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Israël, ses erreurs et ses horreurs : Arabes et Juifs, ni cousins ni voisins ?

par Mohamed Louhibi * 

1ère partie

L'IDEOLOGIE SIONISTE ET L'ETAT D'ISRAËL : RESULTAT D'UN PLAN ORGANISE POUR UNE CONQUETE COLONIALE ET GENOCIDAIRE.

La proclamation de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948, contrairement à l'idée d'un Etat refuge créé pour les rescapés de la Shoah est l'aboutissement d'un plan mûri bien avant la déclaration Balfour du 2 novembre 1917.

En 1882 est publiée l'auto émancipation suggérant la création d'un Etat juif comme parade à l'antisémitisme par Léo Pinsker, médecin juif originaire d'Odessa.

1892 vit la création de KADIMA, première organisation estudiantine juive à Vienne par Nathan Birnbaum, le premier à employer le terme sionisme.

L'appellation KADIMA fut reprise par Sharon, le boucher de Sabra et Chatila, de sinistre mémoire, pour son parti récemment créé.

En 1896 Théodore Herzel, journaliste juif hongrois, publia à Vienne l'Etat des Juifs et fonda en 1897 à Bâle l'organisation sioniste mondiale.

Ces résolutions déterminantes s'appliquèrent par la création de la Banque coloniale juive ayant pour objet le financement à des taux avantageux des achats de terres en Palestine et celle en 1901 du Fonds national juif, agissant dans le même but.

Le lecteur notera l'appellation Banque coloniale juive.

Décidés à lui faire brûler les étapes par ses promoteurs, le projet sioniste colonial par excellence fut passablement freiné dans son élan irrésistible par les deux guerres mondiales.

Si en 1903 le congrès sioniste a adopté le principe d'une installation, en 1905, réuni à Bâle, il décida résolument l'établissement d'un foyer national juif en Palestine.

Pour concrétiser rapidement toutes ses résolutions, le sionisme a développé une stratégie très claire. Idéologiques, politiques, militaires, financières et culturelles, elles furent les actes préparatoires du crime historique aggravé dont sont encore victimes les Palestiniens de nos jours, outre l'instabilité dangereuse marquant la région.

Toutes les mesures sus-citées devaient s'appliquer par des immigrations massives successives dites « aliyah » : retour en hébreu.

Ainsi en a-t-il été entre 1881 et 1883 de la première vague de milliers d'individus, suivie dès 1905 de la deuxième aliyah comprenant 40.000 immigrants, puis de la troisième en 1919 avec 35.000 Juifs originaires de Galicie (région d'Europe centrale) et de Russie comme les deux précédentes.

En 1928 la quatrième aliyah comprenait 60.000 et la cinquième 250.000 Juifs allemands.

Chiffres éloquents s'il en est, au point d'inquiéter la Grande-Bretagne, préoccupée par ses intérêts impérialistes et risquant la déstabilisation par le nombre massif, publia un livre blanc en 1939 pour limiter l'immigration à 75.000 personnes réparties sur cinq ans, ce qui évidement, ne fut jamais respecté.

Le premier livre blanc l'ayant été en 1922 reconnaissait la légitimité de la présence juive.

Entre 1948 et 1952, en provenance des pays arabes et d'Europe, ce furent 700.000 Juifs qui s'installèrent en Palestine.

Dès sa création l'Etat d'Israël s'activa plus encore dans cette voie comme il le fait encore en accueillant des Noirs, Juifs éthiopiens pour les utiliser aux sales besognes génocidaires.

Le Yemen vit 45000 de ses citoyens juifs rejoindre Israël par le moyen d'une opération secrète dite « Tapis Volant ».

L'opération Ezra et Neheme permit à 110.000 Juifs d'Irak de rejoindre Israël.

En 1950 la Knesset vota la loi « sur le retour » permettant a tout Juif d'immigrer et de devenir citoyen israélien.

En 1989, 500.000 Juifs en provenance de l'ex-URSS arrivèrent en Israël. L'immigration à partir de Russie et des pays de l'Est ne s'est jamais tarie au point de constituer un lobby électoral qui a permis à l'ultra-réactionnaire, Avigdor Lieberman, de devenir ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement en fonction jusqu'au 17 mars 2015.

Ces immigrants sont constitués des Askenazes originaires d'Europe et Sépharades venant des pays arabo-musulmans et dont ceux venant du Maghreb forment le plus gros des partis ultra-réactionnaires de l'extrême droite oubliant aisément leur cohabitation pacifique au sein de nos populations et l'accueil fait à leurs ancêtres persécutés fuyant l'inquisition hispano-portugaise.

Ils purent s'adonner à leur culte et à leurs activités librement comme ce fut le cas dans l'Espagne musulmane.

Tolérance et humanisme déployés tout au long des siècles d'histoire qui sont occultés totalement par les mythes arrogants, racistes, ultra-colonialistes de l'Etat d'Israël odieux et on ne peut plus islamophobe et arabophobe, voire même christianophobe à l'égard des Palestiniens chrétiens.

Les peuples arabo-musulmans accueillirent humainement, généreusement ces Juifs persécutés et firent preuve d'hospitalité et de tolérance légendaires à l'égard de ces victimes de l'intolérance inquisitoriale sous l'égide du sinistre inquisiteur général, Torquemada

Cette inquisition criminelle n'a pas survécu seulement jusqu'au début du 16ème siècle selon certains historiens.

Appliquée dans toute sa rigueur contre les Juifs, les marranes (juifs et musulmans convertis de force au christianisme continuant à pratiquer secrètement leur foi ) et les musulmans en Espagne et au Portugal a fait sa réapparition actuellement au grand jour sans retenue dans l'Etat raciste d'Israël et chez les promoteurs d'un certain débat sur l'identité nationale initié par Sarkozy.

Le fait colonial sioniste, inquisitoire, s'inscrit en droite ligne dans toutes les exactions coloniales commises par les puissances du même nom (Grande-Bretagne, France, Espagne, Portugal, Hollande, Allemagne)

DES ENFANTS DE LA SHOAH RECONVERTIS EN SIONISTES GENOCIDAIRES SPOLIATEURS

Le projet sioniste, se disant protecteur des Juifs persécutés, a eu recours à la formation militaire immédiate des survivants des camps de concentration pour les transformer en tueurs par la Haganah (défense en hébreu) organisation paramilitaire qui constitua le noyau dur des forces israéliennes.

La Histadrout, principal syndicat ouvrier créé en 1921, a recouru aussi à la formation paramilitaire de ses adhérents pour broyer du Palestinien.

En guise de syndicat n'aurait-il pas été aussi celui du crime organisé et prémédité ? Sans aucun doute, sous l'égide de David Ben Gourion, son premier secrétaire général de 1922 jusqu'en 1935, celui-là même qui fut le chef du premier gouvernement de 1948 à 1953 puis de 1955 à 1963.

Il pressa ses camarades d'accepter la proposition de Londres en 1936 préconisant la partition de la Palestine après que, initialement sporadique, la résistance arabe se généralisa cette année-là, en déclarant relativement au transfert arabe prévu « il nous donne pour la première fois de notre histoire un véritable Etat juif (?)

Un Etat hébreu partiel n'est pas une fin mais seulement un début (..) Nous y ferons venir tous les Juifs qu'il sera possible d'y amener (?) et alors je suis certain qu'on ne nous empêchera pas de nous installer dans d'autres parties du pays, soit en accord avec nos voisins, soit par tout autre moyen ». Préméditations des colonisations continues, forcées, violentes et génocides successifs de 1948 jusqu'à nos jours.

Il ordonna que le moins d'Arabes demeurent dans l'Etat juif lors des réunions en août, septembre et octobre 1948 sans instructions écrites à ses généraux en les instruisant pour faire leurs sales besognes, mais laissant entendre que ni lui ni le gouvernement ne devaient être impliqués dans des faits d'épuration ethnique condamnables.

Belle pirouette où le proverbe arabe disant « la volonté de cacher le soleil avec un tamis » s'applique pleinement.

Il se distingua en préparant dès 1955 l'attaque de Suez de 1956 aux côtés de Londres et de Paris. Moscou et Washington intimèrent l'ordre à Israël de restituer le Sinaï qu'il avait occupé.

Ainsi, les USA en profitèrent pour substituer leur influence dans la région à celle de la Grande-Bretagne. Ben Gourion, en faisant participer Israël à l'agression anglo-française contre l'Egypte, a montré sa fonction de sous-traitant au service d'un impérialisme évident.

Profitant du rapprochement franco-israélien, il convainquit les socialistes français dont Guy Mollet, chef du gouvernement, grâce aux efforts de Shimon Pères, pour que la France dote le sionisme agresseur de l'arme atomique, manifestant « son amitié » à l'égard des Arabes en ajoutant un peu plus de feu au chaudron moyen oriental. Sa complicité a des conséquences agissantes et graves manifestant l'arrogance et l'intransigeance actuelles d'Israël.

Evoquons les « prouesses » de Shimon Pères qui partagea le prix Nobel de la paix avec Itshak Rabin et Yasser Arafat, ce qui n'effacera en rien aucune d'entre elles avant et après son attribution.

Successeur de Rabin après son assassinat le 4 novembre 1995, il n'en sut rien tirer profit politiquement pour remporter les élections qui s'en suivirent permettant ainsi à Netanyahou de les gagner le 29 mai 1996 et auquel il ouvrit une voie royale en ordonnant l'exécution de l'ingénieur du Hamas le 5 janvier 1996 d'où une vague d'actions commises par celui-ci en réaction et l'intervention du Hezbollah générant la guerre sanglante contre le Liban.

Telle est la « colombe » Shimon Pères grand pourvoyeur en armes des forces juives qu'il obtint aux USA dès 1947 s'ajoutant à celles déjà fournies par l'Union soviétique dès cette époque.

La complicité criminelle franco-israélienne, initiée par Guy Mollet chef du gouvernement français, Bourges Maunoury ministre de la Défense et Shimon Pères, aboutira au transfert de toutes les technologies nucléaires à Israël aidée en cela aussi par la Grande-Bretagne.

Vice-ministre de la défense en 1959 il joua un rôle déterminant dans la création du centre nucléaire israélien de Dimona dans le Néguev. Israël actuellement négocie la création d'un autre site nucléaire.

C'est donc grâce à nos « amis » socialistes français et à la Grande-Bretagne que le rapport de force au Moyen-Orient s'en trouve totalement bouleversé.

Israël, l'Etat créé pour permettre aux persécutés du nazisme de disposer d'une patrie a mis au point sa bombe A en 1966 et sa bombe H dans les années 1970. Arrogant plus que jamais il refuse de signer le TNP et toute initiative tendant à réduire la prolifération et les risques nucléaires, d'où son refus de participer à la conférence sur la sécurité intervenue mi-avril 2010 aux USA.

Belles prouesses dues à certains gouvernants de la « patrie des droits de l'homme » que bon nombre de Français pacifistes n'auraient pas acceptées s'opposant ainsi pertinemment à la course aux armements nucléaires.

L'opportunisme de Shimon Pères homme de gauche l'incita à adhérer pleinement au gouvernement réactionnaire de Sharon après trois décennies d'un socialisme guerrier, impérialiste à outrance.

Il est l'un des fossoyeurs majeurs des accords d'Oslo qui lui valurent pourtant de partager le prix Nobel de la paix?et quelle paix !

C'est cette « colombe » membre influent du parti travailliste durant soixante ans, porteuse d'une bombe A sous son aile gauche, d'une bombe H sous son aile droite qui adhéra au parti Kadima créé par Sharon en 2005 et fut nommé par la Knesset le 13 juin 2007 président de l'Etat d'Israël.

La liste des criminels sionistes est fort longue, elle comprend une certaine Golda Meir dite « la première dame de fer», juive ukrainienne née à Kiev en 1898. A l'age de cinq ans, avec ses parents, elle gagna les USA où elle épousa Morris Meyerson avec lequel elle émigra en Palestine en 1921. Dès 1924 ils quittèrent le Kibboutz pour habiter à Tel-Aviv et se distingua par son syndicalisme virulent.

Son engagement anti-palestinien à outrance trouva l'occasion de se manifester dès 1946 lorsqu'elle fut nommée chef du département politique de l'agence juive (forme active de gouvernement préparatoire à celui à venir) en remplacement de Moshé Sharret arrêté avec d'autres dirigeants sionistes par les Britanniques harcelés par des attentats terroristes sanglants dirigés contre eux, d'où l'introduction du terrorisme sioniste comme moyen politique par les leaders sionistes dans la région qui en connut la première fois.

Elle a conclu avec le Roi Abdallah de Transjordanie le 17 novembre 1947, déguisée en femme arabe lors de sa rencontre secrète avec lui, un accord par lequel il s'engagea à ce que la Légion arabe dépendant de son autorité et force militaire redoutée des juifs en raison de sa formation par les Britanniques, jugée plus performante, ne pénètre pas dans la partie de la Palestine attribuée à l'Etat juif, soit 22 % du territoire. Elle lui offrit en compensation ce qui restera de la Palestine et que l'histoire révélera vite comme une carotte sanguinaire et pourrie.

Le partage des Nations unies sera en 1949 substitué à celui-ci.

Considéré comme traître à leur cause, les Palestiniens l'exécutèrent le 20 juillet 1951 près de la mosquée d'El Aqssa à Jérusalem.

En 1948 Ben Gourion chargea Golda Meir d'aller collecter des fonds aux USA d'où elle ramena 50 millions de dollars qui financèrent des achats importants d'armes à Prague destinés à armer puissamment la Hagana avec la bénédiction de l'URSS, cette autre « amie » des Arabes vu qu'elle soutenait politiquement et militairement les forces juives, elle qui reconnut l'Etat d'Israël dès sa proclamation en 1948, simultanément avec les USA.

Vu son pouvoir de persuasion, elle fut désignée dès septembre 1948 quatre mois après sa proclamation, premier ambassadeur d'Israël à Moscou où elle saura tirer profit d'une forme d'alliance profitable à Israël nonobstant la politique stalinienne répressive à l'égard des Juifs soviétiques, ce qui n'a pas fait réagir l'Etat d'Israël naissant. De 1949 à 1966 elle se distingua en qualité de ministre du Travail et plus encore des Affaires étrangères où elle lia des liens diplomatiques avec certains Etats africains.

En 1969 elle deviendra Premier ministre et l'évolution du monde extérieur comptera si peu à ses yeux si ce n'est pour persister dans l'identique, le semblable au point de nier l'autre pour répéter à longueur d'années « les Palestiniens ça n'existe pas » ! Ils se chargeront avec leurs faibles moyens de prouver le contraire en y payant le plus lourd tribut à ce jour.

Elle a eu le triste privilège d'inaugurer l'ordre des assassinats ciblés en dehors d'Israël par l'opération dite « colère de Dieu » suite à l'action spectaculaire d'un commando Palestinien aux jeux olympiques de Munich en 1972 en faisant exécuter des innocents n'ayant aucun rapport avec l'action palestinienne.

D'une intransigeance sans égal elle n'a jamais donné suite aux signaux d'Anouar Essadate. Elle a persisté en considérant le monde arabe comme quantité négligeable jusqu'à la guerre déclenchée le 06 octobre 1973 par l'Egypte et la Syrie et dont les offensives mirent à mal l'armée israélienne au secours de laquelle, très rapidement satellites pour les renseignements sur les positions arabes, armes, munitions et pont aérien prodigués abondamment par les Américains, l'aide d'autres Etats tels, pour l'exemple, la participation de certains Juifs citoyens français, listés, sollicités un à un pour aller se battre contre les Arabes alors que la loi pénale française interdit à ses citoyens de s'impliquer dans des conflits où un autre Etat est engagé.

Il apparaît que les armées arabes ne se sont jamais battues contre la seule armée israélienne mais contre plusieurs adversaires, bien plus forts, USA en tête. A suivre

* Avocat

Bibliographie :

Manière de voir N°98 Internet Israël survivra t il ? par Theo Klein et Antoine Sfeir