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La lourde facture de l'hépatite

par A. Mallem

Selon des professeurs et des médecins spécialistes du service «infectieux» du Chu de Constantine, qui se sont exprimés jeudi en marge d'une journée scientifique organisée à la faculté de médecine du Chalet des Pins, le coût inaccessible de la bithérapie de l'hépatite C, qui touche 3,5% de la population algérienne, constitue aujourd'hui le seul frein qui empêche d'atteindre un haut degré de bons résultats dans le traitement de cette pathologie.

Ainsi, d'après le professeur Abdennour Djamel-Eddine, spécialiste en maladies infectieuses de l'établissement hospitalier, «le traitement par bithérapie coûte près d'un demi-milliard de centimes par malade et le même qui est fait par la méthode plus récente de trithérapie atteint un milliard». Et d'expliquer que pour les malades dont le cas ne répond pas à la bithérapie et à la trithérapie, des molécules de nouvelle génération viennent d'être lancées sur le marché en 2014 dans certains pays occidentaux, dont les Etats-Unis d'Amérique et le traitement avec ce médicament coûte entre deux à trois milliards de centimes. Et, il faut attendre l'arrivée de ce nouveau médicament en Algérie. «Les traitements par bithérapie et la trithérapie sont actuellement disponibles dans notre pays. Le traitement initial qui est la bithérapie, existe en Algérie depuis 2011, mais ne donne pas des résultats à 100% parce qu'il y a plusieurs types de virus. Le type 1, par exemple, donne 40 à 50% de bons résultats et le type 2 ne peut atteindre que 70%, mais avec des effets secondaires indésirables.

Jusqu'à présent, a poursuivi notre interlocuteur, on n'a jamais eu de problème pour la mise à disposition des deux formes de traitement car, il faut le dire, le gouvernement a toujours veillé à la disponibilité de ces traitements, même à des prix coûteux». Et avec ça, il y a 400.000 personnes qui sont atteintes de cette maladie en Algérie, dont la plupart s'ignorent parce que la maladie évolue sans faire de bruit. A Constantine, leur nombre se situe entre 36.000 et 40.000.

Dans une communication faite à la 13ème journée médicale organisée jeudi dernier par l'EPH El-Bir de Constantine sur le thème «les hépatites virales, mieux vaut prévenir que guérir», le Dr. Chaaraoui, maître-assistante au service des maladies infectieuses du CHU de Constantine, a soulevé aussi le problème du dépistage de l'hépatite C, «qui est très insuffisant en Algérie», a-t-elle dit, avant de poursuivre en insistant sur le besoin de garder cette notion essentielle de dépistage et de sensibiliser la population en général et surtout les médecins généralistes «pour qu'ils prennent conscience de l'importance de cet acte afin de pouvoir traquer les maladies qui n'ont aucun signe clinique». Et de plaider la recherche des malades pour les diagnostiquer. «Nous n'allons pas attendre que le malade atteigne un stade tardif pour pouvoir le dépister. C'est ça l'intérêt du dépistage», a-t-elle souligné à la fin.

Enfin, pour le Dr. Messass et Latifa, médecin-chef du service infectieux à l'EPH Hafid Boudjemaa de la cité El-Bir de Constantine, organisatrice de la journée médicale à laquelle ont participé plus de 250 praticiens venus de plusieurs wilayas de l'Est, tous les médecins généralistes et spécialistes doivent participer à ce genre de manifestations qui rentrent dans le cadre de la formation continue initiée par le ministère de la Santé publique et qui sont devenues maintenant obligatoires. «Nous avons opté pour cette pathologie parce qu'elle pose un sérieux problème de santé publique en Algérie», souligne-t-on.