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Dubaï ralentit

par Akram Belkaïd, Paris

Ce n’est pas une alerte, juste un motif de vigilance. Après une spectaculaire reprise entre 2010 et 2014, l’économie de l’Emirat de Dubaï est entrée dans une phase de ralentissement. C’est la conclusion de nombreux experts qui se basent notamment sur les indices de conjoncture publiés par la banque Emirates NBD.

Cette dernière a mis en place depuis avril dernier une enquête d’opinion auprès des directeurs d’achat, une initiative qui constitue une première dans le monde arabe sachant que ce type d’indicateur est très utilisé dans les économies développées, notamment aux Etats-Unis.
 
DOLLAR ET PETROLE
 
Comment se traduit le ralentissement de l’économie dubaïote ? Il y a d’abord le fait que les prix de l’immobilier se sont stabilisés après avoir repris le chemin de la hausse depuis 2011. Cette pause est d’ailleurs saluée par les économistes qui craignaient à la fois une surchauffe et la formation d’une bulle dont l’éclatement aurait fatalement conduit à une nouvelle crise. Aujourd’hui, sans être déprimé ou, au contraire, euphorique, le « real estate » s’est calmé et les histoires stupéfiantes qui circulaient au milieu des années 2000 (un appartement sur plan revendu dix fois avant même la pose de la première pierre) ne sont plus de mise.
 
Une autre raison du ralentissement de l’économie de la cité-Etat est la vigueur du dollar combinée à la faiblesse des prix du pétrole. Certes, Dubaï n’est pas un producteur majeur de pétrole, contrairement à l’Emirat d’Abou Dhabi. Pour autant, une partie de sa prospérité est liée à la circulation et au recyclage de pétrodollars de la région. Quand les recettes des voisins baissent, il est donc logique que l’émirat en soit affecté, notamment en ce qui concerne les dépenses de consommation ou les investissements notamment boursiers.
 
Dans le même temps, la vigueur du dollar affecte les exportations car le dirham est lié par une parité fixe au billet vert (peg). On le sait, Dubaï est un vrai carrefour commercial où nombre de marchandises sont importées pour être immédiatement réacheminées aux quatre coins de la planète. Or, un dollar fort, comme c’est le cas, est un handicap vis-à-vis des exportateurs européens mais aussi de la Turquie dont la monnaie est plutôt liée à la devise européenne. Pour autant, cette appréciation de la monnaie américaine n’a pas réveillé l’habituel débat sur la nécessité ou non de maintenir le lien fixe entre le dirham et le billet vert.
 
Enfin, c’est surtout la conjoncture régionale qui pèse sur les prévisions des acteurs économiques. L’intervention saoudienne au Yémen, la situation en Irak et en Syrie cela sans oublier les récents attentats en Arabie Saoudite et au Koweït, ne laissent personne indifférent. L’inquiétude est réelle et se traduit, entre autres, par un attentisme sur les marchés financiers cela sans compter le gel de certains projets privés.
 
LA LOCOMOTIVE DE L’EXPO 2020
 
Pour autant, l’économie de Dubaï est portée par un moteur concret qui est celui du chantier de l’exposition universelle 2020. Cette dernière aura lieu deux ans avant le Mondial de football qui se déroulera dans l’émirat voisin du Qatar.

Les autorités de Dubaï ont décidé d’en faire un rendez-vous majeur à portée mondiale. Nouvelles infrastructures, usage d’énergies nouvelles, développement des transports en commun, ce chantier constitue d’ores et déjà un important appel d’air en matière de capitaux mais aussi de main-d’œuvre, qualifiée ou non.

La chronique économique s’interrompt durant la période estivale et reprendra le mercredi 2 septembre 2015