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Il affirme la marocanité du Sahara occidental : Sarkozy s'attaque, de nouveau, à l'Algérie

par Moncef Wafi

Nicolas Sarkozy a, encore, raté une occasion pour se taire concernant les dossiers internes de l'Algérie.

Invité à une conférence, grassement rémunérée, aux Emirats arabes unis, l'ancien locataire de l'Elysée, a asséné ses propres vérités sur les raisons de la fermeture des frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc, les imputant, directement, au conflit au Sahara Occidental. S'adressant à l'ambassadeur du Maroc présent dans la salle, Sarkozy fidèle à ses dérapages sur l'Algérie, affirmera, en réponse à une longue question d'une journaliste marocaine, que «la position de la France a toujours été de soutenir la marocanité du Sahara Occidental», évoquant son expérience personnelle à Laâyoune, en 1991 où «on aurait du mal à me convaincre de la nécessité d'une République sahraouie, dans une région du monde minée par le terrorisme». On savait le patron du parti les Républicains pro-marocain, et qu'il est en pleine campagne «internationale» pour être réélu à la présidence française, mais là, il vient de franchir le Rubicon. Dans cette quête effrénée aux soutiens financiers pour sa campagne présidentielle, Sarkozy en remet une deuxième couche, en vantant les mérites du monarque marocain qui, selon lui, est une aubaine pour le Maroc et qui a su prendre les risques quand il le fallait. «Il a modifié la Constitution au moment du printemps arabe. Il a pris des risques politiques considérables qui ont garanti la paix au Maroc», précisera-t-il.

Parlant du Maroc, Sarkozy ne pouvait s'abstenir d'évoquer l'Algérie prenant soin de ne pas la froisser, en soulignant la polémique que peut engendrer «un mot». Pourtant, il ne s'empêchera pas de mettre les pieds dans le plat en s'interrogeant sur «son développement» et «sa modernisation» malgré «ses potentialités» et «une population extraordinaire». Cet épisode rappelle la tempête soulevée par ses propos, en juillet dernier, lors d'une visite en Tunisie, se désolant de l'emplacement géographique de la Tunisie, entre l'Algérie et la Libye. «Vous n'avez pas choisi votre emplacement», avait-il dit pour amuser la galerie. Mais le plus surprenant, c'est que le président de l'ex UMP, s'interrogeait sur l'avenir de l'Algérie. «L'Algérie, qu'en sera-t-il dans l'avenir, de son développement, de sa situation ?». Un point d'interrogation suivi, directement, d'une réponse toute faite puisque de son avis le salut de l'Algérie est dans «l'Union pour la Méditerranée». Nicolas Sarkozy regrettera, lors de cette conférence de presse aux EAU, l'abandon de son projet. «La priorité de la politique de la France doit être tournée vers la Méditerranée et je regrette que mon projet d'Union pour la Méditerranée ait été abandonné », dira-t-il. Avec sa créature en 2008, Nicolas Sarkozy adressait un message fort à Israël. En effet, l'instance voulue et défendue par Sarkozy est le seul espace officiel où des pays qui n'ont, officiellement, aucune relation diplomatique avec l'Etat hébreu, s'assoient à la même table que lui. En avril 2015, Israël et sept pays arabes, dont l'Algérie ou le Liban, ont siégé à Barcelone, à la même table d'une réunion de l'Union pour la Méditerranée (UPM), consacrée à la lutte antiterroriste. Que sera la réaction d'Alger ? Personne n'est dupe et le Sarkozy qui a visité le Maroc et la Tunisie est celui qui endosse le costume du candidat à l'Elysée. L'homme fait la tournée des pays du Maghreb, en attendant, certainement, son crochet par Alger, dans le but de rallier les voix communautaires à sa cause. Il veut les voix des émigrés maghrébins et il va, directement, à la source pour se les approprier. Sarkozy ne veut pas refaire les mêmes erreurs qu'en 2012 en snobant l'immigration.