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Après Khaled : Cheb Mami condamné en France pour plagiat

par Moncef Wafi

Cheb Mami, 49 ans, a été reconnu coupable, ce vendredi, par le tribunal de grande instance de Paris pour plagiat et condamné à verser 200.000 euros à l'auteur Rabah Zerradine, alias Cheb Rabah. On lui reproche d'avoir notamment reproduit, au moins en partie, les paroles de plusieurs chansons écrites par Cheb Rabah portant ainsi «atteinte aux droits patrimoniaux» de ce dernier. La justice française estime que M. Zerradine doit être considéré comme étant «le seul auteur» des quatre chansons remises en question «Le raï c'est chic, Madanitch, Ma vie deux fois, Gualbi Gualbi» et le co-auteur des paroles de «Désert rose», qui avaient rencontré un succès international au début des années 2000. Le tribunal s'est appuyé sur une analyse comparative des textes traduits de l'arabe au français pour rendre son verdict. Il a ainsi conclu à une «grande similarité» entre les textes, un expert ayant relevé par exemple que «quatre des cinq» couplets de Madanitch chanté par Cheb Mami sont repris du texte «Omri» de Cheb Rabah, ou encore «Nti dori nti doua» rebaptisée «Ma vie deux fois» par celui qui fut un jour le Prince du raï. Le jugement rendu confirme les opportunités ratées par M. Zerradine qui «a perdu une chance de gagner une notoriété importante du fait du succès des chansons qu'il avait en réalité écrites». Le tribunal a donc condamné Cheb Mami et la société EMI à lui payer solidairement 100.000 euros au titre du préjudice moral. Ils sont également condamnés à lui verser 100.000 euros en réparation des atteintes à son droit moral d'auteur. Cheb Mami a vu sa carrière artistique compromise après sa condamnation, en 2009, en France à cinq ans de prison ferme pour des violences commises à l'encontre de son ancienne compagne, ainsi que pour avoir tenté de la faire avorter de force. Même s'il a été libéré en conditionnelle deux ans plus tard, son nom reste désormais associé à ce fait divers sordide surtout à l'étranger. Programmé en tête d'affiche du Festival du monde arabe de Montréal en 2012, le chanteur de raï avait vu sa participation purement et simplement annulée. Une décision prise alors par le comité d'organisation du festival suite aux vives réactions d'hostilité du public canadien déclenchées suite à l'annonce de sa présence. Rappelons que c'est ce même tribunal de grande instance de Paris qui a condamné, le 3 avril dernier, Cheb Khaled pour avoir plagié la musique du toujours Cheb Rabah, pour la composition de son plus grand tube international, Didi. Dans sa décision, l'instance judiciaire a condamné le chanteur, 55 ans, à restituer à Cheb Rabah les droits d'auteur perçus pour la composition musicale de l'œuvre, commercialisée à partir de 1991, au titre de son exploitation dans le monde, mais aussi pour une période postérieure à juin 2003 en raison d'une prescription partielle. Le roi du raï a également été condamné à payer à Cheb Rabah 200.000 euros en réparation de son préjudice moral et des atteintes à son droit moral d'auteur. En outre, le tribunal avait ordonné à la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) «de modifier toute sa documentation» concernant la chanson Didi pour faire désormais bénéficier Cheb Rabah d'une part des droits de reproduction mécanique et d'exécution publique «en tant que seul compositeur» de l'œuvre.