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L'incertitude

par El Yazid Dib

Marre de Charlie. Marre de son contraire. « Ne sent la douleur de la braise que celui qui en a les pieds dessus » dit-on chez nous. Pourquoi faire alors des problèmes des autres, les nôtres au moment où eux ignorent carrément les nôtres ? La rente s'est tarie, le confort ne se raffinera plus.

Un système au pire de sa pathologie. Un patronat défiant tout embaucheur aux délires de son égocentrisme. Une société en pleine insouciance et un peuple vivant à ses dépens, c'est cela le rythme auquel vont les jours. L'agenda national est pris en otage par le menu des faits divers survenus ailleurs. C'est si comme à l'arrêt d'un feu tricolore à Paris, toute la circulation s'arrête chez nous. Ou pire encore si un vent souffle à l'outre atlantique l'on devient de si tôt fébrile. La diplomatie est certes allègre et aimable mais manque d'actes déterminants. Elle tourne.

Ça bouge. Ou autrement dit ça ne bouge plus. La crise est aux portes du trésor, au seuil des puits. Les clairons s'ameutent. L'on force la croyance que l'on est dans l'attente d'un événement alors que tous les événements se ressemblent. Pas de renouveau. Pas de nouvel aménagement gouvernemental. Le sur place fait des mousses et ne stimule point le besoin d'afficher la moindre espérance à revoir un regain des projets perdus.

Le manque d'hygiène politique n'a pas été sans faire d'énormes dommages à plusieurs personnels, hier en charges des affaires publiques. Ceux qui n'ont pu, doucereusement accepter leur état, se trouvent au bord de la démence, à un pas du trépas ou à la merci de l'infarctus du myocarde. Le pouvoir n'a pas fait que créer des heureux, il a probablement suscité la création de malades. Le dernier cas subi dans se chair, dans sa cellule familiale de feu le Wali de Annaba est plus qu'édifiant. Le défunt a emporté dans son linceul ses tourmentes et celles qui tourmentent ses pairs encore aphasiques.

A bien examiner les procédés usités dans les rouages quotidiens de la cité, on se prend à penser que tout le monde à raison. Tout semble indiquer que personne n'est dans la place qui lui revient eu égard à un profil, à une ancienneté ou à une qualification donnée. Plutôt que de laisser l'objet à son sujet, certains préféreraient doubler de sujets jusqu'au dépérissement total de l'objet. Avec cette énième « transition » dans la gouvernance de l'actualité ; le « génie » va s'ingénier davantage au recours des hommes dits de « la situation ». On placerait Ouyahia à la tête d'un exécutif charge d'exécuter le peu d'espoir qui subsiste. Gérer l'aisance ou piloter la misère n'ont pas les mêmes codes d'honneur.

La fausseté de la pensée de nos gouvernants prend toute son allure justement au moment où au lieu d'essayer de comprendre les institutions, les confortent, les vénèrent ; ils les justifient ou inconsciemment les sapent. Ils le font faussement au travers des personnes actuelles et existantes et non sous l'angle de l'utilité et de l'essentiel. Ils ont recours à l'évincement et l'exclusion d'une façon aussi systématique, que même l'équilibre général institutionnel en pâtit. Pourquoi ne pas changer une équipe qui ne gagne pas ?? S'ils annoncent le faire Ils le feront à l'humeur, sur des schémas, pensent-ils toujours valables, de périodes révolues où la société suppose-t-on, était bien institutionnalisée. Ils font de la gestion, une pratique qui ne repose que sur le témoignage insidieux, la délation tendancieuse et des probabilités dénuées de toute approche. Il est dit que dans certains ministères ; le chef ne lit pas ; il écoute. Il recoupe l'information en extra et méjuge le canal habituel.

Notre mode de gouvernance est certes démocratique dans la forme, mais il révèle dans les faits tout ce qui confirme les atouts de l'oligarchie dans son sens le plus bêtement restreint. Le vivier de la compétence nationale s'usait, sans égard, selon l'alternance des hommes au pouvoir. Le va-et-vient des hommes laisse croire que ce pouvoir n'a rien de scientifique et ne se limite à aucun principe d'idéologie, de circonstances particulières ou de simples normes de performance. Il est et fait dans la famille et les amis. Même la régulation des vitesses du changement se transpose d'un programme à un autre. Avec cette crise qui vient sans avertir mais prévisible à plus d'égards, la manche ne va pas être de tout repos. Les coupes dans les programmes, les retranchements dans les demandes, les suppressions dans les crédits ont déjà commencé. Il sera ainsi difficile de ne point se maintenir dans un élan dépensier et outrancier ne cherchant parfois vainement qu'à se faire procurer une fausse stabilité. Voilà que l'ère de la grosse vache est finissant, voilà que le budget général ne peut supporter des envies et des phantasmes. Le temps est à la rigueur, alors que celle-ci devait être un filtre à ces fanfaronnades de tramways généralisés et de trémies ruralisées. Un tramway a Sétif, mon œil ! D'autant que ceux qui l'on conçu n'y voient là qu'un simple programme à réaliser. Une feuille. Un canevas d'action facile à remplir. L'on n'a pas idée, si l'on était citadin d'abimer le noyau d'une histoire urbaine pour hisser son palmarès et dire musclant ses propos : j'ai fais Sétif ! ?.sans les siens.

La complexité dans la gestion des jours à venir ira croissante avec l'étendue des forfaits et des balourdises commis à l'encontre de ceux qui n'avaient de tort que celui d'avoir accomplit avec noblesse les missions leur étant dévolues. Du personnel politique qui n'a su que de se cramponner aux chevilles d'une rente à l'effectif exécutif qui ne fait qu'enjoliver les carrières et rendre en beauté les biographies banales ; le monde est pétri de quiproquo et d'accusations mutuelles. Qui ne prône pas la liberté et la promotion des droits de l'homme ? Qui ne veille pas à la garantie de l'égalité des chances dans l'emploi et l'accession sociale ? En réalité c'est l'écart du discours et de l'action qui fait toute la différence de la bêtise de l'homme. Sa mauvaise foi.

La distinction morale est le premier indice d'une solvabilité nationale. Elle est un besoin préliminaire dans tout vœu de chasteté et de droiture. On voit apparaître, sans ambages l'envie de réussir là, où pour y réussir, il faudrait un minimum de répondants. Ainsi la victoire de l'un est un échec pour l'autre. L'économie de marché se voulait pour certains, un impératif qui passe ou qui casse alors qu'elle n'est pour les autres, qu'une économie de comptoir et de dépotoir. La démocratie une civilisation ou tout contrairement un blasphème. La contradiction est tout à fait compatible avec la diversité d'idées, pourvu que l'on choisisse toujours, advienne que pourra ; des « constantes » constantes et des repères qui ne font que l'unanimité. Ce ne sont pas les hommes qui devaient faire changer les hommes, mais le besoin de la tache, la contrainte du moment ou la raison tout court. Le tout survient sans changement fondamental des préceptes de la bonne conduite et de la simple moralité.

La société algérienne n'est plus une unicité hors l'unique lien de la nationalité. Les classes longtemps enfouies dans le mensonge et le discours scoliotique. 2015 sera un autre temps dans la continuité de la forfaiture. Elle se pratiquera autrement et selon d'autres schémas visant le l'inertie et le contre dynamisme. Rien n'aura de mérite pour venir faire changer les choses. Les walis resteront walis, les députés feront leur fortune, les autres élus se gargarisent des sièges et des retombées des allégeances.

L'an en cours corroborera l'emprise des goinfres et des accrocs des guichets de la domiciliation. Seulement la donne va être aléatoirement différente. Chaque crise porte quelquefois en son sein des sources de bonheur. Elle mettra à nue tous les artifices populistes et anti économiques. Les faux soutiens des prix, l'apparition de la vérité ainsi que la valeur du labeur auront peut être droit de cité. Le pétrole pour l'Algérie n'a pas été uniquement un trésor inépuisable de la providence mais s'est élit tel un dieu omnipotent. Malheureusement ce bienfaiteur qui n'est pas déifié a été toujours glorifié et adulé au malheur de son peuple. Sa chute reste un sort prédit de longue date. Dans les annales de la préhistoire pétrolifère. A cette chute s'est rajoutée une autre qui dure depuis fort longtemps. Celles des conduites sociales et des valeurs. Fini les amabilités et l'élégance. A ces gens là, en charge de l'hypothétique renouveau ; une autre intellectualité fait son ratage et n'arrive pas à leur seoir pas plus que ne le ferait une promotion immobilière ou un marché juteux d'une nouvelle fortune arriviste. Je crois, que pour parer à ces inepties et ne plus rester dans une position de charité, il est temps peut être que l'élite, les concernés par la mouvance cérébrale aient le souci à se prendre en charge, comme il se fait ailleurs. L'on n'attend pas le préfet du coin pour honorer un mérite. C'est à la société es-qualité de le faire. Un rendez-vous médical chez un spécialiste est devenu une éternité. Une offre d'emploi comme une clémence. Quand tu crois dénicher dans le corps de chaque athée l'âme d'un dieu c'est que la religion n'est plus une croyance, mais une particularité singularisant tout un chacun. Une contagion chronique. Les salles de prières font le complet lorsque les maisons de détention font de même. Entre la mosquée et la prison il n'y a qu'un prêche ou un prétoire. Le bâtonnat ou l'imamat sont à l'identique cursus. L'université se bloque d'année en année.

Cette année amorce bien son enclenchement par les déroutes les plus inouïes. Un peuple qui trépigne et bat ses pieds sur le parvis attendant que quelque chose survienne sera toujours assujetti à ses initiales embarbouilles. Rien ne se lâchera de bonne volonté. Tout arrive à point et sans brutalisation et à la postulation rudement revendiquée. Ghardaïa se meut et s'émeut dans son conclave. La pénitence prend l'ampleur d'un désordre sociétal. Le mal est tellement enraciné que les identités des uns semblent se fermer aux autres. Alors que la coexistence était dans ce havre de paix une condition qui renforçait le partage, voilà qu'elle se rend impossible. Le gaz schiste est presque comme la constitution. Il tente en osant remplacer le conventionnel, d'occuper une lacune laissée pour le compte des futures progénitures. A In Salah on tâte le terrain, on y vient, on y revient. Le sud est donc l'avenir de 2015. C'est là où doivent se jouer les pronostics vitaux ou d'un compromis ou d'une fatale rupture.

Les équilibres financiers passeront par orthodoxie sur, encore des politiques de rigueur. Serrer la ceinture jusqu'à ne plus avoir qu'un cuir et une boucle. La consommation sort ainsi du cycle des ménages tendant en bonne théorie Keynésienne à stimuler le marché. L'essentiel cajolé de près et sans grande conviction aurait été de freiner le transfert légal après son illégitime légalisation justement d'avoirs vers l'étranger. Le regard doit être plus perçant dans le circuit du financement des opérations transactionnelles internationales. C'est dans ce créneau que depuis peu l'on constate que des fortunes se sont faites ailleurs. Les jours seront donc difficile pour les autochtones et plus flexibles et inchangeables pour certains roublards. L'incertitude ne se répand pas sur tous. Elle n'est là que pour mettre en forte inquiétude ceux à qui l'on promettait des programmes, des bonheurs et du bien être. Rien n'est sur avec cette opacité qui obstrue toute vison.