Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Procès de l'autoroute Est-Ouest : La défense dénonce les pratiques du DRS

par M. Aziza

La majorité des avocats de la défense des 16 accusés ont mis l'accent lors de leurs plaidoiries sur les pratiques de la police judiciaire du DRS à l'encontre de leurs clients.

L'avocat de Hamdane Salim Rachid (directeur de planification au ministère des Travaux publics), maître Miloudi, a dénoncé devant le magistrat le comportement de certains éléments de la police judiciaire depuis l'arrestation jusqu'à la détention de leur client. Pour l'avocat, «il faut aujourd'hui sévir, il faut écarter ce genre d'éléments du corps de la justice, car c'est eux qui sont en train de ternir l'appareil judiciaire, il faut les remplacer par d'autres éléments qui peuvent faire leur travail sans toutefois toucher à la dignité des personnes, quelle que soit l'affaire», recommande-t-il.

L'avocat de la défense a interpellé la conscience du procureur sur cette question. «Il est vrai que le ministère public doit défendre et protéger l'argent public, mais il a en outre la responsabilité de veiller sur les libertés collectives». Et d'ajouter que «le procureur a requis une peine très, très lourde à l'encontre de Hamdane et une peine injustifiée à l'encontre des sœurs Ghrib».

L'avocate du groupe japonais Cojaal abonde dans le même sens en affirmant que malgré tout ce qui a été dit par rapport à ce procès, une chose est positive. «C'est pour la première fois que des accusés parlent ouvertement en toute la liberté sur les pratiques de la police judiciaire, c'est un premier pas important pour que cela ne se reproduise plus ».

Maître Maachou Kamel, l'avocat de l'entreprise espagnole «Isolux», a dénoncé, dans le même contexte, certaines parties qui veulent créer des litiges entre les institutions, en faisant référence aux déclarations des deux avocats, le Français William Bourdon et le Luxembourgeois Philipe Penning. L'avocat s'est insurgé contre l'attitude des avocats étrangers qui ont dénoncé les services de renseignements en les accusant d'avoir torturé le principal accusé dans cette affaire Chani Medjdoub. Maître Maachou a affirmé qu'il ne faut pas incriminer toute une institution pour une erreur commisse par l'un de ses éléments. Et sur l'histoire de soi-disant plainte que voulait déposer l'avocat français au Haut-commissariat des droits de l'homme de l'ONU, et l'envoi d'une commission rogatoire en Algérie pour enquêter sur la détention arbitraire de leur client, maître Maachou a clairement précisé que «la stabilité de l'Algérie et la souveraineté de l'Algérie est une ligne rouge ». Le juge intervient pour le rassurer. «Ils ont été remis à leur place, la preuve, ils ne sont plus parmi nous ils ont pris la fuite », a-t-il indiqué pour fermer la parenthèse.

L'avocat de l'entreprise espagnole a plaidé l'innocence de l'entreprise «Isolux» en rejetant toutes les accusations à l'encontre de son client. Et d'affirmer que cette entreprise qui est aujourd'hui accusée d'avoir versé des pots-de-vin, sans preuve tangible, a été félicitée pour son sérieux par le 1er ministre Abdelmalek Sellal.

L'avocat de la défense des frères Bouzenacha, pour sa part, a dénoncé les violations des procédures judiciaires et certains vices de forme, relatifs à la détention de leur client et bien d'autres accusés dans l'affaire. Il explique que les 16 accusés ont été auditionnés durant 13 jours par le juge instructeur sans que ce dernier n'ait pris la peine d'établir un procès-verbal de constat. Ils ont été interrogés sans savoir qu'ils allaient être placés en détention.

Le président du tribunal criminel d'Alger, Tayeb Hellali, intervient en affirmant qu'il n'est pas là pour couvrir les violations commises par le juge instructeur. «La justice ne doit pas endosser les erreurs des personnes médiocres», poursuit-il en s'interrogeant : «Qu'est-ce qu'aurait coûté d'établir un PV de constat ? Une feuille à remplir seulement».

COJAAL RECLAME SON ARGENT AU DERNIER DOLLAR

L'avocate de la défense du groupe japonais Cojaal, Maître Bouchnaiefa, a rejeté toutes les accusations formulées contre son client. Et d'affirmer que le seul crime qui a été commis par Cojaal est le fait d'avoir recouru à l'arbitrage international pour réclamer son argent relatif aux mesures d'accompagnement.

Et d'ajouter que le groupe japonais connu pour son sérieux a eu recours à l'arbitrage international après avoir frappé à toutes les portes. «Le directeur des projets à l'ANA a refusé de les recevoir». Et d'affirmer qu' «il est vrai que Cojaal a restitué les véhicules, les téléphones et certains biens utilisés par les cadres de l'ANA, mais cela ne boucle pas les frais et la somme réclamée». Elle conclut: «S'il reste un dollar, Cojaal doit le récupérer».