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Mémoire manipulée et mémoire obligée

par Mourad Benachenhou

Dans son ouvrage, écrit en langue anglaise et intitulé «Judging War Crimes and Torture, French Justice and International Criminal Tribunals and Commissions (1940-2005), Martinus Nijhoff Publishers, Leiden, Pays Bas, 2006,» Yves Beigbeder, universitaire et chercheur français, qui occupa, entre autres, la fonction de secrétaire du juge français auprès du Tribunal Militaire International de Nuremberg, rappelle que Paul Ricoeur (1913-2005), philosophe, fut, parmi les intellectuels français, l'un des plus ardents adversaires du colonialisme.

Dans son ouvrage, Beigbeder cite un article publié par ce philosophe dans la revue « Réforme,» du 20 septembre 1947, article dans lequel il déclare, en résumé ce qui suit :

« - le péché originel du colonialisme précède toutes les attaques unilatérales des colonisés.

« - l'exigence de liberté, même prématurée, a un doit moral supérieur à toute l'œuvre civilisatrice des colonisateurs.

« - le vice des Français dans leurs colonies est le racisme. » (p.53)

HISTOIRE, MEMOIRE, OUBLI

Mais, quoiqu'elle mérite d'être rappelée, cette prise de position de Ricoeur, qui justifie le droit légitime des peuples colonisés à se battre pour se libérer du joug coloniale, ne constitue qu'un faible reflet de l'actualité de la pensée de ce philosophe, qui a consacré sa vie à explorer les rapports entre la mémoire et l'écriture de l'Histoire.

Le dernier ouvrage qu'il a écrit : «La Mémoire, L'Histoire, L'Oubli» (Le Seuil, Paris 2000) constitue la somme de cette réflexion. Dans cet ouvrage, il explique le rapport étroit entre ces trois concepts, qui, dans la pratique, ne vont pas l'un sans l'autre, la mémoire fondant l'Histoire, et l'Histoire qui ne peut s'écrire sans l'Oubli, qui est l'élément le plus complexe de cette trilogie, car, selon lui :

«C'est la problématique de l'oubli qui est la plus vaste. L'oubli, en effet, reste l'inquiétante menace qui se profile à l'arrière-plan de la phénoménologie de la mémoire et l'épistémologie de l'histoire. Il est à cet égard emblématique de la condition historique?, l'emblème de la vulnérabilité de cette condition. En un autre sens, le problème de la mémoire est le plus vaste pour autant que l'éventuel ars oblivionis (art de l'oubli, nda) se projette comme un double de l'ars memoriae (art de la mémoire, nda), une figure de la mémoire heureuse» (p.536)

En fait, l'Histoire, malgré ses prétentions de reconstituer fidèlement le passé à travers les traces qu'il a laissé dans les mémoires des hommes, sous différentes formes, écrites ou monumentales, n'est pas, selon Ricoeur, « l'héritière savante de la mémoire, » (p.304). L'histoire, qu'elle soit autobiographique ou œuvre de recherche sur les hommes et les évènements du passé, n'est jamais une représentation exhaustive de ce passé. Elle est fondée sur des choix préétablis qui limitent sa prétention à l'objectivité la plus totale, et à la vérité la plus absolue : choix de la période, choix des évènements marquants, choix des hommes-clefs, choix de la grille d'analyse, etc. L'histoire ne peut s'écrire ou se narrer sans oubli. Et ce qui est oubli est parfois, si ce n'est souvent, plus important que ce qui est rappelé à la mémoire dans la reconstitution du passé.

Ricoeur fait, dans cet ouvrage, une distinction maintenant partie de la sagesse collective, entre trois types d'abus de mémoire qui obèrent la prétention de l'histoire à l'objectivité et à la vérité, et sont pratiqués de manière parfois inconsciente, mais plus souvent délibérée :

- la mémoire empêchée, comme le refus de laisser un peuple se remémorer son histoire, comme ce fut le cas de l'Algérie colonisée ou c'est le cas pour la Palestine occupée.

- la mémoire manipulée, comme on l'a pratiqué pendant longtemps et de manière extrême dans notre pays, par l'occultation de noms et d'évènements qui ont constitué la trame de notre histoire contemporaine ;

- la mémoire obligée, c'est-à-dire, par exemple, le devoir de mémoire envers les grand faits historiques et les hommes qui ont permis à ce pays d'acquérir son indépendance.

En mettant au grand jour ces trois biais mémoriels, Ricoeur ne tente nullement de justifier la falsification de l'histoire, mais seulement de rappeler que la production historique, quelle que soit la rigueur de ses méthodes, est une fabrication humaine, avec ses limites, qu'il n'y a pas de vérité historique dans le sens ontologique du terme, c'est-à-dire une reconstitution de l'histoire qui résiste au temps et aux hommes et qui n'a jamais besoin d'être revisitée ; la vérité historique, même la plus honnêtement établie, est toujours transitoire et jamais absolue.

Cependant, il souligne l'importance de l'histoire pour l'équilibre de l'homme dans la société, une histoire faite de mémoire et d'oubli, et dans laquelle l'homme retrouve sa place dans son siècle comme dans sa société. Pour lui, l'écriture de l'histoire est une entreprise sérieuse et grave, qui doit donc être fondée sur des faits vérifiés et validés par la mémoire du passé, elle ne saurait se construire sur des mensonges, même si l'oubli en offre une connaissance imparfaite.

Ricoeur encourage à une lecture critique de l'Histoire et à l'acceptation de ses limites, mais non de sa falsification. De même qu'une bonne adresse peut être un « mauvais lieu, » de même, dans nombre de cas, certains livres qui se présentent sous forme de récits historiques ne sont, en fait, que des romans, fruit de l'imagination de leur auteur. Ricoeur appelle, de manière explicite et implicite, à faire preuve d'honnêteté intellectuelle, ceux qui se targuent d'histoire et veulent faire passer leurs écrits pour des documents d'histoire authentiques et légitimes, en déguisant pas leurs écrits en enquêtes historiques, alors que leur seul objectif est de conforter une position politique déterminée en appuyant leurs thèses sur des ragots et des « on-dit » difficiles à vérifier ou à prouver.

L'HISTOIRE NATIONALE CONTEMPORAINE : UNE SOURCE INTARISSABLE DE POLEMIQUES ET D'ATTAQUES PERSONNELLES

L'exactitude de cette analyse de Ricoeur, présentée de manière succincte ici, et uniquement pour les besoin de cette contribution, apparait à travers les divergences profondes qui, malgré le temps écoulé, continuent à subsister entre ceux qui, à titre professionnel, ou, pour faire avancer leurs propres agendas politiques, parlent ou écrivent sur l'histoire de la lutte de libération nationale, même s'ils acceptent tous un certain nombre de repères, dont la déclaration du Premier Novembre et la Charte de la Soummam. Le dialogue entre tous ces acteurs est d'autant plus difficile, que, dés lors que les uns tentent de rappeler ce que les autres oublient de mentionner dans ce que leur mémoire a retenue- sous une forme ou une autre- du passé, le ton de la discussion tourne immédiatement à la polémique, où l'argumentaire ne se nourrit plus de faits et de documents, ni d'évènements et de témoignages, mais tourne autour de la vie personnelle et des qualités et défauts des personnes impliquées dans le débat, et tel ou tel aspect plus ou moins avouable de leurs parcours.

Et ceux qui espèrent recevoir quelque lumière des événements du passé et des hommes qui y ont joué un rôle déterminant, restent sur leur faim, et suivent, avec frustration, les échanges de propos acerbes et d'accusations qui ressortissent plus de la basse calomnie que de l'échange serein et civilisé d'informations propres à élever le niveau général de connaissance de notre histoire récente.

Finalement, la polémique s'enfle, les propos des uns et des autres s'éloignent de plus en plus de l'objet du débat historique. La discussion tourne au fait divers en droite ligne du style qu'une partie à choisi de suivre délibérément avec pour seul objectif de faire avancer ses propres thèses par l'usage de l'excès, si ce n'est l'exagération dans ses propos. C'est un fait alarmant que, plus de cinquante après l'Indépendance, on ne puisse pas évoquer l'Histoire de la violente lutte de libération nationale sans que les rancœurs du passé ne remontent à la surface, et que les anciens clivages qu'on croyait définitivement estompés, ne réapparaissent.

A force de revenir sur les évènements du passé et de les distordre, comme de vouer à l'opprobre publique des hommes qui ont joué un rôle crucial dans cette lutte et dans l'obtention chèrement payée de l'indépendance nationale, les « leaders » régionaux ou nationaux contribuent à retarder l'accession des Algériens à une vision collectivement acceptée de leur histoire.

On ne peut pas pratiquer une politique de la « terre brulée » en disqualifiant systématiquement les hommes qui ont fait cette histoire, uniquement parce qu'on ne partage pas avec eux la même origine géographique, si ce n'est ethnique, tout en transformant en héros sans tâches et sans reproche les hommes de sa propre région ou de son propre village.

MESSALI HADJ, L'HOMME VOUE A TOUTES LES GEMONIES !

L'exemple du traitement réservé à Messali Hadj est particulièrement illustratif de cette tendance. Son nom continue à être maltraité, non du fait de son choix de créer son propre mouvement militaro-politique pendant la guerre de libération nationale, mais parce qu'aux yeux de certains, il a le tort de la même origine géographique que l'homme qui préside actuellement aux destinées de l'Algérie. Pourtant, Il est un fait historique indéniable qui en saurait être effacé, quelque soit l'acharnement sectaire de certains : Messali reste, dans l'histoire de l'Algérie, et malgré ses errements, l'homme qui a créé le premier mouvement nationaliste organisé et regroupant les Algériens de toute origine géographique et ethnique, mouvement dont étaient militants les auteurs de la déclaration du Premier Novembre et de la Charte de la Soummam, document fondateur de l'ALN/FLN, et qui reprend, quasiment mot pour mot, le programme politique et militaire du MTLD/PPA.

Parmi les critiques qui lui sont infligées, et parmi lesquelles la plus tenace est le fait qu'il ait décidé de lancer un mouvement politico-militaire opposé au FLN, ce qui était- son droit le plus absolu, d'autant que cette initiative répondait aux choix de militants de son mouvement,- et cette décision ne fait pas plus de lui un traitre que la création d'un parti politique d'opposition par un ancien premier ministre n'en ferait un traitre non plus,- on continue à l'accabler de l'affaire Bellounis, dont il ne fut ni l'instigateur, ni le soutien, ni, évidemment le bénéficiaire politique ou militaire, comme le rappelle Charles Robert Ageron (1923-2008), historien dont l'objectivité n'a jamais été mise à défaut et dont les sympathies envers la lutte du peuple algérien pour son indépendance ont été reconnues par ceux des historiens algériens formés sous sa houlette ou ayant utilisé ses ouvrages comme références.

BELLOUNIS N'APPARTENAIT PAS AU MNA, ET IL LE PROCLAMA LUI-MEME !

A l'évocation de cet historien français, certains vont sauter sur leur grand cheval de circonstance, qu'est la xénophobie à géométrie variable, dans laquelle ils se donnent le droit de citer , à leur convenance, les auteurs français ou autres, qu'ils veulent, pour faire avancer leurs vues, mais refusent ce même droit à ceux qui s'opposent à eux, comme ils rejettent le népotisme historique, jetant ainsi l'opprobre sur l'obligation morale évidente de proches parents ou voisins d'un leader de prendre sa défense, tout en s'arrogeant sans vergogne ce droit. Mais, dans le royaume de la mauvaise foi, les hommes sincères ne courent pas les rues. Hélas ! Il faut se faire à cet état des choses.

Il est utile de rappeler l'article que ce chercheur de renom a écrit et dans lequel il donne des détails précis sur cette affaire. Cet article a un titre très long, mais qu'il est nécessaire de mentionner ici :

« Une Troisième force combattante pendant la guerre d'Algérie. L'Armée Nationale du peuple algérien et son chef le « général » Bellounis. Mai 1957-juillet 1958 » (in « Revue française d'Histoire d'Outre-Mer, tome 85 Numéro 321, 4e Trimestre 1998, pp. 65-76)

« L'expérience Bellounis fut à l'époque une affaire franco-française qui divisa les autorités et retint l'attention de la presse. On ne peut pas dire qu'elle opposa les civils et les militaires car les uns et les autres étaient divisés. Certes, les officiers exerçant des responsabilités sur le terrain furent dans leur majorité défavorables à cette aventure, mais certains l'encouragèrent presque jusqu'au bout. Dans sa directive du 6 Décembre, le général Salan avait expliqué : «l'expérience Bellounis doit être appuyée. Il faut lui accorder une attention d'autant plus efficace qu'elle sera vigilante.» Il croyait à la nécessité de cette manœuvre de division dans une période où la bataille sur la frontière de l'Est algérien mobilisait ses meilleures troupes? Pour Salan, qui recommandait dans sa note du 17 Décembre de «traiter les chefs rebelles avec intelligence pour tenter de les ramener et peut-être d'en faire des alliés» l'expérience de Bellounis pouvait aussi servir d'exemple.»(p. 74)

Un peu plus haut dans son article Ageron rappelle que Bellounis récusait son appartenance au MNA :

 « Vis-à-vis de son appartenance au MNA, il la renia fermement : « Je ne suis pas MNA pas plus que mes lieutenants et mes hommes. Nous sommes seulement des combattants qui luttons pour retrouver la fierté, leur dignité d'hommes et la possibilité de se déterminer librement dans un cadre d'où la France ne sera pas exclue.» (Interview du « général Bellounis » par un envoyé de l'AFP ? 7 Décembre 1957)

L'AFFAIRE BELLOUNIS ET LA BLEUITE : MEME SOURCE, MEMES OBJECTIFS

Cette affaire Bellounis est exactement le pendant de la « bleuïte, » dans laquelle plus de trois mille combattants algériens perdirent la vie des mains de leurs propres frères. Puisque certains veulent qu'on oublie cette manipulation réussie, et ses conséquences tragiques, et qu'on en place le blâme exclusivement sur le capitaine Léger, on devrait accepter que Messali Hadj- qui n'était libre, lorsque l'affaire a éclaté, ni de ses mouvements, ni de ses contacts, et donc dans l'incapacité de savoir ce qui se passait sur le terrain de la guerre, que serait-ce d'intervenir- , et à travers lui, son mouvement militaro-politique, le MNA, ont été dupés par les services secrets ennemis, qui ont monté l'affaire Bellounis pour faire d'une pierre deux coups : discréditer le FLN, qui se targuait, à juste titre, de représenter la volonté du peuple algérien, et en même temps, faire perdre toute crédibilité au mouvement qui se posait comme son adversaire, et donc liquider une fois pour toute la rébellion en la privant de tout leadership politique.

LA FRANCE OFFICIELLE : GUERIE DES PLAIES DE LA «GUERRE D'ALGERIE»

Il faut, au sujet de l'Histoire de la guerre de libération nationale, reconnaitre que le gouvernement français, de droite comme de gauche, a su bien la gérer, pour dépasser la brisure profonde entre partisans du système colonial et opposants à ce système, et éviter que cette fracture devienne permanente et source de crises à répétition. Il lava « plus blanc que blanc » tous ceux de ses officiers et officiels qui avaient commis, entre 1954 et 1962, des actes qualifiables de crimes de guerre, si ce n'est de crimes contre l'humanité, et finit par passer l'éponge même pour ce qui est des crimes commis par des officiers contre les autorités politiques officielles de l'époque.

Comme le rappelle Gilles Manceron, historien et militant des droits de l'homme, dans un article publié sur la Revue des Droits de l'Homme et intitulé : «Mémoire et Guerre d'Algérie,» (numéro 2, 2012);

« Ainsi se sont multipliées les initiatives destinées à honorer des hommes impliqués dans les répressions les plus brutales de la guerre d'Algérie ou dans le putsch et l'OAS. Le 26 Novembre 2011 est paru au Journal Officiel le décret élevant à la dignité de grand-croix de la légion d'honneur le commandant Hélie Denoix de Saint Marc, porte-parole du général Massu pendant la bataille d'Alger puis, en avril 1961, commandant du Premier Régiment étranger de parachutistes qui a été le fer de lance du putsch. Les insignes de la plus haute distinction française lui ont été remis le 28 novembre par Nicolas Sarkozy, dans la cour d'honneur de l'hôtel national des Invalides. D'autres attributions de la Légion d'Honneur à d'anciens militaires putschistes et à d'anciens membres de l'OAS ont suivi? Mais les complaisances à l'égard du lobby postcolonial ne se limitent pas à la droite. Par exemple, Jean-Pierre Chevènement, dans la ville de Belfort (Territoire de Belfort) où il est maire, a inauguré, le 29 mai 2009, une rue au nom du lieutenant colonel Pierre Jeanpierre, commandant en 1957, lors de la bataille d'Alger, du 1er Régiment étranger de parachutistes, et il ne comprend pas les critiques qui lui sont adressées.»(pp. 37-38).

Cet article est à lire en entier, car il montre comment un pays responsable gère l'oubli de ses crimes passés, pour que l'image de patrie des droits de l'homme qu'il veut projeter de lui dans le monde ne soit pas ternie par les actes odieux commis en son nom dans le proche passé. Et la grande presse de l'ex-métropole, malgré cette soi-disant liberté d'expression, qui n'exprime que ce qui plait aux propriétaires des média,- et qui ne se déchaine sans réserve que pour attaquer l'Islam, sous ses formes les plus bénignes, y compris la tenue vestimentaire- se garde bien de faire son beurre des méfaits du système colonial et de la réhabilitation, quasiment en catimini, de tous les acteurs français de la tragédie de la guerre de libération nationale, dont les actes ressortissent des tribunaux internationaux.

LE GOUVERNEMENT ALGERIEN, ULTIME DEFENSEUR DE LA MEMOIRE OBLIGEE

Devant l'exemple de mémoire sélective, et d'oublis ciblés de la part de l'ancien puissance coloniale, le gouvernement algérien est d'autant plus appelé à mettre un terme à la campagne de calomnies conçue, lancée et entretenue à des fins obscures et en contradiction totale avec le feint respect pour la déclaration du 1er novembre et le Congrès constitutif d'Ifri, campagne dont l'objectif secret est sans doute de jeter le doute sur l'existence de la Nation algérienne, pour la renaissance de laquelle tant d'hommes ont consacré leur vie.

Il est incompréhensible que cette campagne de dénigrement soit lancée en cette phase dangereuse de l'histoire du pays et du contexte international, qui voit , dans l'ancienne métropole, une montée en puissance de l'islamophobie, courant maintenant représenté même dans la vénérable Académie française, dont l'un des tenants a même appelé à l'expulsion des cinq millions de musulmans, et dont Alain Juppé, homme de droite et peu enclin à protéger l'émigration a, le 7 Janvier 2015, déclaré à Europe 1, quelques heures avant l'agression sauvage qui a endeuillé le monde de la presse : «L'Islamophobie est un péril mortel. C'est un péril de guerre. Il ne faut pas laisser se développer un mouvement détestable. On ne peut pas laisser se propager cet amalgame entre une forme barbare d'Islam qu'est l'intégrisme et l'ensemble des musulmans.» (Cité par www.francesoir.fr/l'islamophobie mis à jour le Mercredi 7 Janvier 2015 à 10:55).

UNE LIBERTE D'EXPRESSION UTILISEE A DES FINS NOCIVES A LA NATION ET POUR DES EVENEMENTS DU PASSE QUI DEVRAIENT UNIR LES ALGERIENS

Pourquoi, au lieu de faire pression, par les multiples relations qu'il entretient avec les groupes au pouvoir dans l'ancienne puissance colonisatrice, pour que celle-ci reconnaisse ses crimes contre le peuple algérien, et mette hors la loi l'islamophobie rampante et militante, qui rappelle la montée du mouvement Nazi, et pourrait déboucher sur les mêmes conséquences désastreuses, ce mouvement dénigre-t-il systématique des dirigeants algériens passés, qui, malgré leurs erreurs, étaient au service de la libération du pays, que ce fut Messali Hadj, Abdelhafid Boussouf, Houari Boumediene, Ahmed BenBella, Ali Kafi, et bien d'autres, tous décédés ? C'est là une question pertinente que l'on doit poser à ces dénigreurs systématiques de la lutte du peuple algérien pour son indépendance, et dont la réponse ne saurait trouver sa justification dans « la liberté d'expression, » qui s'est transformé en droit pour certains d'insulter qui ils veulent et quand ils veulent, sans bornes et sans risques, de fouler aux pieds la déclaration du 1er Novembre comme la charte de la Soummam, et de déchirer le drapeau algérien, tous symboles qu'ils feignent de vouloir honorer.

En conclusion : Tout comme la France a limité la liberté d'expression- et la lecture des ses lois d'amnistie le prouve largement- quand il s'est agi de ses actes criminels en Algérie, et a même rendu hommage et honneurs a ceux qui ont été chargés de les perpétrer, de même le gouvernement algérien doit intervenir pour que les Algériens et Algériennes puissent jouir d'une histoire apaisée de leur pays, et que nos héros reposent en paix en cette terre pour laquelle ils ont tant fait. On aurait pensé que la guerre des mémoires devait opposer en toute logique historique l'Algérie à la France ; mais voici que certains, plus de cinquante après une indépendance chèrement payée et arrachée par le feu et le sang, veulent en faire une source supplémentaire de déchirement entre Algériens. Quelque soit la noblesse des principes- paradoxalement ceux du Premier Novembre inclus- dans lesquels se drapent les instigateurs de cette guerre de mémoire, et en tenant compte des « caveat » énoncés par Ricoeur, on ne saurait accepter que le Gouvernement reste silencieux et passif face à cette agression contre l'Unité Nationale, qui utilise la calomnie pour enlever toute légitimité aux artisans de la renaissance de notre pays. Les principes, y compris la liberté d'expression, ne peuvent être brandis à des fins de destruction, de division et de désordre.