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CHLEF: Les engrais plus chers, des agriculteurs désorientés

par Bencherki Otsmane



Si les pouvoirs publics sont restés « évasifs ou discrets» sur la question de l'augmentation des prix des engrais intervenue récemment, ce n'est pas le cas des fellahs qui crient haut et fort leur désapprobation quant à cette nouvelle envolée des prix. Il faut dire qu'ils ont été surpris d'apprendre qu'ils doivent débourser davantage pour se procurer ces produits stratégiques. En effet, l'augmentation est très importante. Ainsi les engrais de fond tels que le Phosfert, le Fosfactyl, le TPS et le Weatfert qui étaient taxés l'année passée respectivement à 5680, 5660, 4080 et 6960 DA/q sont plafonnés cette campagne respectivement à 8455, 7830, 5983 et 8822 DA/q. Quant aux engrais de couverture à savoir Azofert, l'Urée, NForce et Sulfano, ils ont été vendus la campagne précédente respectivement à 3110, 4630, 6060 et 5680 DA/q contre 4255, 5650, 7100 et 6700 DA/q cette saison. Beaucoup de céréaliers, d'agriculteurs et maraîchers avaient jugé excessives les marges additives appliquées aux prix des principaux engrais utilisés en fond ou en couverture. Il faut dire que cette augmentation des prix qui touche un produit hautement stratégique pour l'agriculture aura sans aucun doute des répercussions sur la rentabilité des exploitations agricoles, notamment à un moment où le pays a grandement besoin d'augmenter la production céréalière pour se soustraire de la dépendance alimentaire de l'étranger et qui, faut-il le souligner, revient très cher au pays. Selon un délégué de l'UNPA, les prix des engrais n'ont cessé d'évoluer au fil du temps.

« En 1993, moins d'un kilogramme de blé dur suffisait à l'achat d'un kilogramme d'azote ou de phosphate. En 1997, deux kilogrammes étaient nécessaires et, en 2004, environ trois et aujourd'hui il en faudrait presque 22 kilos ». Avec cette nouvelle tarification, il est certain que beaucoup de fellahs seront privés de ces engrais à un moment où l'Etat favorise l'intensification agricole et ambitionne d'atteindre des rendements appréciables à l'image de ceux obtenus en Europe. D'ailleurs, le Programme national de développement de l'agriculture (PNDA) initié par le ministère de l'Agriculture a été créé pour accroître la production de céréales tout en encourageant une réduction de la jachère.

Par ailleurs, selon une étude réalisée par l'Institut national des sols, de l'irrigation et du drainage (INSID) la quantité minimale recommandée par la FAO est de 50 kilogrammes de fertilisants par hectare. Chez nous cette quantité n'excède pas les 11 kilos/hectare, contre 22 en Tunisie et 33 au Maroc. Cependant, il est connu que les fertilisants jouent un rôle dans l'optimisation des rendements et leur utilisation rationnelle conjuguée à des techniques d'irrigation permettra d'augmenter la production de plus de 50%. Par ailleurs de nombreux fellahs rencontrés au niveau de la CCLS « souhaitent que l'Etat revoie à la baisse les prix des engrais, faute de quoi, diront-ils, il nous serait impossible d'en utiliser les quantités nécessaires pour la fertilisation des sols, et par conséquent, la récolte ne sera que modeste ».