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L’Egypte Et Les Investisseurs étrangers

par Akram Belkaïd, Paris

Du 13 au 15 mars dernier, s’est tenue, dans la station balnéaire de Sharm el-Sheikh, la Conférence pour le développement économique de l’Egypte (EEDC ou Egypt Economic Development Conference).

Préparé depuis près d’une année, ce rendez-vous visait à démontrer le retour de l’Egypte dans la communauté des affaires et ce, quatre années après la fin du régime de Hosni Moubarak. Ce fut, ainsi, l’occasion, pour Le Caire, d’essayer de convaincre ses partenaires de son engagement à relancer le processus de réformes structurelles.

TROIS PILIERS POUR LES REFORMES

Le Président-Maréchal Abdoul Fattah al-Sissi y a, donc, présenté «les trois piliers» de son programme économique. En premier lieu, une réforme fiscale destinée à diminuer les déficits, la dette et l’inflation via, notamment, la baisse des subventions. Deuxièmement, «l’amélioration du climat des affaires» pour attirer les investisseurs. Et, pour ce qui est du troisième axe, le lancement de grands projets, à l’image des 8,5 milliards de dollars prévus pour moderniser et élargir le canal de Suez. Pour qui a assisté aux grandes messes de ce genre, sous Moubarak, il faut commencer par dire que ces promesses relèvent, un peu, du déjà-entendu. Face aux grands argentiers que sont les Etats-Unis d’Amérique et le Fonds monétaire international (FMI), on imagine mal qu’un autre discours soit tenu. Finalement, le Président Sissi reprend, à son compte, les objectifs qui étaient mis en avant, au début des années 2010 et que, d’ailleurs, l’éphémère Président Morsi était prêt, aussi, à endosser, les Frères musulmans étant, plutôt, adeptes des orientations libérales.

Ce qui change néanmoins, c’est l’enthousiasme des pays du Golfe à soutenir les projets égyptiens. Il fut un temps où les monarchies auraient avancé quelques montants modestes pour démontrer leur solidarité avec un partenaire stratégique mais sans verser dans la prodigalité, fut-elle oratoire. Cette fois, l’Arabie Saoudite, a annoncé 4 milliards de dollars d’aide à l’Egypte, cela sans que l’on sache, néanmoins, si cette somme englobe ou pas celles promises en 2014, c’est-à-dire 2 milliards, sous forme de dépôts à la Banque centrale égyptienne ou les 2 milliards de dollars de garantie de fonds ou encore les 3,8 milliards de dollars en produits énergétiques.

De leur côté, le Koweït et les Emirats arabes unis (EAU) ont promis, chacun, 4 milliards de dollars, tandis que le Sultanat d’Oman, moins riche que ses voisins, s’est contenté d’une enveloppe de 500 millions de dollars (on notera, au passage, que le Qatar n’était pas présent à la conférence…). Bien entendu, il faut être très prudent avec ces engagements. On sait, et la réunion de Deauville, en 2011, l’a bien montré, qu’il y a, toujours, un grand écart entre les montants avancés sous les projecteurs médiatiques et la réalité des décaissements. A ce jeu-là, les pays du Golfe ont, d’ailleurs, une réputation assez mitigée, étant connus pour des effets d’annonce tonitruants, sans lendemains.
 
300 MILLIARDS DE DOLLARS A TROUVER

Mais, ces réserves faites, il est incontestable que le nouveau pouvoir égyptien bénéficie de solides appuis. Bien entendu, le FMI, fidèle à son rôle, a exigé de lui plus d’ouverture et moins de dépenses publiques. De même, les Etats-Unis l’ont exhorté à ne pas retomber dans les erreurs du passé, en luttant contre la corruption et le «capitalisme des copains». Il reste, donc, à savoir si l’Egypte finira par encaisser les 130 milliards de dollars d’investissements promis par l’ensemble des participants – Etats et investisseurs privés – à la conférence. Le montant peut impressionner mais il n’est rien en comparaison de l’enveloppe comprise entre 200 et 300 milliards de dollars que le Président Sissi estime nécessaire pour relancer l’économie de son pays.