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Port d'Alger : La Justice ordonne aux grévistes de reprendre le travail

par Yazid Alilat

Confusion, hier, au port d'Alger, à la suite du débrayage, entamé dimanche, de quelque 150 capitaines de remorqueurs, ce qui a paralysé, globalement, les activités portuaires. Traduits devant le tribunal de Sidi M'hamed en référé, les grévistes ont été condamnés à reprendre le travail, et cesser leur mouvement de protestation. L'entreprise portuaire d'Alger (EPAL), était injoignable, en début d'après-midi, pour avoir de plus amples détails.

Selon le SG de la section syndicale de l'EPAL, Bourouba Derradji, les grévistes ont été jugés (hier) et condamnés à reprendre, immédiatement, le travail. Leur mouvement de protestation a été déclenché pour destituer un des deux délégués syndicaux représentant cette corporation. «La grève a été déclenchée, dimanche, mais le service minimum a été assuré», affirme M. Bourouba Derradji, qui a précisé que des pétroliers ont été assistés, ainsi que le car-ferry ?Tarek Ibn Ziad'. Les capitaines de remorqueurs ont retiré leur confiance à un des deux délégués de la corporation, mais «on ignore, exactement, leurs motifs, assure t-il.

Pourtant, cette grève «n'a pas respecté la réglementation» , notamment l'article 85 du règlement intérieur de l'UGTA, qui stipule qu'il faut organiser une assemblée générale et un vote, à bulletin secret, pour le retrait de confiance à un représentant syndical.

Le délégué syndical des capitaines de remorqueurs, à l'origine de cette tension, au port d'Alger, a «démissionné de son poste et affiché sa démission pour ne pas gêner le travail de l'entreprise», explique le SG de la section syndicale de l'EPAL, qui a précisé que cette démission «a été acceptée et entérinée par le syndicat».

Pour autant, «la direction de l'EPAL a demandé une signature, dûment confirmée de l'Union locale UGTA, ce qui a été fait», relève, encore, M. Bourouba Derradji. Le travail n'avait pas encore repris, en milieu d'après-midi, les grévistes attendant de plus amples informations. Le trafic portuaire était, passablement, perturbé hier, alors que les quais étaient déserts. Qualifiée «d'illégale» par l'EPAL, cette grève «pénalise l'entreprise, prise de fait, en otage».

Selon le chargé de communication de l'entreprise Abderahmane Timizar, «les entrées et sorties de navires sont bloquées» au port d'Alger, et «l'entreprise et ses 3.000 travailleurs sont pris en otages», par cette grève. En vertu des règlements, en vigueur, l'EPAL avait annoncé, lundi, avoir engagé une action en justice pour faire cesser cette grève. L'entreprise, selon son chargé de communication, a engagé une action en justice pour «grève illégale» contre les capitaines de remorqueurs en grève, et pour «traduire les grévistes devant le référé, d'heure en heure, pour mettre fin à la grève». Une seconde action en justice contre les capitaines de remorqueurs a été, également, engagée par l'EPAL, qui va les poursuivre devant le tribunal pénal pour «grève illégale ayant donné lieu à la prise d'otages de bateaux, en entrée et sortie».

Huit navires sont, actuellement à quai, au port d'Alger en train d'être déchargés, alors que plusieurs autres, en rade, sont en attente de rentrer au port. Pour la direction de l'EPAL, la poursuite de ce débrayage pourrait entraîner l'arrêt de toutes les activités liées aux chargement et déchargement des navires, soit une mise au chômage forcée de quelque 3.000 travailleurs, recensés au port d'Alger. «La peur des grévistes, qui veulent reprendre le travail, est qu'ils soient poursuivis pénalement», estime une source syndicale, contactée par ?Le Quotidien d'Oran', en vertu de la plainte de l'EPAL, contre eux, pour «grève illégale ayant donné lieu à la prise d'otages de bateaux en entrée et sortie».