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Le Premier ministre évoque des «intérêts» et des «résistances»

par Ghania Oukazi

Pour la première fois, le 1er ministre affirme que «toutes les décisions pour relancer notre économie et absorber le choc pétrolier toucheront des habitudes, de vieux réflexes et des intérêts, elles recevront donc des résistances plus ou moins fortes».

C'est un aveu plus dur que tous les autres qu'il avait fait tout au long de son discours d'ouverture de la réunion d'hier. Son évocation des «intérêts» et des «résistances» laisse deviner les inquiétudes du gouvernement dès qu'il s'agit de décisions devant bouleverser l'ordre établi sous le règne de l'impunité.

«Si nous serons obligés d'aller vers l'endettement international -nous ne le sommes pas actuellement-, toutes les chances doivent être de notre côté, on ne doit pas y aller sans avoir épuisé toutes les possibilités d'optimisation de l'utilisation de nos ressources financières et utiliser nos capacités avec pragmatisme», affirme-t-il encore pour montrer que toutes les actions sont permises pour redresser le niveau des moyens financiers de l'Etat. Il avertit même que «si on ne maîtrise pas notre économie, on ne peut pas maîtriser notre décision politique».

L'on comprendra que des réajustements budgétaires ont été opérés pour pouvoir diminuer des dépenses publiques. Sellal dira même qu' «il sera question pour l'Etat durant les années à venir, de revoir à la baisse la réalisation de grosses infrastructures, il faut améliorer celles déjà existantes et assurer leur maintenance». La recherche du gouvernement d'éventuelles nouvelles ressources financières fera dire à son 1er ministre qu' «il faut accélérer la cession des logements sociaux parce qu'il est difficile aux OPGI d'assurer leur gestion». Pour ce qui est de la gestion des questions environnementales (ramassage des ordures ménagères, accaparement et occupation par la force d'espaces publics?), il affirmera que «les lois de la République seront appliquées avec rigueur, les extrémismes doivent être bannis, l'Etat doit respecter les citoyens mais eux aussi doivent le respecter». Il promettra que les wilayas déléguées dans les Hauts Plateaux seront mises en place dés 2016 «même s'il y a diminution des moyens de l'Etat».

Autres annonces, les textes réglementant l'exploitation des terres agricoles seront revus très prochainement. Le 1er ministre a déclaré que les clauses relatives au volet agricole contenues dans l'accord d'association seront révisées dans les prochains mois. «Il faut qu'on importe les intrants pour produire mais pas qu'on importe n'importe quels produits», dit-il. Il est question pour lui de «redonner aux élus toutes leurs prérogatives à condition qu'ils les utilisent pour la relance de l'économie nationale». Il demande «plus d'attention à l'agriculture parce que nous avons de grandes insuffisances, avec 25% seulement de terres qui sont exploitées, si tout le potentiel est exploité, on couvrira les besoins nationaux et on exportera même», assure-t-il. «Sans démagogie aucune», le tourisme a, selon lui, joué un rôle positif dans l'économie nationale, «on doit accélérer la réalisation de projets privés parce que certains d'entre eux ont connu des blocages administratifs», avoue-t-il. Il fera part d'une nouvelle instruction codifiant l'utilisation du permis de conduire pour les plus de 65 ans. Pour ce qui est de la collecte des fonds informels ou la bancarisation de l'argent du marché informel, Sellal assure que «ce n'est pas un blanchiment d'argent, la loi est très claire, c'est une exploitation des richesses nationales, il faut casser tous les obstacles, il va y avoir de la résistance mais il faut y aller». Pour «tirer l'économie par le développement», il en appellera à la solidarité nationale.

En plus de la rencontre tripartite gouvernement-partenaires sociaux prévue le 15 octobre à Biskra, le 1er ministre annoncera que le CNES organisera une rencontre avec des académiciens et experts en économie pour étudier toutes les conditions et propositions du développement économique et de la croissance. La réunion a été décidée après saisine du CNES par le gouvernement sur ces questions et sera en principe tenue à El Mithak le 15 septembre prochain.