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Ali Hached, conseiller du ministre de l'Energie : «Les enjeux du gaz de schiste sont énormes»

par El-Houari Dilmi

Reconnaissant des insuffisances en matière de communication, Sonatrach multiplie les «sorties médiatiques» ces derniers jours pour rassurer les populations du sud du pays de plus en plus inquiètes des nuisances liées à l'exploitation du gaz de schiste sur l'environnement et la santé.

Hier encore, le conseiller du ministre de l'Energie, M. Ali Hached est intervenu au micro de la chaîne III de la radio nationale pour déclarer que «les inquiétudes des populations du sud qui craignent des retombées négatives sur leur environnement et leur santé, liées à l'exploitation du gaz de schiste sont légitimes et nous les comprenons très bien». Revenant sur la politique énergétique de l'Algérie, l'invité de la radio, préférant parler de «gaz de roche mère» plutôt que gaz de schiste, a tenu à rassurer les populations du sud, In Salah et Tamanrasset en particulier, «tant pour la protection des nappes phréatiques qu'en ce qui concerne les risques de tremblements de terre que pourrait entraîner la fracturation destinée à produire ces hydrocarbures». Il a ajouté que les Algériens « n'ont aucune raison de s'inquiéter». Se voulant convaincant, Ali Hached citera l'exemple des Etats-Unis « engagés dans l'exploitation de cette ressource depuis 1821 et produisent plusieurs centaines de milliards de m3 de pétrole et de gaz en utilisant cette technique». «Il est nécessaire que les populations du sud du pays où la polémique a lieu comprennent que l'exploitation de cette richesse non conventionnelle va avoir un impact énorme à travers la création de milliers d'emplois », a-t-il souligné.

Rappelant que le pays consomme quelque 37 milliards de m3/an de gaz conventionnel, le conseiller du ministre de l'Energie, a estimé qu'il « est nécessaire d'assurer ses besoins énergétiques sur le très long terme, ses réserves étant amenées à s'épuiser ». A la question de savoir pourquoi les craintes des populations du sud quant à l'exploitation du gaz de schiste dans ces régions sont en train d'enfler, l'invité de la radio a abondé dans le sens du PDG de Sonatrach, Saïd Sahnoune, déclarant «qu'il était vrai que le groupe pétrolier n'a pas suffisamment communiqué sur le sujet pour dissiper ce malaise». «Il est indispensable que les gens puissent comprendre les enjeux qui sont derrière ce nouveau type d'exploitation des hydrocarbures », a-t-il martelé.

A une question relative à l'exploitation de l'énergie solaire dont l'Algérie possède de considérables potentialités, le conseiller du ministre de l'Energie a expliqué « qu'il ne s'agit pas d'un choix par rapport à un autre mais d'une complémentarité entre divers types d'énergie » et qu'un « programme de développement des énergies renouvelables étalé dans le temps est en train de se mettre en œuvre ». La nouvelle politique du mix énergétique de l'Algérie, mise en place par l'Etat, « va au-delà de l'horizon 2040, englobant l'ensemble des capacités disponibles, pétrolières, gazières, solaires, éoliennes, nucléaires ou géothermiques » a encore expliqué Ali Hached.

Les protestations contre l'exploitation du gaz de schiste ne connaissent pas de répit. Des manifestations ont encore eu lieu mardi à Tamanrasset et à Labiodh Sidi Cheikh (El-Bayadh). A Tamanrasset, une marche pacifique à laquelle ont pris part notamment de nombreux étudiants et des lycéens a été organisée à travers les artères principales de la ville pour contester le projet d'exploitation du gaz de schiste, avant que les participants ne se dispersent dans le calme. L'activité commerciale a été paralysée au centre-ville suite à la fermeture des marchés et des locaux commerciaux, a-t-on constaté.

Dans la daïra d'In-Salah, la protestation s'est poursuivie par un sit-in devant le siège de la daïra.

A Labiodh Sidi Cheikh, une marche pacifique, à laquelle ont pris part des membres du mouvement associatif, a été organisée mardi après-midi.

Regroupant près de 120 personnes, en majorité des jeunes, cette marche s'est ébranlée du quartier Ksar El-Gharbi vers le siège de l'APC où il a été procédé à la lecture d'une motion demandant la « suspension » de l'exploitation du gaz de schiste. Pour rappel, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, s'était déplacé jeudi dernier dans la daïra d'In-Salah pour rencontrer les représentants des protestataires et notables de la région.