Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le CARE analyse la conjoncture économique : Le retour du FMI en Algérie n'est pas écarté

par Z.Mehdaoui

Le cercle de réflexion et d'action autour de l'entreprise (CARE) n'écarte pas le retour du Fonds monétaire international (FMI) dans notre pays.

« Le gouvernement lui-même, auquel il faut reconnaître son souci de transparence, ne cache pas sa profonde préoccupation et opte courageusement pour une publication régulière de statistiques probantes qui laissent apparaître une dégradation graduelle des comptes économiques de la nation au cours des douze derniers mois », soutient le CARE dans un communiqué parvenu à notre rédaction.

L'organisation présidée par le patron de NCA Rouïba, Slim Othmani, affirme en ce sens que les informations officielles aujourd'hui disponibles laissent présager, pour l'ensemble de l'année 2015, un déficit de la balance commerciale à hauteur de près de 15 md de $ US et un solde négatif prévisionnel de la balance des paiements à hauteur de près de 30 md de $US.

Le déficit budgétaire, quant à lui, dépasserait les 1900 md de DA à fin 2015, ce qui va obérer d'autant les ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR), ajoute la même source qui souligne que ce dernier (FRR) fonctionne, depuis longtemps déjà, plutôt comme un « bas de laine » que comme un outil de régulation de la gestion budgétaire. « Il sera totalement épuisé au cours de l'année 2017, si l'Etat maintient, comme il le fait, le rythme actuel de croissance de ses dépenses », prévoit le CARE qui souligne que le constat partagé par l'ensemble des analystes sérieux, démontre que notre pays est entré maintenant dans une crise sévère dont tout laisse à penser qu'elle est porteuse de menaces potentiellement graves, très comparables à celles que nous avions vécues à la fin des années 1980 et qui s'était soldée en bout de course par un ajustement structurel imposé par le FMI et dont les rigueurs et le caractère récessif sont encore dans les mémoires.

« C'est en considération de ces menaces de plus en plus visibles que notre association, CARE, n'a pas cessé d'alerter sur les fragilités du modèle d'organisation de l'économie de notre pays et qu'elle avait appelé solennellement à la prise de mesures salvatrices et courageuses, dont les prémisses pouvaient être annoncées à la faveur de la dernière loi des finances rectificative.

 Force est de croire que nous n'avons pas été entendus », note la même organisation qui soutient dans le même ordre d'idées que « si les dispositions ainsi adoptées dans la LFC, prises une à une, sont positives et recueillent notre assentiment, elles ne sont pas, globalement, à la hauteur des dangers qui guettent notre économie au cours des trois prochaines années».

Le CARE pense savoir que le gouvernement agit encore comme s'il ne s'agissait que de gérer des difficultés économiques passagères, là où des réformes plus structurelles sont nécessaires pour commencer à jeter sérieusement les bases d'une économie qui doit plus que jamais se préparer au défi de l'après-pétrole.

 « Nous partageons totalement son point de vue quant au refus des politiques d'austérité mais, malheureusement, nous ne pouvons que constater que les éléments de sa politique actuelle ne font que retarder l'échéance et mènent inéluctablement vers cette impasse qu'il dit vouloir éviter », ajoute cette organisation qui poursuit que les données chiffrées disponibles montrent clairement que la tendance est à la réduction de l'investissement public par contraction ou étalement des dépenses du budget d'équipement. Elles montrent également une croissance significative de près de 20% des dépenses de fonctionnement pour les premiers mois de cette année 2015.

« Ces indications sont le signe patent d'une politique économique dont le moteur reste toujours la dépense publique, alors même que les ressources portant cette dépense sont en train de s'amenuiser dangereusement », tranche le CARE qui continue dans son analyse en affirmant qu'il est temps de rompre avec cette dépendance excessive aux revenus du pétrole, de renouer avec une croissance forte et durable et avec la création massive d'emplois économiques, pour peu que les dirigeants du pays trouvent le courage nécessaire pour engager les réformes consensuelles que dicte la conjoncture difficile que nous traversons.

Ce dont notre économie a le besoin le plus urgent, plaide encore le CARE, c'est une politique économique plus volontariste qui fasse des entreprises, privées et publiques, le moteur d'une croissance forte et durable, seule en mesure de créer massivement de la richesse et des emplois et de répondre aux immenses besoins sociaux de la population algérienne. Une telle politique suppose des réformes immédiates du climat des affaires, une simplification considérable des procédures à l'investissement, une réorientation sensible de notre politique commerciale externe, de même qu'un ajustement sérieux de la valeur du dinar qui rétablisse la préférence économique effective au bénéfice des producteurs et des exportateurs algériens.

« Les restrictions en vigueur en direction des investisseurs étrangers, hors quelques secteurs sensibles, pénalisent notre propre économie, au même titre que cette ségrégation incompréhensible qui vient d'être introduite entre production de biens et production de services », conclut le cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise qui craint le retour du FMI en Algérie avec tout ce que cela provoquera en matière de restructuration comme c'était le cas dans les années 1990.