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Israël, ses erreurs et ses horreurs : Arabes et Juifs, ni cousins ni voisins ?

par Mohamed Louhibi * 

2ème partie

En avril 1974 Golda Meir démissionna et mourut en 1978 laissant en héritage les conséquences tragiques de son autisme criminel à l'égard autant des Palestiniens que des Juifs qui aspirent sincèrement à vivre en paix dans un pays comme les autres, ce qui relève apparemment de l'utopie.

Menahem Begin, adepte zélé du sionisme révisionniste fondé en 1920 activant pour un Etat indépendant exclusivement juif intégrant même la Transjordanie dès l'age de 16 ans, « la valeur n'attend point le nombre des années», devint membre permanent très actif de l'organisation de jeunesse paramilitaire des révisionnistes appelée BETAR. Très tôt il prit la direction de l'IRGOUN, organisation clandestine (fondée en 1937 par le parti révisionniste) activiste à outrance à l'égard des Palestiniens et de la Grande-Bretagne surtout après la publication du livre blanc de 1939 limitant l'immigration juive à 75.000 individus répartie sur cinq ans. En réplique sont créés des réseaux d'immigration clandestine.

Durant une partie de la Deuxième Guerre mondiale, les attentats anti-britanniques ayant débuté en 1940 par l'IRGOUN seront suspendus et reprendront dès décembre 1943. De sinistre mémoire, l'assassinat collectif de 250 Palestiniens habitant le village Deir Yassin le 9 avril 1948 tout comme le dynamitage le 22 juillet 1946 de l'hôtel King David de Jérusalem (91 morts britanniques) qui abritait le siège de l'administration britannique, sont des crimes imputables à son organisation terroriste l'IRGOUN qui prit une part décisive au martyre et à l'exode des Palestiniens.

L'extrémisme ambitieux de Begin inquiéta Ben Gourion qui fit bombarder et couler l'Altena, un bateau chargé d'armes destinées à l'IRGOUN sur lequel se trouvait Begin qui eut la vie sauve de justesse.

Terroriste et extrémiste à outrance il agit pour rétablir le peuple juif dans « toute sa terre » de part et d'autre du Jourdain.

Après la guerre de juin 1967 les territoires conquis et occupés permirent une concrétisation des théories de Begin aboutissant ainsi à un consensus national par l'occupation de près de 70% de la Palestine historique.

L'anti-socialiste, rival et ennemi de Ben Gourion, fort de son aura, devint ministre dans le gouvernement d'union nationale dès le 1er juin 1967 formé à la veille de la guerre des Six-Jours. Sa carrière politique fut couronnée par la première victoire aux élections législatives du Likoud qui le fit désigner le 17 mai 1977 Premier ministre.

Après les accords de Camp David en 1978, qui divisa les Arabes on ne peut mieux, le voilà grisé par ses succès, envahissant le Liban en 1982 sur les conseils de son ami le sinistre Sharon, aventure meurtrière qui lui imposa de quitter la politique.

Itzhak Rabin mena aussi une lutte militaire et politique sans merci contre les Palestiniens mais comprit à un moment que la création de deux Etats serait le prix à payer pour la paix et la survie d'Israël.

Sa lucidité bien tardive lui coûta la vie le 4 novembre 1995 suite au harcèlement de la droite et des partis religieux l'accusant de traîtrise, d'abandon et de tous les maux, chauffant l'opinion à blanc, à quelques exceptions près, comprenant que son réalisme aurait abouti à une solution définitive.

Elle aurait été historiquement inéquitable dans un premier temps mais néanmoins préférable à l'impasse actuelle.

Il est clair que la force arbitraire et brutale signifie que « la solution ne sera jamais militaire mais politique » comme il le disait.

En Juillet 1948, âgé de 26 ans il s'illustra sinistrement dans l'expulsion de 70.000 Palestiniens de Lydda et de Ramallah, deux mois après la proclamation de l'Etat d'Israël, le 14 mai 1948. « Manière de voir » n°98 page 50 édité par le Monde Diplomatique se réfère à la version originale des mémoires de Rabin reproduite par le New York Times qui, dans son numéro du 23 octobre 1979, confirma qu'il participa pleinement à l'expulsion brutale et sans équivoque de 70.000 Palestiniens avec Allon et l'accord explicite de Ben Gourion.

La citation de Rabin relative à la question a été soustraite dans la traduction française des mémoires de Rabin. Il devient chef d'état-major en 1964 après y avoir été affecté en 1950. En 1967 il joua un rôle déterminant dans la guerre des Six-Jours au cours de laquelle l'Egypte fut agressée et son aviation clouée au sol avant même qu'elle ait pu réagir.

L'attaque et ses conséquences vécues comme une humiliation de l'Egypte et du monde arabe génère à ce jour ses conséquences inextricables.

Feu notre regretté président Boumediene en 1967 comme en 1973 conseilla de ne pas accepter de cessez-le feu et de laisser Israël s'enliser dans l'occupation de vastes territoires, ce qui aurait inévitablement généré la résistance armée des peuples envahis défendant terres et dignité, comme le fit le Hezbollah au Liban lors de l'agression du 12 juillet au 14 août 2006.

Ambassadeur aux USA de 1968 à 1973, Rabin œuvra sans relâche pour le renforcement des liens entre les deux pays en relation avec l'important lobby sioniste menant un travail en profondeur vis-à-vis du congrès pour obtenir armes ultra sophistiquées, crédits et aides à fonds perdus. Le maintien illégal d'un compte en banque aux USA par sa femme lui imposa de démissionner alors qu'il avait succédé à Golda Meir en 1974 après le coup très dur porté au mythe de l'invincibilité de l'armée israélienne en octobre 1973 par les armées égyptienne et syrienne.

Sa démission ouvrit la voie à la première victoire de la droite aux élections législatives, il réapparaît comme ministre de la Défense en 1984, mit au point le retrait israélien du Liban finalement envahi tant de fois.

Le bombardement du quartier général de l'OLP à Tunis qui engendra 60 morts civils, figure dans son sinistre palmarès.

En 1987 éclata la première Intifadha au cours de laquelle les militaires israéliens, sur son ordre personnel ainsi donné « cassez leur les os » s' y livrèrent sans retenue, il en résultera au moins 400 morts chez les Palestiniens.

En 1988 il fit assassiner à Tunis Abou Djihad, le plus proche compagnon de Yasser Arafat.

Redevenu Premier ministre, il fit expulser 450 islamistes palestiniens au Liban en 1992.

Les négociations entreprises secrètement après une reconnaissance mutuelle entre l'OLP et Israël aboutirent laborieusement aux accords d'Oslo officialisés par leur signature à Washington le 13 septembre 1993.

En 1994 il marqua une hésitation certaine à l'égard des colons extrémistes suite au massacre commis par le fanatique Baruch Goldstein assassinant plusieurs pèlerins palestiniens pacifiques au tombeau des patriarches à Hébron d'où un doute certain sur sa détermination quant à mener son action pour la paix jusqu'au bout, y compris par le fait de montrer un minimum de fermeté à l'encontre des ennemis de la paix.

Sa veuve ne décolère jamais à l'égard de Shimon Pères qui ne sut tirer aucun profit politique de l'émotion suscitée par son assassinat.

Les hésitations de ce dernier et sa stratégie ouvrirent la voie royale à Nathan Yahu et à la droite comme dit plus haut pour remporter les élections législatives.

Ainsi se termina de façon tragique la vie de Rabin qui incarna un moment l'espoir de voir la tragédie palestinienne prendre fin pour la tranquillité des deux peuples, de celle de la région, du monde musulman et du monde en général.

Ariel Sharon, le boucher de Sabra et Chatila, fossoyeur de la paix figure en bonne place parmi les criminels de guerre les plus connus de la planète, l'historien Tom Segev l'a décrit comme « resté identique à lui-même, un général qui regarde les Palestiniens à travers le viseur de son fusil même au soir de sa vie » et pour cause, né en 1928 sa carrière a débuté alors qu'il avait 14 ans, lorsque en 1942 il a rejoint la Hagana « la bonne école » qui fit de lui l'homme impitoyable et monstrueux connu pour ses « hauts faits de guerre » au Liban, à Ghaza voire même à l'encontre de la personne de Yasser Arafat dont les causes de la mort demeurent mystérieuses à ce jour.

En 1951 Moshé Dayan le nomma à la tête de l'unité 101 pour répliquer aux attaques des Palestiniens infiltrés. Agé de 25 ans en 1953, avec ses hommes, il dynamita toutes les maisons du village jordanien de Qibya engendrant au moins 60 morts et en violant le territoire de l'Etat jordanien comme il le fit si souvent avec le Liban.

Au mépris des conventions internationales sur les prisonniers de guerre il fit massacrer sans hésitation 50 prisonniers égyptiens par ses parachutistes après les accrochages du col de Mitla en Egypte lors de l'agression tripartite de 1956. Il mentionne « ce haut fait de guerre » personnellement dans ses mémoires.

Couvert par Rafael Eytan il ordonna à son bataillon d'assassiner 50 Fedaiyin totalement désarmés à Ras Sudar puis 68 prisonniers égyptiens toujours désarmés près de Charm Echeikh. Il donna un feu vert permanent à un escadron de la mort lui permettant d'assassiner sans limite dès le début des années 1970 des dizaines de combattants palestiniens pour « nettoyer » les camps de réfugiés.

En 1982 il est l'initiateur de l'invasion du Liban et contracte des alliances criminelles avec les phalanges libanaises. Prétextant la mort violente de Béchir Gemayel il commandita et facilita les massacres ignobles des camps de Sabra et Chatila du 16 au 18 septembre 1982.

Il prit une part active à la formation des miliciens phalangistes libanais par l'armée israélienne dont hommes lâches et sans honneur comme leur chef, ses officiers, assistèrent en se réjouissant du massacre des malheureuses victimes des camps.

Comme tout n'est jamais ni noir ni blanc, il s'en suivit que 400.000 israéliens indignés manifestèrent leur désapprobation à Tel-Aviv.

Il fut l'objet d'une petite admonestation suite au rapport de la commission Kahane qui reconnut sa responsabilité directe dans les massacres, alors qu'il était passible des juridictions criminelles israéliennes et plus encore internationales. Ministre de la Défense, il démissionna en février 1983.

Persévérant plus que jamais dans le crime et l'horreur, il deviendra Premier ministre en 1991 pour enterrer définitivement les accords d'Oslo, reprendre militairement la Cisjordanie, détruire l'Autorité palestinienne en évolution y compris la destruction de sa présidence où demeurait Yasser Arafat allant jusqu'à couper l'eau et l'électricité -Quel héroïsme et quel courage ! « A vaincre sans péril on triomphe sans gloire », a dit Corneille.

Sa carrière sanguinaire commencée à l'age de 14 ans s'achèvera à celui de 78 ans après 64 ans d'activités odieuses, lâches et criminelles par l'attaque cérébrale dont il fut victime, agonisant depuis le 4 janvier 2006 jusqu'à son décès en 2014, lui qui se plaisait à répéter sans cesse souvent avec une ironie cynique « la guerre d'indépendance de 1948 n'est pas achevée ».

Ehud Barak, devenu chef d'état-major, renforça les unités spéciales et ordonna des blocages répétés des territoires palestiniens et l'expulsion de quatre cents militants du Hamas vers le Liban, pays contre lequel il mena l'opération dite « Raisins de la colère » en 1996.

Fin mai 2000, chef du gouvernement et à l'initiative de Clinton, il fit semblant de souscrire à un accord de paix lors des discussions avortées de Camp David.

Tantôt adulé, tantôt contesté pour ses échecs en qualité de chef de gouvernement, il est ensuite nommé ministre de la Défense dans le gouvernement Olmert le 15 juin 2007 et dirigea l'opération « Plomb durci » contre Ghaza de fin décembre 2008 à janvier 2009 laquelle a causé 1400 morts palestiniens, des destructions massives y compris celles d'écoles, d'hôpitaux, des bâtiments des Nations unies, l'usage de bombes au phosphore et autres armes meurtrières fournies essentiellement par les USA.

L'objectif électoral de février 2009 incita Israël à commettre génocides et crimes contre l'humanité permit au parti travailliste dont Ehud Barack est le leader, d'obtenir seulement 13 sièges à la 18ème Knesset.

Il rejoint la coalition du gouvernement de Netanyahou en qualité de vice-ministre et ministre de la Défense. Tel est le vaillant combattant se disant l'homme le plus décoré de Tsahal dont les crimes de toutes sortes feront date dans l'histoire de l'humanité.

Benyamin Netanyahu a été dès sa naissance appelé a être un homme de l'extrême droite pure et dure. Ce petit-fils de rabbin, fer de lance du Likkoud, résolument hostile à la création d'un Etat palestinien, aux accords d'Oslo, artisan chevronné d'une répression sans merci à l'égard de la Cisjordanie et de la bande de Ghaza, persiste dans son radicalisme criminel et colonisateur.

Son père Benzion Natanyahu fut le secrétaire particulier du leader du sionisme révisionniste Jabotinsky dont même Mussolini, ce connaisseur en la matière, était impressionné par son ultra-fascisme.

En 1963 Netanyahu père émigra aux USA jugeant le pouvoir israélien trop mou et socialiste.

Après des études aux USA, âgé de 18 ans en 1967, il rejoint l'unité d'élite de l'armée israélienne, 7 ans après, soit en 1973, il retourna aux USA sous le nom de Ben Nitai, il opte pour la nationalité américaine et étudie l'économie au Massachusetts Institute of technology.

Il retourne en Israël en qualité de marchand de meubles puis rejoignit à nouveau les USA pour exercer aux côtés de l'ambassadeur d'Israël, Moshe Arens, du même bord politique que son père dont il était l'ami intime.

Il a encore changé de nationalité une fois de plus pour redevenir israélien après avoir été américain. Qu'importe, il n'était pas à un changement de nationalité près.

Il devint représentant d'Israël aux Nations unies en 1984, vice-ministre des Affaires étrangères en 1988 puis vice-ministre auprès du Premier ministre en 1991.

Après la victoire d'Itzhak Rabin, n'étant plus membre du gouvernement il présida aux destinées du Likoud déjà extrémiste qui adopta et pratiqua son fascisme et ses théories économiques ultra libérales empruntées au célèbre Milton Friedman.

Il est l'auteur de théories et de pratiques dites antiterroristes, lui, le super terroriste et condamna l'action de William Clinton en faveur de l'autonomie palestinienne déjà conditionnée par de multiples contraintes.

Clinton qui avait agi pour favoriser l'évolution de l'Autorité palestinienne fut piégé par l'affaire de Monica Levinska?.Il dirigea le gouvernement réactionnaire de 1996.. Il perdit les élections de 1999 remportées par Ehud Barak et revint au Likoud pour le rendre encore plus fascisant mais y trouva Ariel Sharon plus ultra que lui avec lequel une surenchère criminelle fut engagée contre les Palestiniens. Il se retrouve a nouveau Premier ministre depuis les élections législatives de février 2009 à la tête d'un gouvernement formé par une alliance hétéroclite comprenant Avigdor Lieberman, le fameux ministre des Affaires étrangères, juif russe. Il vient de remporter les dernières élections législatives du 17 mars 2015.Il initia le creusement du tunnel au bas de l'esplanade des mosquées, se fait un devoir de détruire la Mosquée d'El Aqsa et de s'approprier les lieux saints communs aux deux religions.

Nonobstant la volonté de Barack Obama, dont il assassine le rêve de relancer les négociations, il refuse obstinément de stopper la colonisation défiant ainsi les USA, l'Europe, le monde arabe et la communauté internationale, comme il le fit dès la première décade de mars 2010 lors de la visite de Joe Biden, vice-président des USA, venu relancer le processus de paix en annonçant encore la construction de 1600 logements à Jérusalem Est et il continue dans cette voie .

Il menace l'Iran du bombardement de ses sites nucléaires et ne cesse d'inciter les USA pour y recourir, voire à défaut de lui donner leur feu vert dans ce sens alors qu'Israël dispose de 300 têtes nucléaires (voir El Watan du 12/04/10) et n'a jamais souscrit au TNP.

Il veut empêcher l'Iran de se doter du nucléaire civil et a trouvé un allié en l'arabophobe et islamophobe déterminé, Sarkozy dans le sens de ses vues bellicistes et fit un voyage à Moscou pour inciter les Russes pour des sanctions contre l'Iran.

Les USA gèrent ce problème difficilement, étant déjà enlisés en Afghanistan, convaincus que l'Iran n'est pas l'Irak et que ce ne sera certainement pas une autre « promenade militaire » que de s'attaquer à ce pays disposant d'une profondeur naturelle et de moyens de réplique non négligeables aux conséquences imprévisibles. A suivre

* Avocat

Bibliographie :

Manière de voir N°98

Internet

Israël survivra t il ? par Theo Klein et Antoine Sfeir