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41e anniversaire de la mort du père du nationalisme algérien, Messali Hadj : Rendons un «Grand Hommage à ce Grand Homme»

par Ali Agouni *

En ce jour du 3 juin 1974 où il a été rappelé par Dieu, cet homme est né le 16 mai 1898 à Tlemcen et il a sacrifié plus d'un demi-siècle de sa vie pour la libération et l'indépendance de l'Algérie, enfermé dans diverses prisons en France, exilé au Congo-Brazzaville, interdiction de séjour en France, en Algérie; il consacra plus de 50 ans de sa vie au réveil de la conscience nationale du peuple algérien, il forgera son unité et forme des cadres et des élites dans divers partis qu'il a créés pour conduire le peuple algérien au combat pour son indépendance.

En 1912, à l'âge de 14 ans, Messali Hadj a été arrêté et emprisonné par les forces coloniales pour avoir protesté et condamné l'enrôlement par la force de jeunes Algériens dans l'armée française.

Messali Hadj a été très touché par la révolution de Mustapha Kamel et le combat exemplaire mené par Abdelkrim au Maroc et les revendications des peuples arabes opprimés et colonisés. Etant jeune, il a décidé de lui-même de faire quelque chose pour sortir l'Algérie et son peuple du joug colonial.

Dans les années 1920, Messali Hadj vient à Paris et rencontre Hadj Ali et fréquente le PC, la CGT et la gauche française et les travailleurs algériens. Il crée l'Etoile nord-africaine (ENA) et pose le problème de l'indépendance de l'Afrique du Nord.

En 1927, au congrès anti-impérialiste à Bruxelles, en présence des représentants de 134 nations, Messali Hadj dénonça les méfaits du colonialisme et tout haut, il revendiqua l'indépendance des trois pays d'Afrique du Nord, «l'Algérie, la Tunisie, le Maroc».

En 1930, il adressa un mémoire à la Société des nations dans lequel il dénonça les méfaits et la répression du colonialisme contre les peuples d'Afrique du Nord et exige l'indépendance totale de ces pays.

Le 1er novembre 1934, Messali Hadj, Radjeff Belkacem, Imache Amar ont été arrêtés et condamnés en même temps à 6 mois de prison chacun.

Après son retour d'exil, en Suisse, Messali Hadj se rend à Alger pour assister au congrès musulman qui devait avoir lieu le 2 août 1936 au stade municipal d'Alger (El Anasser); il dénonça la politique d'assimilation et le rattachement de l'Algérie à la France et il réclame tout haut l'indépendance totale de l'Algérie et il brandit une poignée de terre en déclarant : «Cette terre n'est pas à vendre, ni à acheter, elle a ses héritiers, elle appartient au peuple algérien et l'Etoile nord-africaine veillera».

Le 11 mars 1937 suite à la dissolution de l'ENA, Messali Hadj déclare devant plusieurs centaines de militants dans un café algérien à Aubervilliers : «Chers frères, Filali Abdellah et moi-même sommes allés ce jour à la préfecture de Paris déposer les statuts du PPA « Parti du peuple algérien ». C'est là un grand événement qui aura sans doute une grande résonance en Algérie. « Chers frères, faites en sorte que cet enfant « PPA » grandisse, se développe dans les meilleures conditions possibles, et agissons de façon à ce que sa naissance et son développement répondent à tous les objectifs pour lesquels il est né ». Que Dieu le protège et qu'il soit le messager de l'indépendance de l'Algérie.

Sans perdre un instant, Messali s'est déplacé en France, en Belgique pour faire connaître le PPA et son programme et il débarque à Alger le 20 juin 1937 pour faire connaître le PPA dans l'Algérois, la Kabylie, le Constantinois et l'Oranie.

Puis ce fut le grand défilé du 14 Juillet 1937 qui a groupé plus de 25.000 personnes avec en tête du cortège, Messali Hadj, Moussaoui Rabah et d'autres responsables. Abderrahmane portait le drapeau algérien qui a flotté ce jour-là pour la première fois après 107 ans d'absence et il faut souligner que le drapeau algérien a été créé et confectionné par Mme Messali Emilie Busquant à Tlemcen sous le toit de sa belle-sœur Messali Kheira.

Après les massacres du 8 Mai 1945 de plus de 45.000 Algériens par le colonialisme et les colons qui s'acharnent sur un peuple sans défense qui réclame sa liberté et son indépendance. C'est là que Messali Hadj, avec la direction du PPA, décide de tenir un congrès extraordinaire en février 1947 à Zeddine sous sa présidence. Des décisions importantes ont été prises : création du MTLD (Mouvement du Triomphe et des Libertés Démocratiques), les premiers jalons du syndicalisme libre ont été jetés ainsi qu'une association féminine et la décision la plus importante, c'est la création de l'OS (Organisation spéciale) et paramilitaire pour préparer la révolution armée, la mission de tous les mouvements et de briser le mur du silence fait par le colonialisme.

Messali Hadj a voulu internationaliser le problème algérien et préparer la révolution. C'est ce congrès historique du PPA qui a engendré le déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954.

En 1940, le gouvernement de Vichy dirigé par le maréchal Pétain somme Messali Hadj à renoncer à l'indépendance de l'Algérie; Messali Hadj refuse et rejette toute pareille prétention et réclame l'indépendance totale de l'Algérie.

Il fut arrêté le 28 mars 1940 et condamné à 16 ans de travaux forcés, vingt ans d'interdiction de séjour, la confiscation à vie de tous ses biens et il fut jeté dans les prisons de Lambèse dans les Aurès.

En 1955, Messali Hadj envoie un mémoire au secrétaire général des Nations unies, M. Dag Hammarskjöld, pour appeler à faire cesser la répression militaire qui frappe le peuple algérien et lui demande de prendre les mesures urgentes pour empêcher l'armée française d'exécuter les condamnés à mort, Ahmed Bouchemel, Ben Boulaïd Mustapha et d'autres militants.

En 1955 a eu lieu le congrès de 134 nations des non-alignés à Bandoeng en présence du Premier ministre de l'Inde, Nehru, Sokarno (Indonésie), Gamal Abdel Nasser (Egypte) et d'autres. Messali Hadj envoya Chadly Mekky avec un mémoire à remettre au Premier ministre Nehru de l'Inde qui a lu le message envoyé par Messali Hadj au congrès et a été très applaudi par les représentants des 134 pays.

En septembre 1955, une délégation du parti MNA conduite par Moulay Merbah et Abdel Bouhafa arrive à New York, porteurs d'un mémoire de Messali Hadj qui a été remis aux Nations unies pour inscrire le problème algérien au cours de cette assemblée.

Le Docteur Rabah Belaïd, que Dieu ait son âme au paradis, a déclaré à maintes reprises, quand le FLN l'a chargé avec Aït Ahmed d'aller inscrire la question algérienne, on leur a dit : ça y est, la délégation MNA est passée et a inscrit le problème algérien à l'ordre du jour.

Le 5 août 1935, Messali Hadj au nom de l'ENA a tenu une assemblée qui avait le caractère d'un congrès car celui-ci a réuni pour la première fois des délégués de la région parisienne, du centre, du Nord, de l'Est et du Puy de Dôme et de Belgique, ce jour-là, le drapeau algérien confectionné par Mme Messali était déployé à la tribune.

En octobre 1943, Messali Hadj adressa un mémoire au général de Gaulle pour lui réclamer les revendications nationales du peuple algérien.

Ce mémoire a valu à Messali Hadj d'être déporté à Aïn Salah au cœur du Sahara.

En 1951, il décide d'aller à La Mecque et à cette occasion, il rencontre le Roi Saoud en lui expliquant que le PPA va déclencher la révolution, il faut l'aide de tous les pays arabes. Après avoir rencontré tous les représentants afro-asiatiques, Messali Hadj décide d'aller au Caire, où il a eu divers entretiens avec les représentants de la Ligue arabe et rencontre Abdelkrim Khatabi et un accord a été conclu que le PPA lui envoie des jeunes militants pour apprendre le service militaire au Caire, à Bagdad et ailleurs.

Messali Hadj envoie un responsable à Alger pour faire part à Benkhedda, secrétaire général du MTLD, de ce qui a été fait au Caire.

En revenant à Chantilly, pour coordonner l'activité de la délégation du MTLD auprès des délégations afro-asiatiques durant la session de la société des Nations unies à Paris.

Messali Hadj a reçu Benkhedda pour l'informer de tous les contacts qu'il a eus avec les représentants de la Ligue arabe et avec Abdelkrim Khatabi et Azzam Pacha sur la situation générale du peuple algérien.

Messali Hadj a reçu Hocine Aït Ahmed et Radjeff Belkacem dans la forêt de Rambouillet et de Filali Abdallah et il a mis au courant Aït Ahmed de tous les contacts et des décisions prises en Arabie Saoudite, au Caire et aussi de l'installation de Mohamed Khider à la tête de la délégation du PPA/MTLD avec Chadly Mekky.

Messali Hadj, devant la déviation du Comité Central, a décidé d'organiser un congrès qui a eu lieu les 14-15-16 juillet 1954 à Hornu en Belgique, en présence de 350 délégués venus de toutes les régions d'Algérie, de France, de Belgique et d'Allemagne. Des décisions ont été prises pour le déclenchement de la Révolution armée prévue pour le 1er janvier 1955, un CNRA (Conseil national de la révolution algérienne) s'est créé et tiendra sa première réunion à Birkhadem (Algérie) le 15 août 1954.

Aujourd'hui, le devoir de mémoire nous interpelle, car aucun peuple ne peut se passer de son histoire et de son passé. Il faut une réconciliation nationale entre tous les Algériens et l'unité nationale pour faire face, tous ensemble, contre tous ceux qui touchent à l'Algérie et à son unité nationale.

En 1963, Messali Hadj lance un appel aux dirigeants algériens d'instaurer une véritable démocratie et une Constituante souveraine élue par le peuple, la liberté d'expression à tous les partis politiques et syndicats, la parole au peuple et l'élection libre au suffrage universel et il a rejeté et condamné la politique du parti unique du FLN qui va conduire et engendrer la dictature et l'Etat-patron.

Après 53 ans d'indépendance, il est nécessaire que l'Etat algérien ouvre les portes sur l'histoire et le combat mené par Messali Hadj et le Mouvement national pendant plus d'un demi-siècle.

* Ancien compagnon de Messali Hadj