arriver à un million de logements, celui de l'éducation, au sens large du terme, doit faire face aux 900.000 Algériens qui viennent chaque année, le secteur industriel engloutit chaque année des sommes considérables sans pouvoir se relever de sa chute, le tourisme s'effrite, plus de 200.000 demandes d'emploi de diplômés s'ajoutent à la liste des chômeurs, le secteur privé fait pression pour avoir accès à la manne financière alors que l'ONS dans son évaluation relève que sur 957.718 entités recensées, près de 90% sont versées soit dans le commerce, soit dans les services d'utilité discutables, etc. Donc en résumé, on constate que même dans des perspectives à long terme, le poids est mis sur les hydrocarbures pour mettre à la disposition du secteur des fonds nécessaires pour les besoins divers et s'autofinancer pour augmenter les réserves en hydrocarbures, voire même d'autres sources d'énergie. Seules les orientations du ministère de l'Energie semblent «si elles se réalisent» porteuses de fruits. Il s'agit d'abord d'introduire d'autres formes de production d'électricité que celle produite par le gaz. Pour rappel, 96% de l'électricité est produite à partir du gaz en Algérie. Sur le moyen terme, poursuivre les efforts d'efficacité énergétique pour limiter le gaspillage et arriver à une certaine vérité des prix pour une certaine catégorie de consommateurs. Ensuite, intensifier les efforts d'investissement pour valoriser les réserves des ressources fossiles, s'attaquer en troisième phase aux énergies renouvelables enfin et aux alentours de 2025, construire carrément une centrale nucléaire. Malheureusement, tous ces programmes demandent du temps pour se réaliser alors que tout le monde en perd dans la pédale à vide. Les prix du brut sur le marché s'écartent beaucoup des prévisions budgétaires, donc l'action de l'article 71 de la loi de finances pour 2016 ne devra pas tarder. Le prix retenu pour l'élaboration du budget étant de 37 dollars, donc près de 6 dollars de moins que le Brent et 14 dollars du prix réel retenu, soit 45 dollars. En résumé, de nombreux projets ne verront pas le jour en 2016.

6- La réponse de l'exécutif à cette crise se fait par gestion improvisée

Il faut préciser d'emblée que la fragilité à laquelle se trouve l'économie nationale actuellement est le résultat d'une accumulation d'erreurs depuis la réorientation du modèle de développement en question. Il est facile de l'imputer au dernier gouvernement en poste mais cela ne règle pas pour autant l'équation algérienne. Tous les gouvernements qui se sont succédé agissent dans l'urgence, ne font pas de bilans de leurs actions et donc ne peuvent tirer des leçons pour leur réajustement. Ils s'entêtent au début mais finissent par abandonner pour attendre une autre occasion et ainsi de suite. Cette gestion par itérations successives affaiblit le rouage économique et le rend de plus en plus vulnérable comme c'est le cas aujourd'hui.

6-1- La réponse à la baisse de la production des hydrocarbures

La baisse de la production des vieux gisements qui produisent depuis la fin des années 50 et tout au début des années 60, comme Hassi Messaoud et Hassi R'mel, rentre dans le cadre normal de leur plan de développement. Il s'agit des gisements matures qui peuvent entamer leur phase de déclin à tout moment s'ils ne sont pas bien entretenus. Il se trouve que cet entretien se programme et ne s'improvise pas. Cela se passe par une exploitation suivant un profil de production déterminé à l'avance, ne pas surexploiter le gisement, procéder au work over des puits producteurs. Ensuite, en fonction de la courbe de ce profil tracé à l'avance, on peut passer progressivement à la récupération secondaire puis tertiaire pour améliorer le taux de récupération. Sonatrach qui agit pour le compte de l'Etat a toujours agi dans l'urgence et semble ne rien prévoir. Fortement poussé par l'élan d'une augmentation des prix du marché depuis le début des années 2000, elle a surexploité les principaux gisements du pays. Elle s'est rendue compte de la baisse de pression de Hassi R'mel par exemple que lorsque les modules ne pouvaient plus supporter la baisse de la pression de cet immense gisement pour pouvoir procéder à son traitement préliminaire et son envoi à travers le gazoduc vers le terminal de Skikda. Il fallait donc dans l'urgence le «booster» par des compresseurs, ce qui exige non seulement tout un programme mais aussi des charges qui gonfleront son coût de production. Au lieu de continuer sur cette voie pour sauver le plus grand champ gazier d'Afrique, elle attrape la perche tendue par les Américains pour aller vers le gaz de schiste.

En effet, janvier 2011 : l'US Energy Information Administration édite une carte plaçant l'Algérie en 3e place des réserves mondiales en ressources non conventionnelles. Trois mois après, depuis Houston Cambridge Energy Research association : Youcef Youcefi, alors ministre de l'Energie, révèle en marge de cette conférence que l'Algérie recèle d'énormes potentialités en gaz de schiste et compte les exploiter. Le lendemain, New York Times en fait une manchette sous le titre «sensational news». Septembre 2011 : le PDG de Sonatrach, M. Cherouati, confirme à Oran le premier forage au sud-est de l'Algérie avec la signature de plusieurs protocoles d'accord. Début février 2012 : L'Entreprise italienne ENI met en ligne un protocole d'accord qui souligne carrément l'exploitation et le développement du gaz de schiste avec Sonatrach. 27 février 2012 lors de la conférence de l'Association de l'industrie du gaz algérienne, Youcef Youcefi précise qu'il s'agit uniquement d'une évaluation des potentialités de l'Algérie en ressources non conventionnelles. 07 juin 2012 depuis la capitale malaisienne, Zerguine, alors PDG de Sonatrach, annonce des résultats de recherches effectuées sur un tronçon de 180.000 km², et qui avait révélé un potentiel de 600 milliards de m³ par km², ce qui signifie selon ses propres déclarations plus de 2.000 milliards de m³ peuvent être tirés de cette parcelle seulement.

Au lieu donc de revenir à l'essentiel, il s'est instauré par cet entêtement un débat de sourds entre, d'une part, les experts et, d'autre part, la société civile pour faire pression sur les pouvoirs publics d'abandonner cette idée ou du moins la décaler par un moratoire car elle n'était ni techniquement ni économiquement rentable pour le moment. Finalement, le 20 janvier 2015, dans un Conseil des ministres restreint, le président de la République décide de geler les travaux de forage en cours pour lesquels il a donné son accord auparavant. Une année après, jour pour jour, d'ailleurs, Sonatrach confirme l'abandon de ce projet si l'on croit le câble du quotidien «El Khabar». Pourquoi une année après ? Certainement pour ne pas perdre la face, Sonatrach a profité de la chute drastique du Sahara Blend qui est au plus bas de son niveau pour l'utiliser comme un prétexte de non-rentabilité. Mais si c'est réellement le cas, quelle est la relation entre les prix du marché et un projet qui vise l'évaluation des potentialités tout simplement ? La surenchère des responsables qui veulent passer tout de suite à l'exploitation aurait pu économiser aux Algériens un débat inutile, voire stérile, qui a laissé passer l'essentiel et le plus prioritaire : Sonatrach est en déconfiture sur son marché de gaz conventionnel traditionnel européen et elle ne fait rien pour en garder ses parts.

6-2 La réponse à la baisse des recettes pétrolières

Le crédit à la consommation qui est un simple artifice d'achat de biens tangibles par la population a fait l'objet cette année d'une offensive médiatique jusqu'à être discuté et suivi de consignes du président de la République lui-même le 27 décembre lors de la signature de la loi de finances pour 2016. Tout porte à croire et le discours politique le confirme, l'exécutif veut l'utiliser pour donner un coup de pousse à la production nationale puisqu'il le destine pour cela et, partant, redynamiser le secteur industriel pour créer plus d'emplois et de richesses et contribuer ainsi aux caisses de l'Etat afin de parer aux insuffisances des recettes. Il faut préciser par ailleurs que dans le projet, il n'existe aucune donnée chiffrée sur ce qu'on attend de ce processus. L'approche a priori paraît logique et politiquement correcte, seulement elle ne dit pas dans son exposé de motif pourquoi cet artifice a été abandonné en 2009 et de quelle production nationale s'agit-il ? L'arrêté tri-ministériel qui définit les procédures et les produits éligibles au crédit à la consommation parle d'un revenu stable et de produits montés ou assemblés dans les usines algériennes.

Or, un revenu stable est une aubaine pour réorienter les banques et notamment les étrangères d'entre elles vers ce genre de crédit qui présente moins de risque au détriment de celui à l'investissement plus risqué mais utile pour la diversification de l'économie nationale. Ceux qui pensent que socialement, cet artifice contribuera à aider les ménages pour les apaiser se leurrent. L'endettement est une source de conflit social. Une dette bancaire vient en moins du salaire total du ménage qui cherchera à le combler par une augmentation à demander à l'entreprise. Quand celle-ci ne pourra pas, on rentrera dans le cycle des perturbations ostentatoires. D'un autre côté, les produits montés ou assemblés en semi ou complètement dits CKD/SKD ne sont pas fortement intégrés. L'unité de montage de la «Symbol» avec le partenaire Renault commence avec un taux d'intégration de 15%, l'électronique et l'électroménager pourraient l'être beaucoup moins à cause des composants numériques non encore fabriqués en Algérie. Au total, ce procédé restera plus utile aux usines étrangères que celles nationales. Nous verrons que d'ici 2017, on regrettera de l'avoir remis sur le marché. Il fallait laisser le citoyen vivre en fonction de ses moyens. Si les pouvoirs publics veulent réellement aider les bas revenus, qu'ils les aident par une aide qui compense les augmentations des produits en cours.

6-3- Réponse à la relance des investissements et le redéploiement du secteur public

On ne gère pas la société par décret, disait Michel Croisier. La recette à la relance des investissements est restée confinée dans des changements chroniques de la réglementation : code des investissements, la gestion du foncier, etc. Le problème ne se situe pas dans les règles qui régissent les relations entre les investisseurs et les organismes étatiques qui en ont la charge mais dans une évaluation quantitative et qualitative des projets réalisés et qui ne semblent pas fonctionner comme prévu pour diverses raisons. L'Algérie tente d'encourager les investisseurs privés, résidents et non résidents depuis le début des années 80. Chaque ville algérienne a été dotée de sa propre zone industrielle. Que sont devenus ces lieux d'activités ? Comment les espaces d'investissements sont-ils occupés ? Quelle est la contribution des unités qui y sont montées à la valeur ajoutée nationale ? Exportent-elles ? Sinon quelles sont les contraintes à lever pour qu'elles le deviennent ? Etc. Dans la réalité, la loi de finances complémentaire pour 2011 a introduit de nouvelles dispositions domaniales en rapport avec l'encouragement de l'investissement. Il s'agit de la modification de plusieurs dispositions de l'ordonnance n°08-04 du 1er septembre 2008 fixant les conditions et modalités de concession des terrains relevant du domaine privé de l'Etat destinés à la réalisation de projets d'investissement. Dans ce cadre, la loi de finances complémentaire pour 2011 a consacré deux principes à savoir: la décentralisation de l'octroi du foncier auprès des walis sur proposition du Comité d'assistance à la localisation et à la promotion des investissements et la régulation du foncier (CALPIREF). Il s'agit de la concession de terrains non convertibles en cession. Depuis pratiquement 2011 que ce comité se réunit et propose aux différents walis du pays des projets. On estime à près de 100.000, les demandes introduites par des investisseurs dans des différents secteurs d'activités mais sans faire un bilan exhaustif de ses travaux, les pouvoirs publics ont jugé cette procédure lente et bureaucratique et ont donc décidé de la geler par simple circulaire signée par trois ministres de l'Industrie et des Mines, des Finances et celui de l'Intérieur, le 5 août 2015, pour édicter de nouvelles dispositions d'octroi des assiettes relevant du domaine de l'Etat. Cette circulaire qui a introduit une grande souplesse dans le traitement des dossiers d'investissement en réduisant le délai à moins de trois mois a dérouté quelque peu les collectivités locales dont les difficultés ne résident pas dans les délais mais dans la disponibilité du foncier. Résultat : au lieu de débloquer la situation, ces instructions ont manqué de pragmatisme pour la complexifier encore plus. Il fallait faire un point de situation des concessions octroyées et dont les projets n'ont même encore commencé, réhabiliter certaines zones d'activités, réaménager de nouvelles même si les travaux de réaménagement devront être réalisés par les bénéficiaires eux-mêmes pour alléger les dépenses publiques. En ce qui concerne le redéploiement du secteur public, les dispositions prises dans la loi de finances pour l'année 2016 et notamment son article 62 ont été jugées prématurées par la plupart des analystes. Cette autorisation donnée comme un chèque à blanc par l'Exécutif à ouvrir le capital des entreprises publiques sans une évaluation quantitative au préalable des actions de privatisation entreprises va certainement aboutir à un bradage. Si l'on se référait au dernier bilan donné par le ministère de l'Industrie sous l'ère de Temmar, il y a eu à cette date près de 191 opérations de privatisation totale et 33 partielles à hauteur de 50%, ceci sans compter 29 joint-ventures et 63 ventes d'actifs à des acteurs privés. Après cela, il y a eu l'arrivée de Fergusson à Constantine avec Sonacom puis des partenariats type 3P dans l'agroalimentaire avec ERIAD, etc. Que sont-ils devenus ? Produisent-ils ? Exportent-ils ? Ou ont-ils confinés dans le marché algérien ? Quelle est leur contribution pour alléger la facture d'importation nationale ? Etc. Il fallait donc répondre à ces préoccupations pour aller plus loin dans ce processus entrepris jusqu'à présent dans l'urgence et l'opacité.

7- Conclusion

Il est clair que depuis les événements d'octobre 1988, l'Etat tente de trouver un espèce de modus vivendi social ou une manière de vivre pour parer à toute explosion du bas quelles qu'en soient les conséquences. De toute évidence, les pouvoirs publics ne veulent pas contrarier les syndicats, pourtant tout le monde sait que les entreprises publiques sont irrécupérables sans une privatisation en profondeur. La Sonacom, Eriad et les autres ont été créées dans un modèle de développement économique basé la mécanisation des moyens de production alors que la compétitivité exige de les mettre aux standards internationaux. Leur principal atout est qu'elles jouissent d'une assiette foncière plus qu'appréciable pour attirer les investisseurs étrangers dans un cadre de partenariat. En définitif, le régime ne veut pas entamer des réformes courageuses, impopulaires mais nécessaires pour éviter une explosion sociale, de l'autre côté, les barons de l'informel en tiennent le détonateur, le secteur privé se concentre sur les produits de large consommation en suçant la rente et faisant travailler les usines étrangères, les citoyens gaspillent les produits fortement subventionnés, eau, électricité, gaz, aliments, etc. En bref, un système arrangé où chacun trouve son compte. Le seul perdant sont les générations futures dont l'avenir est sans aucun doute compromis.

* Consultant et Economiste pétrolier