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Terrorisme : 117 morts dans une série d'attaques et d'affrontements en Egypte

par Haitham El-Tabei De L'afp

Le groupe djihadiste Etat islamique (Daech) a lancé hier mercredi une série d'attaques sans précédent contre l'armée dans le Sinaï en Egypte, faisant 70 morts en majorité des soldats, un nouveau coup dur pour le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi. Des affrontements ont éclaté entre soldats et assaillants après la vague d'attaques, faisant 38 morts parmi les djihadistes dans le Nord-Sinaï, dans l'est de l'Egypte, selon des sources médicales et de sécurité. Ils étaient toujours en cours dans l'après-midi. Ce bilan est l'un des plus lourds subis par l'armée dans ce bastion du groupe Ansar Beït al-Maqdess, branche de l'EI dans le Sinaï, qui a multiplié les attentats meurtriers contre les forces de l'ordre depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Dans la matinée, les djihadistes ont lancé une série d'attaques coordonnées d'une ampleur sans précédent contre plusieurs positions de l'armée à l'est d'Al-Arich, utilisant des voitures piégées et des roquettes, selon des responsables. L'intensité des combats empêchait les ambulances de s'approcher, ont-ils indiqué. L'armée a dépêché des hélicoptères Apache pour combattre les djihadistes. «C'est la guerre. La bataille se poursuit», a indiqué un haut responsable militaire à l'AFP. «Vu le nombre de terroristes mobilisés et l'armement utilisé, (ces attaques sont) sans précédent», a-t-il ajouté. Au moins 36 soldats et civils ont été tués, ont indiqué des responsables de la sécurité et de la santé, en soulignant que la majorité des morts étaient des militaires. Quinze soldats ont péri dans l'une des attaques, menée avec une voiture piégée contre un check-point au sud de Cheikh Zouweid, près d'Al-Arich, chef-lieu du Nord-Sinaï, a affirmé l'un d'eux.      

Les djihadistes ont également miné les abords du commissariat du Cheikh Zouweid pour empêcher l'arrivée de renforts, avant de prendre position sur les toits des immeubles alentours et d'attaquer le bâtiment avec des lance-roquettes, selon un colonel de police. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le groupe «Province du Sinaï» a revendiqué les attaques, précisant que trois kamikazes avaient participé aux assauts. «Les lions du califat ont attaqué de manière simultanée plus de 15 postes de contrôle de l'armée apostate», a-t-il affirmé, en affirmant encercler le commissariat. Se faisant autrefois appeler Ansar Beït al-Maqdess, le groupe a changé de nom pour bien marquer son allégeance au «califat» auto-proclamé par le groupe ultraradical Daech sur les territoires conquis à cheval sur l'Irak et la Syrie. Ces attaques surviennent au surlendemain de l'assassinat au Caire du procureur général d'Egypte dans un attentat à la bombe, le plus haut représentant de l'Etat tué depuis le début de la vague d'attaques djihadistes en 2013. Si ce meurtre n'a pas été revendiqué, Ansar Beït al-Maqdess avait appelé il y a un mois ses partisans à s'attaquer aux juges en riposte à la pendaison de six hommes reconnus coupables d'avoir mené des attaques au nom du groupe. Les djihadistes disent agir en représailles à la sanglante répression contre les pro-Morsi qui a fait plus de 1.400 morts.

Par ailleurs, neuf «activistes islamistes armés» ont été tués hier dans un raid de la police dans la banlieue du Caire, ont affirmé des responsables de la police. Ces hommes armés, recherchés pour des actes de sabotage et de vandalisme, ont ouvert le feu lorsqu'une équipe de la police est venue les arrêter dans leur appartement de la banlieue du Caire, selon ces responsables. Ils ont été tués quand la police a répliqué, d'après les mêmes sources.    

Le 12 avril, 14 personnes en majorité des soldats et policiers ont été tuées dans deux attaques revendiquées par Ansar Beït al-Maqdess dans le Nord-Sinaï, une région frontalière d'Israël et du territoire palestinien de la bande de Ghaza. Et le 2 avril, une attaque a coûté la vie à 15 soldats et deux civils, outre les 15 assaillants. En octobre 2014, 30 soldats avaient été tués dans l'attaque la plus meurtrière contre l'armée dans le Sinaï. Une vaste campagne militaire a été lancée contre les djihadistes dans cette région il y a près de deux ans, mais elle n'a pas réussi à mettre fin aux attentats. Selon les autorités, des centaines de policiers et soldats ont été tués depuis. Après l'assassinat du procureur, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée tombeur de M. Morsi, a promis une législation plus dure pour «lutter contre le terrorisme». Les nouvelles attaques dans le Sinaï sont un nouveau revers pour M. Sissi, dont les forces de sécurité mènent une répression implacable contre les islamistes, mais aussi contre l'opposition de gauche et laïque.

La confrérie islamiste de M. Morsi a été classée organisation «terroriste» en Egypte et est accusée d'être derrière les attentats meurtriers de ces derniers mois ciblant les forces de sécurité, ce qu'elle nie.