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Hillary candidate à la Maison Blanche : La Fondation Clinton refusera tout don de l'Algérie

par Moncef Wafi

La Fondation Clinton a annoncé, publiquement, mercredi dernier, prendre ses distances avec l'Algérie. Plus explicitement, la Fondation, dirigée par le couple Clinton ainsi que leur fille Chelsea, refuse, dorénavant, les dons provenant de l'État algérien, rapportait, ce jeudi, la presse américaine. L'Algérie fait partie d'une liste de 10 gouvernements étrangers, anciens donateurs, arabes pour la plupart, qui ne sont plus autorisés à effectuer un don à la fondation. Ainsi, on retrouve au rang des pays indésirables, aux côtés d'Alger, l'Arabie Saoudite, le Qatar, Oman, les Émirats arabes unis ou encore le Koweït, l'Italie, Brunei et Taiwan. Cet assainissement de la liste ne concerne, pourtant pas, certains pays comme l'Australie, le Canada, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège et le Royaume-Uni. Une décision médiatisée qui serait une conséquence directe de l'annonce, faite par Hillary Clinton, de se présenter aux élections présidentielles américaines. La Fondation a, également, décidé de rendre publique sa liste de donateurs, chaque trimestre, plutôt qu'une fois l'année, preuve de la transparence de son financement. Le porte-parole de la Fondation, Craig Minassian, a, en outre, défendu l'ancienne politique d'information annuelle qui est allée «au-delà ce qui est nécessaire, en divulguant, volontairement, le nom de plus de 300 000 donateurs sur notre site». Les raisons de cette liste expulsive sont à chercher dans la divulgation, par «Le Washington Post» d'un don d'un demi-million de dollars d'Alger, en 2010, à la Fondation Clinton, à titre d'aide en Haïti, sans qu'elle ne le rende public. L'ancien président américain Bill Clinton avait offert, en 2008, de soumettre les activités de sa fondation la «William J. Clinton Foundation» à un examen éthique et d'identifier les donateurs de sa fondation, si sa femme, Hillary, devient secrétaire d'Etat. L'intérêt était d'apaiser les inquiétudes de la Maison Blanche, concernant de possibles conflits d'intérêts si Hillary Clinton est choisie pour mener la diplomatie américaine. Si Bill Clinton a accepté de rendre publics tous les noms des nouveaux donateurs à sa fondation, le demi-million de dollars des Algériens, alors que Hillary était à la tête des Affaires étrangères américaines depuis 2009, pouvait porter un sérieux coup à la suite de la carrière politique de sa femme. Et pour cause, les Républicains soupçonnent que ces 500.000 dollars, transférés à la fondation Clinton, ont coïncidé avec une augmentation du nombre de visites de lobbyistes algériens à Washington. Un lobbying qu'on dit lié aux questions des droits de l'Homme et aux relations entre l'Algérie et les USA, selon toujours «Le Washington Post». Il n'en fallait pas plus aux Républicains qui ont crié au «conflit d'intérêt» à propos des dons de l'Algérie et d'autres gouvernements étrangers, exigeant que l'argent soit retourné. Le Parti républicain insiste et affirme que cette affaire montre que Mme Clinton pourrait être influencée par des donateurs étrangers si elle était élue à la Maison Blanche, en 2016. Même si le don algérien n'a pas été sollicité, selon la ligne de défense de la fondation, il n'en demeure pas moins qu'il a correspondu, selon le journal proche des démocrates, à un «pic» dans les dépenses du lobby algérien, auprès de Washington, pour atteindre 422.097 dollars, selon les documents déposés en vertu de la loi sur la ?Foreign Agents Registration' (FARA). La ?Sunlight Foundation', une ONG américaine, elle, pointe du doigt l'accroissement des rencontres au département d'Etat, dont des responsables de haut niveau, organisés par les lobbyistes du pays alors que la moyenne annuelle de ces visites n'est pas significative. Le journal américain rappelle que le rapport du département d'Etat sur les droits de l'Homme, de 2010, notait que les principaux problèmes en Algérie résident dans les «restrictions à la liberté de réunion et d'association» et évoque une «corruption généralisée et un manque de transparence».

Pour sa part, la Fondation avait reconnu avoir accepté des millions de dollars de 7 gouvernements étrangers, tandis qu'Hillary Clinton était secrétaire d'État, y compris une donation qui a violé l'accord de l'éthique de la fondation avec l'administration Obama.