Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Qui terrorise qui ?

par El Yazid Dib

Tout le monde a peur. La France de la diversité tremble et le monde avec, à la mort d'une vingtaine de personnes. Trois terroristes Français ont installé dans la suspicion, la haine et en sursis de mort des millions de français et d'autres. Un crime a été commis, un autre se prépare. Qui terrorise qui ?

Si le " qui tue qui " était un jet d'amalgame, une semence vaseuse et un procès toujours ouvert ; le " qui terrorise qui " serait une réalité. Une vie condamnée dorénavant à être ainsi menée. La marche parisienne s'est transformée en une affaire d'antennes, de plateaux et de satellites. Plus de policiers et de journalistes que de marcheurs. L'overdose a tué la simple information. Charlie est sur tous les visages qui ont voulu dire clairement ce qui était jusqu'ici sournoisement enfoui. La grande aubaine à permis à une certaine frange gloutonne de boire à la régalade l'animosité envers l'autre. Cet être là, qui voile sa couleur, qui fait taire sa foi, qui se lève tôt, qui emprunte le métro et qui va maintenant se rapetisser et abréger publiquement sa présence. A travers cette marche de presque quatre millions de personnes (toute la France), il semblerait qu'une guerre est assurément annoncée en riposte à une fusillade d'ailleurs unanimement condamnée. La réplique sécuritaire et liberticide qui va s'en suivre aurait déjà quant à elle commencé son impétueuse marche. La descente aux abimes pour les uns, la conquête des espaces pour les autres !

Je te hais !

Le terrorisme est apatride. Sans nationalité, ni morphologie, il ignore la géographie. Il ne s'exerce pas exclusivement contre un nord atlantique ou ne s'abat que sur des bords dorés. Ses victimes ne sont pas seulement celles à qui l'on donne le statut de démocrates, de liberté et de la libre conscience. Ce sont les musulmans qui ont été et sont la première cible. Le plus important nombre est inscrit au Maghreb et en orient. A Ghaza, en Syrie, en Irak, en Algérie.

L'Islam a de tout temps constitué les mailles de fond de polémiques, de chaires et d'officines. C'est entre convergence et conflit, Occident et Orient, que l'on parle plus de choc que de civilisation. Mais là le Rubicon semble être franchi. C'est cette croyance que l'on veut ébranler. La solidarité interreligieuse ou entre ethnies est plus que fondamentale. Une nécessité biologique.

Paradoxe des temps ! Comment un attentat ressuscite t-il à chaque avènement un débat que l'on pensait semi-clos pour exhumer davantage des ossements en finalité impérissables ? On impute l'insanité non pas à un auteur mais à une conception paraissant l'animer. C'est comme l'on accuse le savoir technologique ayant permis la bombe d'Hiroshima et non son auteur. Pour ainsi dire que la religion n'est redevable, ni coupable en rien du résultat par celui qui croit s'en servir.

Le monde pond des règles au profit de ceux qui le font. Il s'agrandit ou s'amoindrit à la mesure de ceux qui le voudraient ainsi ou autrement. En somme, il est comme une religion quelconque ; sans attention à ses débuts ; embarrassante à son expansion. Doctrine ou inspiration dite céleste ; elle s'écarte comme une carte bipolaire de la tolérance vertueuse à la terreur tumultueuse. Le cœur en parle. La rue ça se discute. C'est parce que tu es tel que tu prétends être que je te hais. En fait je hais en toi tout ce qui est symbolique et identitaire. La société française, heureusement pas toute, s'enrêne dans l'aveugleté et l'intolérance.

Ne sommes-nous pas en présence, parlant de dérives, de grandes dérives ? L'Islam est le canevas de fond pour tous les menus. La confrontation d'idées s'assimile au débat contradictoire et l'avis inverse s'oppose à l'avis tout court. Lorsque des propos confus viennent sciemment se fondre dans une terminologie déjà controversée, il n'en reste que des opportunités accueillantes pour toutes les déviations possibles et imaginables. Lancer de l'invective, sous couvert d'un besoin médiatique n'est pas de nature, en toutes circonstances, à favoriser l'atteinte réussie de l'objectif escompté. Faire des dessins en ayant au bout de sa mine à crayon une mire pour frustrer des croyances n'est pas forcement un art. Il s'éloigne si le cas en était d'une éthique offusquant les limites d'une liberté d'expression. Ceci à son tour ne devrait pas agréer en contre-attaque la thèse de la tuerie. L'on ne peut tuer un portemine que par un autre et non pas par une balle. On y tombe justement dans une réaction antithétique, hostile et intransigeante. La rivalité de vision des choses et l'interprétation du sacré aboutiraient à l'anéantissement du peu de pudeur que lui confère l'esprit civilisateur.

Aimez-vous !

Sans cette retenue minimale, tout sens et toute dimension rattachée à une quelconque progression sociale, ne sauraient être éligibles à arborer haut et fort un qualificatif ou un nom de civilisation. Partant, la civilisation se puise d'une connaissance, grandit dans une culture et s'épanouit et progresse dans la vertu et la moralité. Elle ne peut donc, par définition liminaire que s'entrouvrir ou mourir. Les civilisations viennent au monde comme est venue la pénicilline aux maux de ce monde. Sans religion, sans faciès, sans ethnographie ; elles comblent par des bienfaits des uns les tares et les lacunes des autres. Elles se complètent, s'imbriquent, et cohabitent. Aimez-vous dans vos divergences est un ordre poly-prophétique.     Un sacerdoce humanitaire. En somme, ni le meurtre ni la haine ne sont des termes dans l'encyclopédie des grandes civilisations qui ont pu, depuis la création, façonner l'humanité. Le terrorisme, comme le meurtre ou le mépris, est irréligieux. Nul besoin n'y est pour clamer des évidences communes aux communs des mortels. Qu'elle est cette personne qui va cautionner ce qui s'est passé à Charlie-hebdo ou absoudre de leur méfait les auteurs égarés ? Le vol ou l'adultère n'ont pas attendu une religion élitiste ou la parution du premier code pénal, pour qu'ils soient honnis et récusés par la conscience sociale et interdits par la volonté législative de l'homme. La religion certes n'est pas un tout mais elle est dans ce tout. La loi n'est non plus le tout. Il existe bien un code répressif condamnant l'inceste et l'escroquerie dans des pays sans religions ou qui se proclamaient d'un athéisme affiché. La morale n'a pas pour rester vive et inextinguible, besoin d'une charte ou d'un pacte. Elle est là, invisible et épiant, comme un vigile silencieux qui ne s'autocensure que par le repentir et le soupir. Les règles sur lesquelles se fonde la morale, remords et regrets, vont fondre par conséquent les actes répréhensibles et récusables plus que ne le fait l'homme dans ses tentatives de contractualiser les préceptes moraux. L'amour ne se décrète ni à l'ONU, ni à la place de la république convertie un moment par ses initiateurs en place des " lamentations " le mur étant loin ou juste à coté. Cet amour doit s'édifier dans l'acceptation tout en récusant toutes les déclarations captieuses.

Un Dieu pour tous, à chacun sa croyance !

Osons le dire ! L'Islam n'est pas une tête enturbannée ni un visage barbu d'un être dont les mollets restent dénudés par un tissu de houppelande et tenant ostensiblement une mitraillette en s'affairant à un va-et-vient buccal à l'aide d'un bâtonnet tenant lieu de brosse à dents. Ne le voyez pas dans l'attitude du mauvais et du méchant. Du tueur et du djihadiste. Il est des bras ouverts, sans sabres ni coupe-nuques, des yeux larmoyants et un cœur immense, comme l'est l'espace planétaire. Il n'est pas non plus un aviateur formé pour casser des tours, ni un égorgeur d'enfants innocents. Il ne commet pas de génocide. Il est une culture de bien-être, de savoir et d'amour. Le Bon Dieu de tous, en aucun cas n'avait affirmé que mitrailler des journalistes, faire exploser un cadavre ou pilonner des populations est un acte de bienfaisance ou une entremise rapprochant de sa bénédiction. A ce degré de pensée, certains thèmes récurrents marquent par leurs échos et leurs porte-échos, que ces derniers ne connaissent pas de frontières et libèrent leur libido spirituelle pour en prêcher, causer ou sermonner au nom de telle religion ou de telle civilisation des immondices et des contre-réalités. Ils n'obéissent de ce fait qu'à une passion aveugle, sectaire et inhumaine. Les califes de droiture, de bonne gouvernance ne disaient-ils pas, à juste titre d'ailleurs, que " la passion est un autre dieu qu'on adore " ? Ce qui caractérise un débat par rapport à un conflit c'est la force de la preuve et non la force à l'épreuve ou l'épreuve de force. La marche parisienne était une démonstration de force. Si l'Occident avec la science et la technique qui ne lui sont par ailleurs, en aucun cas exclusifs car, propriété de l'humanité entière, veut bien entretenir ou continuer le débat du jour déjà entamé en sourdine, depuis l'Hégire chez le roi d'Ethiopie, qu'il le fasse en ayant les coudées franches tout en expurgeant tout sentiment de réprobation, de haine et d'ostracisme. Sommes-nous suite au " siège de Paris " à un niveau d'uniformisme rangeant dans le mal des individus uniquement à l'aide des critères de lignages et de convictions ?

L'injure est un crachat à la face de la culture. Le respect de l'autre est un signe de grandeur, de générosité et surtout un témoignage clair de la limpidité de la source intarissable auprès de laquelle la personne respectueuse s'en abreuve et se forge. Notre force n'est pas une puissance dans le débit des insanités. Dans une liberté permissive attentoire. Toute culture n'est bonne que si le bien l'entoure. La preuve est là, transcrite dans le Livre et, hélas, parfois proscrite et contredite par les actes de ceux qui aveuglement le lisent ou le disent. Au même titre que le générique de la démocratie tant chanté et flagorné mais qui reste aléatoirement astreint à une géométrie variable. Quand on a faim et froid l'on oublie vite ses droits ne cherchant qu'à satisfaire un besoin pressant.

Faites du bruit, on tourne !

Les commentaires vont bon train. Les interprétations se veulent tenaces. La théorie du complot a de tout temps scintillé sur tout ce qui n'arrive pas à s'expliquer. Kourdel était aussi un fragment d'un complot. Tout comme Kelkal ou Merah. L'attaque du magazine français ne serait pas l'initiative de la mouvance islamique.

Ce sont les sionistes qui auraient conçu tout ce scenarii prétendent certains. Et le Hyper Cacher ? Des indices contradictoires ont été même relevés. Le professionnalisme dans l'action armée, l'anomalie des rétroviseurs de la voiture de fuite abandonnée, la pièce d'identité oubliée? seraient l'argumentation précaire certes mais crédibilisant le chainage d'un complot. Amoindrir pour se niveler à cet amateurisme le " génie " des services actifs de la juiverie mondiale adossés à l'intelligence de l'agence américaine c'est prendre une férocité calme pour une fadaise. C'est concéder spontanément raison à un tord qui rapidement réclame le statut de souffre-douleur. Chez ces gens là, peu importe qui périt, qui se froisse, qui agonise, qui supporte. Ils ont besoin d'un confort solidaire international pour passer à une autre étape. Attendons-nous à la répétition du cas Charlie au sein même des territoires américains. Boucler le cercle pour mieux agir, corroborer ses appuis, dupliquer son pseudo calvaire, vendre le sentiment de la terreur, généraliser l'inquiétude sont les pré-requis d'un grand coup attendu. Déséquilibrer la sympathie palestinienne pour mieux équilibrer le rangement et la caporalisation de nouvelles tentations. Un nouvel ordre mondial qui ne doit plus s'asseoir sur les fluctuations de la bourse pétrolière. Toutefois il serait basé sur une monnaie d'échange sécuritaire forte et une hégémonie outre-Atlantique dont le noyau dur demeurerait après reconfiguration le lobby sioniste en phase finale d'accomplissement. Rabi youstor.