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Un chiffre avancé par Sellal : 3.700 milliards de dinars dans le circuit informel

par Zahir Mehdaoui



Le gouvernement sort ses griffes et décide de frapper très fort les importateurs indélicats qui ont utilisé tous les subterfuges imaginables pour transférer illégalement des devises vers l'étranger et du coup amasser des fortunes colossales.

Première action d'envergue, la prochaine loi de finances complémentaire (LFC), qui sera promulguée dans un mois, prévoit le retour aux licences d'importation. C'est ce qu'a annoncé, hier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui n'a pas essayé de cacher l'ampleur de la fraude dans le circuit de l'import en Algérie.

Le Premier ministre, qui s'exprimait à l'ouverture des assises du commerce extérieur, organisées par le ministère du Commerce au Palais des nations à Alger, a fait savoir que désormais l'Etat est déterminé à mettre un terme à toutes ces pratiques de fraude et de contrebande auxquelles s'adonnent de nombreux importateurs.

La LFC 2015 « comprendra des décisions et des mesures visant à assurer une meilleure maîtrise du commerce extérieur à travers, notamment, la lutte contre la corruption et la fraude dans le financement des importations pour mettre fin à l'anarchie qui caractérise cette activité », dira le Premier ministre qui ajoute qu' « il est inacceptable que des gens importent des mulets alors qu'ils ont déclaré à la douane qu'il s'agissait de chevaux pur sang». «Grace au crédit documentaire les banques paient à l'avance des marchandises qui ne sont même pas arrivées en Algérie », a regretté le Premier ministre qui a omis cependant de rappeler que le crédit documentaire est l'œuvre du gouvernement et avait soulevé pour rappel également un tollé général lorsqu'il a été promulgué en 2009 à travers une loi de finances complémentaire dont certains articles ont été dénoncés par de nombreux producteurs algériens en ce temps-là.

Le durcissement de la législation ne veut pas dire le retour au monopole de l'Etat, rassure cependant le Premier ministre qui souligne que les accords de commerce et de partenariat passés avec l'Union européenne et les pays arabes seront respectés. «Il est temps de créer une classe d'exportateurs et d'importateurs professionnels et cela produit par produit, branche par branche», a tonné Sellal qui promet une plus grande vigilance des banques. Même s'il n'a pas été alarmiste dans son discours, Sellal n'a pas toutefois dissimulé la dure réalité économique à laquelle doit faire face désormais l'Algérie du fait de la baisse du prix du baril de pétrole. «93% de nos exportations proviennent des hydrocarbures», a tenu par ailleurs à rappeler Sellal qui souligne que même si la situation macro-économique de l'Algérie est stable du fait de ses réserves de change, les liquidités bancaires et son fonds de régulation, il n'en demeure pas moins que la diversification de l'économie est une nécessité, voire un impératif.

Le Premier ministre a plaidé hier pour le renforcement de l'outil de production national (public et privé) pour développer davantage le commerce extérieur, qui est, selon lui, la première ligne pour le développement de l'économie.

Sellal a, en outre, considéré que le retour au crédit à la consommation, qui entrera prochainement en vigueur, contribuera également à l'amélioration de la maîtrise du commerce extérieur en soutenant la production nationale et, partant, en réduisant la facture des importations. Des instructions sont données afin de financer l'outil de production national, a noté le Premier ministre qui fait état d'un montant de 2.400 milliards de DA de liquidités dont disposent les banques algériennes alors que de l'autre côté il y a, selon Sellal, pas moins de 3.700 milliards de DA qui circulent dans le circuit informel.

A noter que plusieurs ministres sont intervenus hier à la rencontre placée sous le haut patronage du président de la République.

On citera notamment le ministre du Commerce, Amara Benyounes, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le ministre des Finances, Mohamed Djellab, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, ainsi que le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi.

D'autres responsables, à l'image du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, le président du CNES, Mohamed Babès et le président du FCE, Ali Haddad, sont également conviés à intervenir durant ces assises dont les travaux se dérouleront durant deux jours qui seront sanctionnés par plusieurs recommandations dans la perspective de développer le commerce extérieur.