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Le mouvement associatif ne fait pas l'unanimité !

par A. Mallem

Au cours de la rencontre, organisée hier, au siège de la mairie de Constantine, par la Fédération des associations de la société civile de Constantine (FASCC) pour parler du rôle de ces associations, dans le développement local, plusieurs intervenants ont mis l'accent sur l'indépendance du mouvement associatif vis-à-vis de l'administration et des organisations politiques. A cette occasion, des membres d'associations nous ont confié que le mouvement associatif constantinois a été «phagocyté» par l'administration et les partis politiques qui tentent de l'attirer sous leur ombrelle. «Ces tentatives existent réellement», confirme un participant en évoquant l'absence quasi totale des associations sur le terrain. «Et, s'il arrive, parfois, que celles-ci font des activités, c'est sous impulsion de l'administration ou des partis politiques, qu'elles agissent», estime notre interlocuteur. Un autre parle, carrément, «d'associations fantômes». Toutefois, le Dr. Omar Mahsas, secrétaire national de l'Académie de la société civile algérienne (Asca), qui a fait une intervention fort remarquée, donnera une réponse plus nuancée, en soutenant l'activité, sur le terrain, du mouvement de la société civile. Selon lui, en effet, «cela dépend avec quels yeux on veut voir la question : si on veut la voir avec les yeux de l'administration, dira-t-il, on aura entre 2.500 et 2.800 associations sur le terrain. Donc, de ce point de vue, le mouvement associatif existe bien à Constantine. Mais avec les yeux du citoyen lambda, ce mouvement n'existe pas, ou presque». Et ce dernier de se poser des questions sur «toute cette agitation entretenue autour d'un mouvement fantôme». Selon le Dr. Mahsas encore, «un mouvement associatif qui naît à la demande de l'administration meurt juste après que l'administration n'ait plus besoin de lui».

«Une association qui naît d'une décision administrative est une association du genre mort-née», a-t-il considéré. Aussi, ajoutera-t-il, «le mouvement associatif doit naître de la société civile et si ce mouvement ne fait pas ses preuves auprès des gens qu'il représente, il ne peut faire le poids vis-à-vis de l'administration ou des décideurs. Et il doit donc avoir un certain nombre d'adhérents, un programme d'activités, des gens convaincus pour le développer sur le terrain, sinon il ne fera pas grand-chose. Et on continuera à l'appeler, que quand on a besoin de lui. Comme c'est le cas aujourd'hui».

A une question de savoir si la présence de présidents d'APC et de représentants de l'administration à la réunion du mouvement associatif est compatible avec le rôle de celui-ci, le conférencier a répondu par la négative expliquant que si un maire, en enlevant sa casquette de maire, peut venir participer à des réunions de la société civile, parce que c'est tout de même un membre de cette société, c'est plutôt un plaisir. Mais si un politique ou un administratif prétend diriger, d'un claquement des doigts, le mouvement associatif pour le faire lever, et d'un autre claquement pour le renvoyer, il y aura effectivement maldonne. «Et je m'oppose à cela», a-t-il affirmé. Sur le sujet du développement local, il n'y a pas eu d'interventions pour situer le rôle que doit jouer le mouvement associatif, dans ce cadre, «ceci parce que la majorité des participants n'avaient aucune idée de ce rôle», fera remarquer la présidente d'une association constantinoise. Mais tout de même, un cadre national d'une association a pris le micro pour dire, brièvement, que le développement local s'articule autour de 3 points essentiels : l'éclairage public, le ramassage des ordures, et le bon entretien des rues. «C'est connu à travers le monde, dit-il. Et si ces trois conditions sont réunies, on peut parler de développement local. Hélàs, chez nous, elles ne le sont pas !».