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Condamnation du général Hassan : Benflis parle «d'épuration politique»

par Mokhtaria Bensaâd

La condamnation, jeudi dernier, du général à la retraite Abdelkader Aït Ouarabi, dit Hassan, par le tribunal militaire de Mers El-Kébir à Oran, à 5 ans de prison ferme a fait réagir Ali Benflis, le président du nouveau parti agréé «Talaiou Al Houriat» qui a exprimé son sentiment qu'une «épuration politique pour crime de non allégeance est en cours dans notre pays». «Je ne serai donc pas étonné personnellement», dira-t-il dans une déclaration rendue publique hier alors qu'il animait un meeting à la salle de cinéma «Saâda» à Oran «que cette affaire ne soit qu'une des facettes de cette entreprise d'épuration politique». Dans cette déclaration, l'ex-chef du gouvernement a jeté un pavé dans la mare, en semant le doute sur une affaire aussi sensible qui a fait couler beaucoup d'encre ces derniers jours. «En tant que responsable politique», a rapporté le président de «Talaiou Al Houriat» dans cette déclaration, «je suis attentif à ne me prononcer de manière catégorique que sur les dossiers dont je maîtrise parfaitement les données. Les pouvoirs publics ont entouré cette affaire de tellement de secrets, de tellement de mystères et de tellement de non-dits qu'il est difficile pour qui ce soit de prétendre pouvoir porter sur elle un jugement informé et serein». Poursuivant son analyse sur cette affaire, Ali Benflis souligne, «et puisque je suis dans l'incapacité de porter un tel jugement informé et fondé sur cette affaire, je me limiterai à partager avec vous quelques sentiments personnels à son propos: mon premier sentiment est que l'opacité totale qui entoure cette affaire et l'absence de toute communication officielle à son sujet amènent naturellement à penser qu'il y a des arrières-pensées et des manipulations de la part du régime politique en place».

Toujours en «exprimant un avis personnel», l'ex-chef du gouvernement a ajouté, «mon second sentiment est qu'il y a lieu de s'interroger sur l'utilité d'une instrumentalisation de la justice à d'autres fins que celles d'une bonne administration de la justice. Le pays fait face à une impasse politique d'une exceptionnelle gravité et il est difficile de ne pas lier cette affaire et la manière dont elle est traitée à l'existence de cette impasse politique et à la tournure dangereuse pour le pays qu'elle est en train de prendre». En conclusion de ces faits, le président du nouveau parti enfonce le clou en déclarant, «mon troisième sentiment que j'ai exprimé depuis quelques temps est qu'une épuration politique pour crime de non allégeance est en cours dans notre pays. Je ne serai donc pas étonné personnellement que cette affaire ne soit qu'une des facettes de cette entreprise d'épuration politique».

C'est avec le même pessimisme qu'il s'est exprimé lors de son meeting à Oran en critiquant le pouvoir en place et mettant en garde contre la crise que traverse actuellement le pays. «Notre Etat n'est plus un Etat qui gouverne tout le monde mais un Etat de la minorité avec un régime qui ne se renouvelle pas, qui n'écoute pas et s'est renfermé sur lui-même dans une tour».

Evoquant la révision de la Constitution, Ali Benflis avertit qu'il n'y a plus «de neutralité de l'administration. Alors que va apporter de nouveau la révision de la Constitution avec un pouvoir en place depuis 16 ans et dont la date de péremption a expiré ?». Plus virulent encore envers le pouvoir, le président de «Talaiou Al Houriat» a déclaré, «il y a un vide à la tête de l'Etat et les conséquences d'une telle situation peuvent être fatales pour le pays. Elle engendre une crise économique et sociale pouvant déstabiliser le pays qui traverse une phase très sensible et provoquant un handicap généralisé avec blocage de l'administration et les institutions de l'Etat».