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Le secteur aérien en ascendance

par Akram Belkaïd, Paris

C’est un marché qui se porte bien. Très bien même. A l’heure de l’ouverture du 51e Salon de l’aéronautique du Bourget en France, le secteur aérien affiche à la fois sa confiance en l’avenir et une croissance que lui envient d’autres activités. En effet, et selon les chiffres publiés par le constructeur Boeing, les besoins mondiaux en nouveaux appareils sont estimés à 38.050 avions d’ici 2034 soit un marché de 5.600 milliards de dollars ! De quoi faire tourner les chaînes de montage des principaux constructeurs à plein régime pour les deux prochaines décennies.
 
L’ESSOR ATTENDU DES MOYEN-COURRIERS…
 
Toujours selon l’avionneur américain, actuellement 21.6000 appareils sont actuellement en service (chiffres pour l’année 2014) et ils seront 43.560 à voler en 2034. Ainsi, la production estimée des 38.050 nouveaux avions permettra-t-elle non seulement d’absorber la croissance attendue du trafic aérien mais aussi de permettre la mise hors service de vieux appareils (plus de 16.000 d’entre eux sont concernés). Dans le détail, ces chiffres se basent sur un taux de croissance moyen du transport de passager de 5%. Ils se fondent aussi sur l’hypothèse de la persistance de prix bas du pétrole ainsi que de la faiblesse des taux d’intérêts.

De façon plus générale, Boeing prévoit que les vingt prochaines années seront celles des « monocouloir », c’est-à-dire des avions comme l’Airbus A320 ou le Boeing B737. Près de 26.730 appareils de ce type devraient être construits, ce qui donne une indication de l’évolution attendue du secteur aérien. En effet, ce dernier va concerner de plus en plus de distances courtes et moyennes avec des durées de vol inférieures ou égales à trois heures. Boeing estime donc que le renforcement du transport aérien régional sera une tendance majeure puisque le « monocouloir » va concerner 75% des passagers sur 70% des lignes commerciales. En termes géographiques, c’est en Asie (14.330 nouveaux appareils prévus) que le boom de ce segment est prévu.
 
…ET INTERROGATIONS SUR LES LONG-COURRIERS
 
Cette prééminence attendue des moyen-courriers permet aussi de dégager quelques éléments concernant l’autre branche, celle des gros-porteurs. Certes, à lire les prévisions de Boeing, on se rend compte que, là aussi, les clignotants sont au vert avec plus de 12.000 nouveaux appareils qui devraient sortir des ateliers de Seattle ou de Toulouse. Mais, dans ce cas précis, il faut tout de même être prudent. En effet, ces prévisions prennent en compte les projets ambitieux de développement de compagnies telles que Etihad, Emirates, Qatar Airways, Malaysian et Turkish Airlines. Ces dernières sont engagées dans des stratégies d’expansion, notamment en Asie et en Afrique, qui exigent l’ouverture de nouvelles lignes et donc la mise en service de nouveaux appareils.

Mais, comme le relèvent les experts du cabinet spécialisé IHS Jane’s -dont les publications font autorité en matière de défense et d’aérien-, il n’est pas dit que toutes ces compagnies vont atteindre leur but. Il est fort possible que, d’ici quatre ou cinq ans, certaines d’entre elles soient obligées de réduire la voilure faute de débouchés suffisants et en raison d’une compétition exacerbée entre elles sur ce segment des longues distances. Dès lors, il paraît plus que probable que certaines commandes seront annulées dès l’horizon 2020. De quoi faire planer quelques incertitudes sur un secteur qui, de façon générale, bénéficie tout de même de perspectives positives.