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Réformes économiques : Une tripartite et des attentes

par Ghania Oukazi

Le ministre de l'Industrie et des Mines a réuni hier les partenaires sociaux pour mettre au point la feuille de route de la tripartite prévue en octobre prochain à Biskra.

Préambule d'usage « je salue l'esprit du dialogue qui a guidé et guide encore plus notre démarche en faveur de la diversification de l'économie nationale», a dit Bouchouareb. Il a qualifié la rencontre de Biskra d'octobre prochain de «très importante, on peut l'appeler tripartite mais celle-là a plusieurs particularités parce qu'elle se tient au moment où nous devons accélérer nos efforts pour diversifier notre économie et lever les contraintes, le choix de l'endroit est révolutionnaire, le choix du Sud n'est pas fortuit et de Biskra pas un hasard, cette région est devenue un pôle régionale de l'agriculture mais aussi un pôle industriel de premier ordre, notamment en matériaux de construction puisque nous avons deux grandes cimenteries en construction et des briqueteries en fonction et en construction en plus des investissements dans les mines ». Le déplacement de la tripartite à Biskra montre aussi selon lui que «le développement est national et l'équilibre des territoires est une préoccupation majeure du gouvernement». Il étalera encore une fois toutes les mesures prises dans la LFC qui placent dit-il « l'entreprise au cœur de nos dispositifs et font d'elle l'élément essentiel de la bataille qu'on mène ». Objectif premier, valoriser et intégrer la production nationale. « Nous avons que 40% de couverture industrielle nationale, nous avons de grands déficits dans ce domaine », regrette-t-il. Il évoquera la dépénalisation de l'acte de gestion pour souligner que « nous avons souffert de sa pénalisation pendant des années ».

«CE N'EST PAS UNE AMNISTIE FISCALE»

La révision du code des marchés publics met en place, selon lui, « des instruments pour ne plus faire de différence entre public et privé, l'Etat a même délégué certaines de ses prérogatives à des entreprises publiques ou privées ». Le problème du foncier industriel a lui aussi, assure-t-il, bénéficié de mesures pour son règlement, « nous avons même imposé une taxe de 3% sur la valeur vénale des terrains qui ne sont pas exploités et nous sommes prêts à augmenter cette taxe si le problème persiste ».

Bouchouareb tiendra à préciser, sur le chapitre de l'économie informelle, que « ce n'est pas une amnistie fiscale mais des mesures pour rendre plus transparentes les opérations commerciales et permettre à ceux exclus de l'économie d'être intégrés dans la démarche pour les rendre plus efficients ». Il lancera quelques piques envers « ceux qui nous le reprochent, ils savent que c'est une démarche qui date depuis des dizaines d'années, ils se réveillent de temps en temps, on ne vous écoute plus ». Il rappelle que les importations ont diminué de 10% « parce que des filières industrielles ont augmenté en production ». Ses projections à la fin 2015 «7% de croissance industrielle contre 5% en 2014». Le rapport devant être présenté à la prochaine tripartite permettra, dit-il, de faire l'évaluation des mesures retenues par la tripartite de septembre 2014 et de collecter des propositions de réajustements, le tout se fera en prévision de la préparation de la LF 2016.

Le secrétaire général de l'UGTA prend le relais pour souligner, entre autres, qu'« à chaque fois qu'il y a une crise financière, tout le monde s'alarme, cette fois-ci si on ne la gère pas correctement, elle va être fatale, si on n'agit pas maintenant, on va se retrouver dans un avenir inextricable ».

130 MILLIARDS DE DINARS POUR L'ABROGATION DU 87 BIS

Sidi Saïd aura lui aussi des piques à lancer contre «ceux qui ont des préjugés sur le ministre ou le 1er ministre» mais sans s'y attarder. Il fera le bilan de l'opération Ramadhan. « En un mois, nous avons installé 95 marchés dans 39 wilayas sur les 48 existantes, nous avons eu 7 millions de visiteurs dont 4 dans Alger, nous avons fait une économie de 40% sur les dépenses de Ramadhan. » Il estime que « nous avons lié ainsi le producteur au consommateur, il y a bien sûr des insuffisances qu'on doit régler ». A propos du règlement du foncier industriel, Sidi Saïd juge qu'il y a eu une levée de blocages « même s'il en reste encore beaucoup ». Lui aussi refuse de parler d'amnistie fiscale mais, dit-il, « je dois aller chercher l'argent là où il faut, l'informel c'est celui qui draine des gains, parce que ceux qui vendent elhchich (les herbes) ou les cigarettes ne sont pas dans l'informel, ils nourrissent leurs familles ». Le SG de l'UGTA appelle la mesure entreprise à cet effet « la bancarisation » une mesure, rappelle-t-il, «proposée en tripartite en 1995 pour permettre de mettre l'argent dans le circuit informel et constituer ainsi un soubassement à l'investissement, peu importe d'où il vient ou qui il l'a ramené, sinon on ne sortira pas de l'auberge (espagnole) ». Sidi Saïd justifie ses propos : « C'est un accompagnement de l'économie nationale, nous avons besoin rapidement de reconstruire et de réhabiliter la production nationale, sinon nous allons nous retrouver dans une décennie dans les situations les plus cata (strophiques).»

Il reparle du 87 bis pour noter que sa suppression coûtera « pas moins de 130 milliards de DA (salaires fonction publique et secteur économique public et privé confondus), c'est quand même de l'argent ». Il nous précisera en aparté que les besoins de la fonction publique à elle seule, à cet effet, sont de 54 milliards de DA.

Par ailleurs, une circulaire sera, selon lui, signée incessamment pour « ne plus payer des travailleurs au-dessous de 18 000 DA (le SNMG).

Le ministre de l'Industrie et des Mines réagit en notant que «l'Algérie ne se dirige pas vers la cata, elle a les moyens et les outils pour mettre en place une économie nationale diversifiée ».