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L avenir est au recyclage

par Akram Belkaïd, Paris

La conférence sur le climat qui se tient actuellement à Paris est l’occasion pour les promoteurs de l’économie verte d’essayer de faire entendre leur voix. Sans aller jusqu’à parler de décroissance, autrement dit une limitation volontaire de l’activité humaine, ils insistent sur le fait que les productions telles qu’elles ont été organisées jusqu’à ce jour ne peuvent pas durer. Trop de gaspillages, trop de ressources naturelles utilisées, trop de matières premières employées : il faudra, tôt ou tard, passer à un mode plus économe et plus respectueux de l’environnement.

LES PROMESSES DE L’ECONOMIE CIRCULAIRE

Dans cet ordre d’idée, on parle beaucoup d’économie circulaire que l’on oppose de manière plus ou moins frontale à l’économie linéaire. La deuxième se caractérise, entre autre, par l’existence d’un processus d’élimination à chacune de ses étapes, qu’il s’agisse de la production ou de la consommation. Pour fabriquer un objet, on produit des déchets qu’il faut éliminer. De même, lors de sa consommation, on finit par procéder à des éliminations, comme par exemple le fait de jeter un emballage ou de remplacer certaines parties (cartouches d’encre pour une imprimante).
 
L’économie circulaire, elle, entend réduire au maximum les phases d’élimination par le biais, entre autre, du recyclage. On sait que la réutilisation de produits déjà consommés est en plein développement, à l’image du verre, du papier ou du plastic. Mais les économistes ont calculé qu’il existait des gisements entiers pour récupérer et réemployer les déchets. Le gain économique à l’échelle d’un continent comme l’Europe serait équivalent à 2,6 points de croissance du Produit intérieur brut (PIB). Mais encore faut-il que des décisions politiques soient prises pour y arriver.
 
Il y a d’abord le fait que la récupération des déchets n’est pas encore aussi bien organisée qu’elle le devrait et cela, faute de réglementation plus sévère. En Europe, près de 50 millions de tonnes de déchets en plastique sont produites chaque année, dont seuls 50% sont récupérés et 25% recyclés. De même, la question du gaspillage des matières premières oblige à s’interroger sur la manière dont sont fabriqués de nombreux produits, à commencer par ceux de l’électroménager ou de l’informatique. Rares sont les législations qui luttent avec efficacité contre l’obsolescence programmée ou l’impossibilité faite de pouvoir démonter ou réparer un appareil.

LE POIDS DE L’INFORMEL

Enfin, un autre point majeur concerne la question du recyclage. Ce secteur demeure largement informel, marqué dans certains pays par l’emploi de travailleurs précaires, mal rémunérés et exposés à de difficiles conditions de travail. Souvent, ce sont de véritables mafias qui règnent sur ces activités (récupération du cuivre en Europe gérée par des gangs de pays de l’Est), ce qui empêche toute rationalisation et tout développement de la filière. A cela s’ajoute aussi l’absence de lois protectionnistes, ce qui fait que la valorisation des déchets a souvent lieu ailleurs que dans le pays où ils ont été collectés (papier ou métaux en Chine). Pour autant, l’économie circulaire n’en est qu’à ses débuts et elle demeure prometteuse. Sa prise en compte dans un pays comme l’Algérie où les gaspillages sont multiples serait un acte de développement stratégique.