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La phobie de l'Islam

par Kamel Kacher *

L'inconscient de l'Occident a peur de l'Islam. L''infantilisme dans la réaction, la phobie de l'Inconnu, de l'étranger. Cette recherche du coupable, de l'autre, est liée directement à la crise spirituelle que vit l'Occident depuis l'avènement du siècle des lumières. L'Occident fait fausse route, prônant que la solution de rechange se trouve dans la laïcité et dans la sécularisation à outrance de la société. C'est son choix, il doit l'assumer. Or, l'Occident pour sa survie en tant que civilisation a le devoir impératif et d'autre choix que de se réconcilier avec la spiritualité, la religion. Avec Dieu.

L'Occident ne peut suivre aveuglément la tendance néo-conservatrice, émanant de toutes les religions révélées sans exception, portée par des lobbys, aux méthodes peu « catholiques », avec des desseins inavoués, voulant imposer par tous les moyens y compris médiatiques, leur vision du monde et de la civilisation au reste de la planète.

L'Occident n'a aucune raison d'avoir peur de la religion, y compris de l'Islam. Il faut qu'il se réconcilie avec celle-ci, la redécouvre et la réintègre dans ses mœurs et ses us. Les pays de l'Islam aujourd'hui sont incapables de défier la modernité de l'Occident, ni scientifiquement, ni économiquement, ni technologiquement et ni militairement.

Culturellement, les pays de l'Islam ont 500 ans de retard sur l'Occident. Spirituellement, ils n'ont pas son endurance et sa force de volonté, mais cela résume toutes les différences internes. Les pays de l'Islam aujourd'hui sont devenus disparates parmi les nations et les destinées les plus diverses, intrigants les uns contre les autres dans tous les forums, et tous forts peu disposés à faire cause commune.

Les pays de l'Islam, eux-mêmes en crise de spiritualité, sont à la recherche de cet Islam pur, faisant face aux temps modernes et à l'émancipation, pacifiquement, comme préconisé dans le Saint Coran, démontrant par là au monde entier sa vitalité et sa capacité d'adaptation en tout temps et en tout lieu.

Donc, l'Occident ne peut se méfier ni défier l'Islam. La laïcité occidentale ne peut entrer en guerre contre la spiritualité humaine. Au nom des droits humains de liberté.

Ce n'est pas l'Islam en tant qu'une des religions monothéistes qui fait peur à l'Occident, mais la religion en tant que telle, la spiritualité, la croyance en un Divin, en Dieu. L'Islam est le porte drapeau aujourd'hui de ce combat idéologique et dogmatique contre les tenants de la laïcité occidentale.

Cette laïcité, utilisée comme outil politique, est manipulée aujourd'hui, dans le combat contre la spiritualité en général et contre l'Islam en particulier, afin d'imposer une certaine vision erronée du modernisme, basée sur des idées néo-conservatrices farfelues et sur la primauté humanitaire de la civilisation judéo-chrétienne, triomphaliste, sur toute autre civilisation.

Ce combat a été mené pendant quatre siècles, avec succès certes, contre l'Eglise, d'abords, ensuite contre les autochtones des régions colonisées et accaparées militairement, par les portes drapeaux du colonialisme « pacificateur », de la supériorité raciale de l'Europe, des chantres de la laïcité et du deuxième Collège, du sionisme triomphant, tels que Jules Ferry, le père de l'école laïque française, Goebbels, l'idéologue du nazisme , Herzl, le père fondateur du sionisme et Jabotinsky, l'auteur du « Mur de fer ».

Maintenant le tour est venu de combattre l'Islam, en misant d'un coté, sur les contradictions dans sa compréhension par ses propres fidèles, et de l'autre sur la faiblesse conjoncturelle des pays de l'Islam.

L'Occident doit admettre, dans son propre intérêt et pour sa survie civilisationelle et culturelle, que la pensée islamique est partie prenante de son histoire et de sa culture et que sa civilisation n'est pas seulement et uniquement d'essence judéo-chrétienne et gréco-romaine. A ce trépieds instable manque un élément vital et essentiel, le pied d'équilibre stable : l'Islam et le Grand Orient.

Que des scientifiques comme Charles Darwin, Karl Marx, ou des penseurs de la dialectique matérialiste et de la primauté de la matière sur la pensée, l'idée, se sont mit en guerre contre la spiritualité, la métaphysique et la religion, pour argumenter, pour les uns, leurs théories et pour les autres, leur idéologie, trouve compréhension et indulgence.

Mais que l'Occident, aujourd'hui ne veut pas accepter une réconciliation historique avec l'Islam, est inconcevable et incompréhensible. Sauf, peut être, que les démons du colonialisme et de la race supérieure ont refait surface ? L'islam aujourd'hui en Europe, particulièrement, et en Occident, en général, n'est plus une religion neuve, ni importée, mais enracinée dans les mœurs et les us d'une grande frange autochtone, citoyenne et bien intégrée.

L'Islam a retrouvé sa place ancestrale dans la civilisation occidentale, est devenu en pays d'Europe partie prenante et indivisible de son histoire et de sa culture. L'Islam est devenu une religion européenne. Les défenseurs et les théoriciens des origines de la civilisation occidentale en Europe ne veulent admettre que l'Islam soit une partie prenante de cette civilisation et veulent la restreindre à ses origines judéo-chrétiennes seulement.

La civilisation occidentale n'est pas seulement d'essence gréco-romaine ou judéo-chrétienne comme veulent la faire admettre les « nouveaux » Templiers d'Occident. Niant, délibérément, ses autres origines, égyptiennes, phéniciennes, carthaginoises et surtout andalou-musulmanes. La civilisation occidentale, il faut le rappeler vigoureusement, prend la totalité de son essence du pourtour méditerranéen uniquement. C'est une civilisation méditerranéenne. Rome n'a-t-elle pas considérer à une certaine époque, en les pacifiant, les saxons, les germaniques et les gaulois comme des peuples Barbares, sans aucune culture ni civilisation ? Ce qui était très proche de la réalité, comparativement à l'Egypte de Cléopâtra et à Carthage d'Hannibal.

Donc, c'est une guerre idéologique et dogmatique contre l'Islam que mènent les tenants et les maîtres de l'Occident. L'Islam en Europe aujourd'hui prospère, avec un socle pur, basé sur la modernité, sur l'ouverture d'esprit et la pensée logique. C'est un mouvement historique long mais inéluctable. L'Islam, en tant que religion, a déjà conquit, spirituellement, d'autres peuples, il s'adapte continuellement aux temps modernes, comme il l'a fait en Andalousie.

La bataille que mène l'Occident n'est pas contre l'Islam en tant que religion, ni contre son éthique civilisationelle, mais contre certains de ses préceptes. L'Occident estime, convaincu, qu'il détient la culture et la civilisation exemplaires et qu'au reste du monde et à l'humanité de les imiter et de les suivre. Le monde occidental reste prisonnier des ses dogmes expansionnistes et colonisateurs. Il est toujours mû par son « œuvre » civilisationelle.

Faire connaitre l'Islam de la liberté de croyance, des lumières, du respect des autres religions, de la tolérance et du pardon. Voilà la tâche, ardue certes, qui attend les défenseurs de l'Islam pur, pour relever le défi des incompréhensions occidentales, ôter la peur et barrer la route à l'islamophobie grandissante en Europe.

Sur un autre volet, l'examen des derniers évènements tragiques à Paris montre qu'ils sont autant étrangers à leur résurgence aléatoire qu'au déterminisme de l'histoire en cours. Si le hasard est une cause accidentelle provoquant un évènement imprévu, ayant toute l'apparence de la fatalité, la nécessité a aussi un caractère irrépressible. Nécessité fait loi, pas le hasard, il en est incapable. C'est pourquoi l'accumulation des faits met fin à l'impression du hasard.

Cette stratégie de la peur, qui vise à faire régner un climat d'angoisse, afin que les français, qui sont anxieux des suites des événements, ce qui est naturel, comme avant eux les américains après les actes terroristes du 11 septembre 2001, a pour seul objectif de les soumettre à des mesures liberticides, à admettre volontairement, un « Patriot Act » français. Ce n'est pas un cauchemar, ce n'est pas du hasard, c'est une réalité tangible, visible jusqu'à la vulgarité. Le pire qui peut arriver à la France aujourd'hui est la tentation grandissante de la séparation communautaire et de la ségrégation faciale.

En constatant la simultanéité des événements, la coïncidence des agitations et la disparité géographique, culturelle et religieuse des pays ou ce genre de phénomènes d'instabilité sont observés, on ne peut qu'admettre qu'ils tombent, tous, sous le qualificatif récurrentiel.

En 1814 déjà, Laplace écrivait dans son essai philosophique sur les probabilités que nous devons envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre. Une Intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent : rien ne serait incertain pour Elle, et l'avenir comme le passé serait présent à ses Yeux. L'esprit humain offre une faible esquisse de cette Intelligence. Tous ces efforts dans la recherche de la vérité tendent à le rapprocher sans cesse de cette Intelligence? Il ne pouvait décrire mieux le Divin, le Créateur de l'Univers.

Sur le plan sociologique, la société postmoderne en Occident est plus portée que la précédente sur l'humanisme et la laïcité au détriment de la spiritualité et de la religion en œuvrant sans cesse à son remplacement. Cette nouvelle mythologie élaborée en Occident n'est pas faite seulement pour combler le vide laissé par la décomposition de la théologie chrétienne avant le XIXe siècle, mais surtout pour devenir elle-même une « théologie » de substitution.

Sur le plan politique, le dossier de la Palestine est central dans cette confrontation doctrinale, spirituelle et civilisationelle entre l'Occident et l'Islam. La solution à cette confrontation passera inéluctablement par la remise en cause et la dénonciation de la déclaration Balfour et des accords Sykes-Picot.

La Palestine ne peut et ne sera jamais juive, même si l'expulsion des juifs est absolument impossible sous quelque forme que ce soit. C'est ça la réalité. Certes, il y aura toujours plusieurs peuples et différentes religions en Palestine, mais le principal est que les musulmans la peuplant deviennent la majorité régnante.

Mais c'est absolument une autre chose de savoir s'il sera possible d'atteindre cet objectif pacifique par des moyens pacifiques. Cela dépendra exclusivement et uniquement de la relation des juifs avec l'Islam. Aux juifs de Palestine d'accepter volontairement d'en arriver à un accord avec les musulmans, maintenant ou dans un avenir prévisible. Là est toute la question.

Tous les musulmans ont une conviction absolue et catégorique et ont compris depuis longtemps qu'il n'y a pas le moindre espoir d'obtenir le moindre accord des juifs de Palestine, pacifiquement, pour qu'elle devienne un pays avec une majorité musulmane. En d'autres termes, la seule voie vers un accord dans l'avenir avec les juifs est un refus absolu de toute tentative d'accord maintenant. Pas aux dépens des musulmans de la Palestine.  

Maintenant, ce qui est important, dans cette étape conjoncturelle de faiblesse du monde musulman, est qu'il faut lancer une campagne de sensibilisation, faire connaitre, éduquer et inculquer les vrais préceptes de l'Islam aux citoyens musulmans et aux pays de l'Islam. Faire une révolution conceptuelle de l'Islam.

Il faut mettre en oeuvre une communauté musulmane forte, qui parle et qui agit en unissant et de manière organisée, avec un seul et unique socle, le Coran, en tant que dogme, mais révolutionner et moderniser la compréhension de ses préceptes, qui doit être identique et unique pour tous les pays musulmans.

* Phd en aéronautique