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Chine, une croissance à 3% ?

par Akram Belkaïd, Paris

La semaine dernière, il était question dans cette rubrique d’une année vérité pour l’Arabie saoudite et ses finances en raison de la chute des cours du pétrole et des conséquences imprévisibles des événements géopolitiques où est impliqué le royaume. Cette incertitude que détestent les marchés financiers vaut aussi, peut-être plus, pour la Chine même si les raisons en sont différentes. En ce début 2016, le violent plongeon des Bourses chinoises, dont celle de Shanghai et l’intervention en catastrophe des autorités pour fermer ces places et éviter le pire ne sauraient être interprétés comme de simples péripéties boursières. C’est un fait, un grand doute entoure désormais la Chine et son économie.
 
LA FIN D’UN CYCLE ?
 
Il est peut-être trop tôt pour l’affirmer, mais il est possible que le cycle entamé en 1979 avec les réformes économiques ne soit en train de se terminer. Après plusieurs décennies de croissance impressionnante et de modernisation à marche forcée, il se peut que la Chine soit en train de devenir un pays «normal» avec des performances économiques, certes encore appréciables, mais qui n’ont rien à voir avec le passé. On sait que Pékin a fixé à 7% l’objectif de hausse du Produit intérieur brut (PIB) pour 2016. Un taux qui est donc inférieur à la tranche des 10-12% nécessaires pour continuer à faire diminuer la pauvreté dans ce pays-continent et pour contenir les tensions sociales. Que dira-t-on alors si, d’aventure, cette croissance s’avère bien moins supérieure à ces 7% ? En effet, on voit circuler des articles et des éditoriaux qui affirment que la Chine ne dit pas toute la vérité et que ses indicateurs de conjoncture (production industrielle, consommation électrique, importations de pétrole et d’autres matières premières) démontrent que sa croissance serait déjà bien moins importante.

Ce pourrait donc être un exercice de prospective proposé aux étudiants d’une école de commerce : quelles seraient les conséquences pour l’économie mondiale si jamais la croissance chinoise tombe dans une tranche inférieure à 4% voire à 2% ? Un scénario, certes catastrophique, mais néanmoins impossible, diront de nombreux économistes qui affirment que Pékin est au moins capable de relancer l’activité grâce à ses importantes réserves de change. Admettons. Il y a aura effectivement de nouvelles villes, de nouveaux barrages et d’autres infrastructures. Tout cela stimulera le PIB mais cela ne créera pas les conditions de l’émergence d’une vraie demande interne. En clair, la relance débouchera sur un regain artificiel susceptible de vite disparaître.
 
ET SUR LE PLAN POLITIQUE ?
 
Il va donc être intéressant de suivre de près l’évolution des mesures officielles décidées par le gouvernement chinois pour soutenir et relancer l’activité. Il va sans dire aussi que l’attention sera portée sur le front de la situation politique. Dans un contexte marqué par les difficultés économiques, va-t-on assister à une ouverture en matière de droits et de libertés, ceci afin de compenser les effets du marasme ? Ou va-t-on plutôt relever un durcissement comme il s’en est déjà produit au cours des trente dernières années ? Le feuilleton est à suivre...