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Contraintes financières et réglementation sévères: Des centaines d'associations activent dans l'illégalité

par Abdelkrim Zerzouri

C'est devenu systématique, aucune association non subventionnée par l'Etat ne procède au renouvellement de son agrément à l'issue de la fin de son mandat. De 6 500 associations enregistrées au niveau de la wilaya, ce nombre a chuté à 1500 et ce chiffre se limiterait de nos jours à moins d'un millier d'associations à mener leur activité en bonne et due forme. C'est ce que nous ont affirmé des présidents d'associations qui ont retracé toutes les difficultés qui les empêchent de renouveler leurs agréments. En sus des tracasseries bureaucratiques, on signale l'exigence réglementaire du recours au commissaire aux comptes pour passer en revue les chapitres financiers (dépenses et recettes). « Pourquoi on me demanderait de recourir aux services d'un commissaire aux comptes alors que je ne reçois aucune subvention étatique ? Nos dépenses ne sont pas excessives, on s'en sort avec la participation financière des membres de l'association eux-mêmes ou de quelques adhérents quand cela est nécessaire », s'interroge-t-on. Et quand on sait que le travail du commissaire aux comptes n'est pas gratuit, c'est un autre fardeau qu'on fait porter aux associations qui arrivent tout juste à joindre les deux bouts, et qui ne demandent qu'à être écoutées par les autorités au sujet des préoccupations des citoyens sur une question qui relève du cadre de vie général. Aussi, la loi exige la présence de l'huissier à l'Assemblée et le dépôt de son constat dans le dossier constitutif ou de renouvellement de l'agrément, et cela, aussi, n'est pas gratuit. « Je n'ai pas pu collecter la somme pour payer l'huissier de justice. Les membres de l'association ont été réticents lorsque je leur ai demandé de contribuer au paiement des charges de l'huissier, en me faisant remarquer qu'ils font un travail bénévole qui leur demande des efforts et du temps, alors maintenant qu'on vient leur demander encore de payer, ils m'ont dit merci, et m'ont fait comprendre qu'ils ne veulent plus activer au sein de l'association », nous a avoué un président d'association qui n'a pas pu renouveler son agrément. Ainsi, hormis les associations qui bénéficient de subventions étatiques et qui se trouvent dans l'obligation de justifier leurs dépenses, toutes les autres associations qui se comptent par dizaines pataugent dans les mêmes contraintes. « Je peux vous garantir que toutes les associations de quartiers dont le mandat est arrivé à terme activent dans une illégalité relativement tolérée par les autorités. Car ces dernières sont conscientes des problèmes et des difficultés qui empêchent ces associations de se mettre au diapason de la réglementation », soutiennent nos interlocuteurs. Ces derniers plaident, donc, en faveur d'une profonde révision de la loi sur les associations. Une loi qui, à leurs yeux, ne permet tout simplement pas aux associations de mener des activités bénévoles. « On peut admettre le renforcement du contrôle de l'administration sur les associations pour diverses raisons de sécurité ou de neutralisation des associations « écrans », mais qu'on ne vienne pas exiger encore notre contribution financière pour accomplir un travail bénévole. C'est insensé et c'est la liberté de constituer des associations, garantie par la constitution, qu'on malmène», considère-t-on.