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La CAN oui peut-être mais pas trop non plus!

par Salim Metref

Que ceux qui pourraient sombrer dans la déprime et la mélancolie, à propos de l'organisation de cette coupe d'Afrique des Nations de 2017 qui ne nous a pas été attribuée, se rassurent. C'est un non-évènement malgré les fortes attentes des aficionados et des accros de la balle ronde. Ce n'est pas, non plus, l'ouragan ni la tempête, car ce qui compte, aujourd'hui, n'est pas d'être influent dans les instances dirigeantes du football africain ou même mondial dont tout le monde connaît les arcanes et le fonctionnement. Ni de recourir à la diplomatie pour le devenir car le noble usage de cette dernière est bien plus utile, ailleurs, surtout lorsque l'on sait, aussi, que la seule arme qui compte, en termes de lobbying sportif, est, semble-t-il, sonnante et trébuchante. Ni d'appréhender et de disséquer ce non-évènement sous le prisme étroit des bisbilles entre responsables du sport, en Algérie et encore moins de dire que l'Algérie s'effondre où tomberait de haut.

Ce qui compte n'est pas, non plus, de devenir une grande nation du football ; les Etats-Unis, la Russie, la Chine ne le seront, sans doute, jamais, et nous ne le deviendrons jamais, nous aussi, surtout lorsque l'on connaît tout le mal que nous vouent ces jaloux qui n'hésitent pas, lorsqu'ils sont pris à la gorge, à venir quémander quelques sous à nos portes.  

Ce qui compte, aussi, n'est pas de savoir pourquoi cette CAN soit domiciliée, ailleurs, ni de dire que c'est la faute à Ebossé et à sa mort tragique, lui qui a trouvé, en Algérie, travail, gîte et amitié. Ni de prétendre que c'est la faute au travail de sape de ceux qui pensent que notre pays aurait dû faire partie de cette armée de coalisés arabes qui guerroient contre la rébellion houtie, au Yémen, terre d'Islam. Ces houtis qui appartiennent à la branche chiite la plus proche du sunnisme et qui ont, par ailleurs, toujours vécu en paix avec les autres.

Ce qui compte n'est pas que l'Algérie rate l'organisation de la CAF, cet événement tout comme celui de la chute du prix de pétrole sont une bénédiction du Ciel puisqu'ils constituent une opportunité inouïe pour nous remettre en cause, développer une véritable économie créatrice d'emplois et de richesses et repenser toutes nos institutions sportives.

Mais ce qui compte et qu'il ne faudra, sans doute, jamais rater, est ce destin que notre histoire, notre passé et les défis du présent exigent que nous accomplissions et ne cessent de nous prédire. Etre et devenir, le plus tôt possible, cette plus grande puissance militaire, économique et financière d'Afrique et cette nation incontournable, dans l'espace euro-méditerranéen et même au-delà, encore, à l'image de toutes ces puissances émergentes comme la Chine, la Malaisie ou ré-émergentes comme l'Iran.

Et comme nous avons, toujours, eu une longueur d'avance et le dire n'est pas prétentieux, devenir la plus grande démocratie régionale, nous qui avons connu aussi la contestation, le feu et l'effusion de sang, bien avant les autres. Et puis rester fidèles et surtout justes. Respecter la sacro-sainte intangibilité des frontières d'un pays tiers et l'inviolabilité de sa souveraineté. Et après le Mali, la Libye, il faut, aussi, donner du temps aux factions yéménites de discuter, ensemble, et d'explorer les possibilités de coexister, pacifiquement, dans le respect absolu des différences si, véritablement, elles existent.

Oui, la croisade militaire contre le Yémen fait plutôt pleurer. Le monde musulman est de nouveau agressé jusqu'en ses derniers retranchements, avec la seule nuance que, cette fois-ci, les sous-traitants sont arabes. Finis les drones, finies les opérations aéroportées, fini le recours aux organisations occidentales, notamment américaines de recrutement de mercenaires. La parade est trouvée, envoyer, à présent, les armées arabes au casse-pipe quitte à leur assurer, au passage, couverture satellitaire et assistance à distance.

Mais de qui se moque-t-on ? La position algérienne de ne pas faire participer notre armée à ce qui ressemble à une véritable violation de la souveraineté du Yemen, est conforme à un corpus doctrinal forgé durant la guerre de Libération nationale, conduite contre le colonialisme français. Nos soldats et nos infrastructures et capacités militaires n'auront, jamais, vocation à être utilisés, en dehors de notre pays et l'Algérie ne ripostera, de manière expéditive et puissante, qu'à toute tentative d'intrusion dans son territoire et ne violera, jamais, la souveraineté d'un autre pays. Alors diriez-vous, la diplomatie au Mali oui c'est bien, en Libye aussi et pourquoi pas au Yemen ? mais au fait en Algérie c'est pour quand ?

Le changement s'effectue, parfois, à notre insu. Il s'inscrit dans une dynamique que l'on ne perçoit pas, nécessairement, mais qui s'accomplit malgré la peur, le non-droit et la répression et sans que l'on ne sente, pour l'instant, ses effets. Oui l'Algérie n'aura jamais un destin d'épicier ni de protectorat et encore moins de maîtres et d'esclaves. Et ceux qui croient croquer le sucre et boire le miel auront les braises dans le ventre. Ce pays est béni d'Allah. Et puis le courage, enfin, c'est comme remonter le Mékong à la nage, alors la coupe d'Afrique, il faut aller la chercher à Libreville.