Si le pain demeure
le produit le plus consommé par nos populations urbaines et périurbaines, il
est indispensable que les qualités dans la fabrication, la distribution et la vente de cette denrée
soient observées pour préserver la santé publique de nos concitoyens. Cependant si
le processus de fabrication du pain dépend exclusivement du savoir-faire des
artisans boulangers, sa vente doit obéir à certaines règles d'hygiène élémentaires.
En effet, aujourd'hui, force est de constater que les conditions de livraison
et de vente du pain posent un problème de santé publique. Tout d'abord il y a la livraison du pain qui
s'effectue dans les malles de voitures ou sur des tricycles qui ne répondent
nullement aux critères d'hygiène. Puis s'ensuit l'entreposage du pain devant
les devantures des boutiques à proximité quelquefois de produits dangereux
quand ce n'est pas son étalage à même les trottoirs. Pour ce qui est de
l'épicier du coin, aucune mesure d'hygiène n'est prise. Les normes d'hygiène les
plus élémentaires ne sont pas respectées dans sa boutique. Il manipule toutes
sortes de produits à mains nues. Il touche des produits toxiques, corrosifs,
puis passe allègrement au pain pour servir les clients. Il faut dire qu'aujourd'hui
la vente du
pain est de plus en plus banalisée, voire même clochardisée. En effet, si autrefois,
seuls les boulangers étaient habilités à vendre et donc, à manipuler ce produit,
aujourd'hui, la baguette
est malmenée à tout bout de champ puisqu'elle est écoulée en
deuxième main, d'autant plus que tout le monde, jeunes et moins jeunes, ainsi
que des enfants se lancent dans le commerce de ce produit qui constitue
l'aliment de base de l'Algérien. On ne sait trop pourquoi les gens préfèrent
acheter leur pain chez les revendeurs qui foisonnent un peu partout à travers les grandes citées urbaines. Interrogés, certains
citoyens invoquent des circonstances particulières. D'autres n'ont pas le temps
d'en acheter le matin, car étant obligés de sortir de chez eux de très bonne
heure pour se rendre à leur travail, avant l'ouverture
des boulangeries. Et ils ne sont de retour du boulot qu'après la fermeture de ces
dernières. D'autres disent qu'ils ont reçu des invités qui n'étaient pas prévus
et, enfin, il y a ceux, nombreux, qui habitent loin des grandes villes, qui ont
besoin de ramener avec eux leur ration de pain, ce produit étant carrément
introuvable dans leurs hameaux. Les prix sont fluctuants : tantôt la baguette de pain est
cédée à 12 DA, tantôt à 15 DA, tout dépend du temps qu'il fait. Cependant n'est-il
pas plus judicieux, aujourd'hui, en l'absence de boulangeries ouvertes 24h/24,
de mettre sur pied un réseau de vente du pain au niveau des quartiers des
villes et villages de la wilaya,
qui se traduirait par la
réalisation de kiosques répondant à un cahier de charge bien
défini. Cette idée semble être partagée par de nombreux citoyens car diront-ils,
«cela nous permet d'acheter notre pain tout près de chez nous et tout au long
de la journée et
dans des conditions d'hygiène optimales». Bien entendu, si ce projet serait retenu
par les pouvoirs publics, l'incidence sur la création de nouveaux
emplois est manifeste. Par ailleurs, il ne faut surtout pas sous-estimer les
revenus à gagner par les futurs gérants de ces kiosques.
Si on y ajoute les produits annexes qui vont avec le pain et qu'ils vont
également vendre, ces derniers pourront se retrouver avec des revenus appréciables.
Les gérants de ces kiosques pourront subir des contrôles de routine pour
l'observation des règles d'hygiène basiques. Ainsi, aurions-nous réussi à faire
d'une pierre deux coups: régler en partie la question de l'hygiène
et créer des emplois pour des jeunes et des femmes.