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Attendue depuis
quelques jours déjà, la réaction «officielle» de la Coordination des
associations de protection du patrimoine naturel et culturel de la wilaya
d'Oran sur le projet de mise en concession de 13 parcelles forestières pour la
création de forêts récréatives est finalement tombée ce vendredi sous forme
d'un communiqué. Une réaction officielle dont le ton contraste outrageusement
avec l'intensité du ressentiment que cette annonce avait suscité parmi les
citoyens et les défenseurs du caractère public inaliénable du patrimoine
forestier. Elle contraste également avec le ton, nettement plus engagé, que
certaines associations, membres de cette même coordination, avaient exprimé
auparavant, à titre individuel. Néanmoins, les 11 associations composant cette
Coordination semblent s'être convenues sur une sorte de SMIG de revendication.
Dans son communiqué, la Coordination des associations de protection du
patrimoine naturel et culturel de la wilaya se prononce «pour la suspension des
mesures de concession des forêts» par «précaution», a-t-elle souligné. Une
position justifiée par le risque « de mettre en danger les équilibres naturels
de la biodiversité et la privatisation de facto de ces biens publics
inaliénables ». Des craintes particulièrement justifiées « si un encadrement
juridique et pratique n'était mis en place au préalable », a-t-on tenu à
préciser. Au moment où le ministère de l'Intérieur a décidé de mettre fin à la
concession des plages après avoir constaté le non respect par les
concessionnaires des règles les plus élémentaires en la matière, l'idée de
mettre en concession les forêts, pour une durée de 20 ans semble,
paradoxalement, bien tolérée par le mouvement associatif chargé de la défense
du patrimoine naturel et culturel.
Ouvrir le débat sur une question aussi cruciale que celle de la concession des forêts et l'élargir à toutes les tranches de la société devient dès lors plus que primordial, y compris pour les partisans de cette privatisation. Car sans l'adhésion totale des citoyens oranais, une telle mesure ne peut être que réprouvée et ne ferait que briser la confiance fragile entre le citoyen et son administration. Pour un tel projet, les autorités locales, les élus, la société civile gagneraient tous, en exigeant le maximum de garanties. En partant du principe que le fait que de nouvelles lois autorisant l'usage des forêts récréatives ne l'imposent pas nécessairement, on ne peut qu'aborder cette question avec sérénité et responsabilité. Aussi, la création de forêts récréatives, si cela traduit une quelconque orientation stratégique des autorités locales pour consolider le potentiel touristique de la wilaya, ne dépend pas nécessairement de l'investissement privée. L'Etat a assez de moyens financiers, et il l'a déjà fait, pour recourir à l'investissement public. Il serait, cependant, dommageable même dans la perspective d'une concession aux privés, d'ignorer ces faits qui restent des atouts majeurs pour toute administration. Enfin la plus simple des garanties et la plus élémentaire serait de ne surtout pas se précipiter en mettant, d'un seul coup, 182 ha d'espace forestier, dans un projet censé, à la base, être un projet pilote. |
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