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La ville dans ses états du présent, futur et passé

par Ali Derbala *

« Il n'y a pas qu'un jour, demain aussi le soleil brillera. » Proverbe africain.

Qu'appelle-t-on une ville ? Quelles sont les spécificités de nos villes? Quels sont les défis de nos villes de demain ? Oran-Demain-Métropole méditerranéenne [1] et Oran, Métropole méditerranéenne : Rêve ou réalité ? [2] sont les titres de la rubrique Dossier, consacrée à cette ville algérienne et qui ont essayé de répondre à ces questions ou questionnements. Dans un numéro de la revue « Réflexions » [3], la ville dans tous ses états, les deux premiers auteurs- contributeurs sont pessimistes sur l'intégration citadine, en qualifiant « l'état d'être algérois», de difficile et que la citadinité est une notion presque impossible.

QU'EST-CE QU'UNE VILLE ?

Administrativement, une ville est une agglomération qui atteint ou dépasse un certain chiffre de population, fixé arbitrairement [4]. Il existe des agglomérations de plusieurs dizaines de milliers d'habitants et qui ne sont que de gros villages, au sens où les conditions de vie d'une ville ne sont pas réunies. Un gros village est un espace où ses résidents sont en majorité des agriculteurs ou cultivateurs. De nos jours, des villes appelées « cités-dortoirs » s'érigent sur tout le nord algérien. Selon la presse quotidienne, le cas de la nouvelle ville Ali Mendjeli, aux environs de Constantine, en est révélateur d'une situation sociale intenable. Une ville est de la dimension d'une daïra. Elle est un lieu central pour une wilaya, plus ou moins étendue. Ses habitants appartiennent presque aux secteurs secondaire et tertiaire de la population. La ville n'est pas un paysage, elle est une spéculation immobilière, c'est aussi une société humaine, le visage d'une civilisation. Dans une ville, les constructions ou immeubles comportent plusieurs étages, ne dépassant pas le nombre de six, et cela pour des raisons de sismologie ou sismographie du pays. Les immeubles sont serrés les uns contre les autres, au détriment d'espaces verts, ces espaces verts étaient, anciennement, squattés par beaucoup des « ayants droits » et de nos jours, par les spéculateurs immobiliers.

Plus le nombre d'habitants au kilomètre carré est grand, plus la ville est qualifiée de dense. La commune est la cellule de base de la démocratie. Les maires ont perdu beaucoup de leurs prérogatives telles la sécurité, le logement, la collecte de certains impôts?

FONDATION DE LA VILLE ALGERIENNE

La fondation des villes algériennes n'est pas fortuite. Par ces trois exemples, Alger, son fondateur ou Ouali ou wali de la ville n'est que Sidi Abderrahmane el Thaalibi, Oran, son wali est Sidi El Houari, Blida, son wali est Sidi Ahmed El Kebir. L'Oued qui passe par la ville de Blida est de même nom, etc. Une ville naît du site sur lequel on la construit et d'une situation générale telle une ville côtière. Dans le temps, les sites recherchés étaient ceux qui permettaient une défense facile de la cité, comme une butte, une rivière, un oued, une côte, en face d'une île, etc. De nos jours, on s'est affranchi de la nécessité de bâtir les villes sur les hauteurs. El Ghomri, à l'Ouest, est une daïra et une ville, point de rencontre de deux voix ferrées, l'intersection de la voie ferrée qui mène au sud-oued algérien, jusqu'à Béchar, et celle qui mène à la ville d'Oran. La ville ne prendra son essor que si elle bénéficiera d'une situation avantageuse qui est aussi la position de la ville par rapport à la région. Alger, Blida et Oran font partie des villes avantagées par leurs ports et pour Alger sa position au centre de la Mitidja. Un carrefour de routes au sein d'une vaste région est la meilleure des positions. Entre la forêt et la plaine, il y a la ville de Tissemsilt, entre la plaine et la montagne a prospéré Blida. Les villes existaient même depuis l'antiquité. Les plus grandes d'entre-elles étaient bureaucratiques. Rome comptait plus d'un million de personnes. Damas, en Syrie, existe depuis au moins 5.000 ans. C'est l'industrialisation qui explique la poussée urbaine. La ville croît en attirant, dans ses usines, l'excédent humain que les campagnes ne peuvent plus résorber.

LES PROBLEMES DE L'URBANISME DANS LE FUTUR DES VILLES

Selon le programme de la Conférence durant la semaine économique de la Méditerranée qui s'est déroulée, à Marseille, en France, du 4 au 7 novembre 2015, à la villa ?Méditerranée', quelles sont les spécificités, les défis et la ville méditerranéenne qui a su répondre à ces deux enjeux? C'étaient les trois questions posées à des experts urbanistes, architectes, sociologues, etc. de la thématique 2015 « VILLES & TERRITOIRES », leviers des développements économique en Méditerranée [5].          Dans la table ronde n°1 : l'évolution des villes en Méditerranée : « villes vécues», l'intervention d'un sociologue urbain, un directeur de recherche associé au CREAD d'Alger, était signalée. Un thème de la conférence était dédié à notre capitale Alger. Il s'intitulait « Entreprise et territoire, un lien étroit en Méditerranée, Alger à l'horizon 2030. Urbanisme et pression démographique, enjeu du 21ème siècle, au Maghreb. Les intervenants n'étaient que le délégué régional, le délégué régional adjoint, le président de la CACI (Chambre algérienne de commerce et d'industrie) France et le directeur général de la CACI Algérie. 2030 est une date ou un horizon lointain. Pourquoi ne pas penser à Alger, à court et moyen termes, 2020 par exemple, et communiquer ses travaux de conférence, par voie de presse en papier ou en ligne? Le commun des citoyens sera éclairé sur l'avenir de sa capitale ou des autres villes, côtières ou de l'intérieur. Dans un autre thème intitulé : des politiques nationales à la coopération : comment concevoir une action coordonnée ?, trois responsables du gouvernement algérien ont fait des interventions, à savoir : le ministre de l'Emploi et de la Sécurité sociale, le président du Conseil économique et social et le ministre des Finances. Comment renouveler le contrat social et rétablir la confiance ?, était le Panel 4, où un autre professeur de sociologie de l'Université d'Alger II a fait, normalement, une intervention. Quant au directeur général de la Bourse d'Alger dont la confirmation à la participation à la conférence n'était pas finale mais en cours, a ,normalement, intervenu au PANEL 1 : Rôle des bourses et fonds en Méditerranée et en Afrique. Quelle agglomération ne veut pas son tramway, son centre de congrès, sa piscine olympique, son grand stade de football ? Devenir capitale de la Culture arabe ou amazighe ou universelle ? Il est aussi écrit que [5] : Les pays méditerranéens sont, de plus en plus, confrontés aux problèmes liés à la transition urbaine. Entre 1970 et 2000, la population urbaine est passée de 154 millions à 274 millions, représentant 64% de la population totale. Nos « villes nouvelles » ou les périphéries des anciennes villes sont devenues, plutôt, des cités-dortoirs.

DU PASSE, LES ANCIENS NOMS DE VILLES D'ALGERIE

De plusieurs livres et plus particulièrement du [6], nous avons collecté les noms anciens des villes d'Algérie. Entre parenthèse est indiqué le nom récent des villes. Gigtis (Bou-Ghara), Theveste (Tebessa), Mascula (Khenchela), Thamugadi (Timgad), Lambaesis (Lambèse), Mdaourouch, Bulla Regia (Hammam Derradji), Thamallula (Ras el-Oued), Hippo Regius (Bône), Rusicade (Philippeville), Chullu (Collo), Milev (Mila), Igilgili (Djidjeli), Cuicul (Djemila), Sitifis (Sétif), Zarai (Zraia),Saldae (Bougie), Tubusuptu (Tiklat, à 29 kilomètre au sud-ouest de Bougie), Rusuccuru (Dellys), Rusazus (Azeffoun ou Port-Gueydon), Iomnium (Tigzirt), Rusguniae (Matifou), Icosium (Alger), Iol ou Caesarea (Cherchell), Thanaramusa (Berrouaghia), Aquae Calidae (Hammam Righa), Zucchabar (Miliana), Gunugu (Kouba de Sidi-Brahim), Cartennae (Ténès), Khemis-Miliana (Affreville), Sufasar (Dollfusville), Dracones (Hammam Bou-Hadjar), Regiae (Arbal), Tasaccora (Saint Denis-du-Sig), Castra Nova (près de Perrégaux, Mohammadia), Ballene Praesidium(L'Hillil), Mina (près de Relizane), Albulae (Ain Témouchent), Gighti (Hamman Boughrara), Numerus Syrorum (Lalla Maghnia), Ala Miliaria (Benian), Pomaria (Tlemcen), Gummi (Mahdîya), Tahert ou Tihert (Tagdemdt).

Conclusion

La mairie, l'APW, l'APN et le Sénat sont censés rapprocher les élus des citoyens. Au vue de la situation sécuritaire qui a régné dans le pays, ces structures ont fonctionné et fonctionnent, en fait, dans presque une opacité et sont méconnues du citoyen. L'esprit de consensus qui y règne estompe les clivages politiques et a permis la confiscation du débat. Quant aux membres de la daïra et de la wilaya, ils sont localement des représentants de l'Etat. Il est temps pour que le citoyen utilise son droit à la citoyenneté, en montrant une disponibilité à la participation, à la vie de leur ville. Il faut que le citoyen puisse participer aux débats, sur sa ville, au moins en qualité d'observateur.

* Universitaire

Références

Le Quotidien d'Oran. Rubrique Dossier : Oran-Demain-Métropole Méditerranéenne, samedi 19 juillet 2014, pp. 06-07.

Lahouari Senouci. Oran, Métropole méditerranéenne. Rêve ou réalité ? Le Quotidien Oran, Débat, mardi 30 septembre 2014, p.17.

Réflexions, La ville dans tous ses états. Ouvrage collectif.

Casbah Editions, 1998.

J. Boichard et V. Prévot.

 La nature et les hommes. Géographie générale- Classe de seconde. Chapitre 31, la vie urbaine. Belin, 1969.

LES CAHIERS DE L'OCEMO, n°4, La semaine économique de la Méditerranée 2015, VILLES & TERRITOIRES, leviers des développements économique, en Méditerranée, p.03.

Charles-André Julien. Histoire de l'Afrique du Nord. Tunisie - Algérie-Maroc. Des origines à la conquête arabe (647 ap. J.C). Tome *. Deuxième édition, revue et mise à jour par Christian Courtois. SNED. Alger, 1980.