Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Commerce : Les ménages craignent de nouvelles augmentations

par Mokhtaria Bensaad

Le début de l'année a pesé lourd dans la balance des budgets des ménages. L'augmentation des prix des produits alimentaires, de l'électroménager et du carburant a été le cadeau empoisonné de 2016 qui fait craindre aux petites bourses d'autres augmentations durant les prochains mois.

Faut-il serrer davantage la ceinture avec l'instabilité du prix du pétrole et la crise économique mondiale ? s'interrogent beaucoup. Tout le monde semble en alerte et appréhende le pire. Loi de finances 2016, dépréciation du dinar et matière première importée : voilà trois arguments que les commerçants avancent pour expliquer la hausse des prix. Pour les quelques grossistes et détaillants des produits alimentaires avec qui nous avons discuté, les augmentations sur certains produits ne sont pas importantes, voire insignifiantes, selon certains. Ces derniers estiment que ce qui a le plus touché le consommateur et les commerçants, c'est l'augmentation des prix du carburant. »Si les prix du carburant s'envolent, la différence sera automatiquement répercutée sur le prix des produits alimentaires et autres», affirment, convaincus, des commerçants. Entre 20 et 50 DA d'augmentation pour les produits alimentaires depuis le début de l'année et même la fin de 2015, selon certains. La farine et la tomate ont augmenté de 5 DA seulement. Le lait en poudre de 30 DA, le pois chiche de 40 DA et le café de 20 DA. Les prix de l'huile et du sucre sont restés stables.

Du côté des ménages, cette hausse que les commerçants estiment insignifiante représente un trou dans le budget et une dépense supplémentaire qui n'a pas été amortie par une augmentation dans les salaires. Kheïra, enseignante, la quarantaine, habitant à l'USTO (Oran), reconnaît que les augmentations n'ont pas été importantes mais ont tout de même déstabilisé la balance budgétaire familiale. «Mes dépenses ont augmenté depuis le début de l'année au point où je compte mes sous chaque fois que je vais au marché». C'est l'avis de la majorité des mères de famille. Est-ce que ces augmentations vous ont incité à changer vos habitudes de consommation et comportements au marché ? interroge-t-on. «Pas vraiment», nous disent certains consommateurs. «Difficile de maîtriser son budget avec les dépenses des enfants et les imprévus».

Cependant, du côté de l'Union des commerçants et des artisans (UGCAA), il est primordial de réguler le marché et plafonner les prix de certains produits afin d'éviter toute forme de spéculation. Le président de la chambre de commerce et d'industrie de l'Oranie et aussi membre de l'UGCAA, Abed Mouad, a indiqué que l'Union des commerçants a plaidé pour la création des grandes surfaces et des hypermarchés pour lutter contre toute forme de spéculation et le marché informel. La même organisation soutient également la création de zones de stockage et de distribution comme solution pour la régulation du marché. Elle fait appel aussi aux producteurs locaux pour faire preuve d'honnêteté dans leurs activités. Comment ? Le président de la CCIO explique que «si le prix de la matière première baisse sur le marché mondial, cette baisse doit être ressentie sur les produits sur le marché». Pourquoi la révision des prix est toujours dans un sens et pas dans l'autre ? s'interroge le même interlocuteur. La création de marchés régionaux, comme prévu par le ministère du Commerce, serait aussi une autre solution pour réguler le marché, a souligné le représentant de l'UGCAA. Concernant les zones d'activité, elles seront créées par spécialité à Oran. Exemple, la zone de Boutlélis sera destinée pour l'agroalimentaire, la zone de Béthioua pour les lubrifiants...

Sur l'éventuelle augmentation du prix du pain, le président de la CCIO a souligné qu'aucune mesure dans ce sens n'est prévue malgré les plaintes des boulangers des charges qui pèsent sur leurs produits, notamment l'électricité qui leur revient cher. La corporation est dans l'attente de l'aval du ministère du Commerce pour l'utilisation de la nouvelle farine pour la fabrication du pain et équilibrer ainsi leurs dépenses.