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Internet 3G : en une année, l’Algérie a fait mieux que le Maroc en six ans

par Aymen Zitouni

En une année, l’Algérie a réussi à quadrupler le taux de pénétration de l’Internet, grâce au lancement de la 3G. Bien plus que ce qu’a fait le Maroc en six ans. Mais la contribution à l’économie reste faible en Algérie en l’absence d’écosystème intrinsèque à l’émergence d’une économie numérique.

Le taux de pénétration d’Internet en Algérie est passé de 6 % en décembre 2013 à plus de 24 % au 30 novembre 2014, selon le bilan annuel rendu public récemment par l’ARPT (Autorité de régulation de la poste et des télécommunications). Ce taux a ainsi quadruplé grâce à l’apport de la téléphonie mobile 3G, lancée le 15 décembre 2013 après plusieurs années d’atermoiements.

De 2, 33 millions en 2013, le nombre d’abonnés à l’Internet en Algérie a grimpé à 9, 81 millions dont 8, 23 millions d’abonnés pour la 3G au bout d’une seule année de lancement dans 39 wilayas sur les 48. L’Algérie se situe ainsi, toute proportion gardée, à un niveau comparable que le Maroc, qui a lancé la 3G en 2008, et réalise la prouesse de faire en une année ce que le pays voisin a fait en six années en termes de connectivité.

Au Maroc, le nombre d’abonnés Internet a atteint 8,5 millions à fin septembre 2014 avec un taux de pénétration de 25,6%, affichant un taux de croissance trimestriel de près de 9% et annuel de 62,8%, selon les derniers chiffres sur l’évolution du marché des télécommunications de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) du Maroc. Le segment de l’Internet 3G, qui représente désormais près de 88,9% du parc global, a enregistré une progression trimestrielle de 9,9% et annuelle de 70,5%, s’établissant à 7,55 millions d’abonnés, explique l’ANRT. Le parc ADSL, avec une part de 11,1% dans le parc Internet global, a enregistré une croissance trimestrielle de 2,2% et annuelle plus importante de 19,6%, précise l’ANRT dans un récent communiqué.

Les responsables algériens du secteur des Technologies de l’information et de la communication (TIC) ont, donc, gravement sous-estimé le gain en connectivité que pouvait apporter la 3G. Seuls les acteurs professionnels du secteur ont prédit un tel essor que l’opérateur historique, Algérie Télécom, ne pouvait faire avec le déploiement du réseau filaire.

Contribution insignifiante de l’Internet au PIB en Algérie

Il faut noter toutefois que malgré ce rattrapage en termes de connectivité, la contribution de l’Internet à l’économie reste insignifiante en Algérie, étant donné la quasi absence d’écosystème favorisant l’économie numérique. Sur ce point, l’Algérie est loin du niveau du Maroc. La contribution de l’Internet au produit intérieur brut (PIB) en Algérie n’a été que de 0,8% en 2012, selon une étude réalisée par le cabinet Mc Kinsey Global Institute sur le classement des pays d’Afrique en termes de déploiement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Au Maroc, cette contribution a atteint 2,3% du PIB, figurant en 3e position, devancé par le Sénégal dont la contribution des TIC au PIB local est estimée à 3,3%, et du Kenya avec 2,9%. En valeur absolue, le Royaume figure en 2e position, devancé uniquement par l’Afrique du Sud, sur les 14 pays comparés dans le rapport publié par le cabinet de conseil Mc Kinsey. Avec environ 2,2 milliards de dollars de contribution à l’économie, il dépasse le Sénégal (470 millions de dollars) ainsi que le Kenya (1,1 milliard de dollars).

McKinsey mesure la contribution d’Internet au PIB en rassemblant les activités liées à la création et à l’utilisation des réseaux et des services Internet dans quatre grandes catégories : la consommation privée (y compris les recettes des services Internet fixe et mobile, les achats de smartphones et d’ordinateurs, et le e-commerce), les dépenses publiques, l’investissement privé et la balance commerciale.

L’Algérie est classée ainsi dans la catégorie des pays à «performances fort en dessous de leur potentiel», tandis que le Maroc comme le pays disposant du «meilleur potentiel de croissance». Mais, tous les deux restent confronté aux mêmes défis pour exploiter ce potentiel. Pour accélérer le développement de l’Internet et de son écosystème, les deux pays doivent mettre fin au monopole des opérateurs historiques sur le réseau ADSL, instaurer une concurrence entre opérateurs, mettre en place le dégroupage de la boucle locale, d’autant qu’ils s’apprêtent en 2015 à se lancer dans la 4G mobile. Dans cette perspective, le Maroc a franchi un grand pas cette année en décidant d’imposer le dégroupage à Maroc Télécom. L’Algérie, tergiverse encore.