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Pour cause de fin de chantiers: 8.000 travailleurs sur le carreau

par A. El Abci

Près de 8.000 travailleurs naguère en activité dans de grands projets structurants de la wilaya comme le pont géant, l'autoroute Est-Ouest, le tramway et les chantiers turcs et chinois de construction de logements, «libérés» pour cause de fin de chantiers, se retrouvent sur le carreau sans sécurité sociale et sans allocation chômage, selon le chargé des conflits au syndicat UGTA de Constantine, M. Belami. Situation dramatique pour la plupart d'entre eux. Il s'agit essentiellement des travailleurs qui étaient auparavant sur les chantiers du nouveau pont Salah Bey qui employait près de 1.200 personnes et qui n'en garde actuellement que 150 pour les travaux de finition. Il en est de même, poursuivra-t-il, du chantier du tronçon d'autoroute traversant la wilaya, du tramway, etc., qui au fur et mesure de l'avancée des travaux recourent à une compression d'effectifs. Et notre interlocuteur d'ajouter «qu'il est, depuis trois à quatre mois, pratiquement submergé par les doléances de ces travailleurs qui le relancent à chaque fois pour se plaindre de leur état, demander conseil ou carrément une solution à leur problème».

Et notre interlocuteur tiendra à dénoncer cette situation en indiquant que les concernés étaient à mille lieues de penser qu'ils allaient se retrouver aussi démunis durant cette phase de recherche d'embauche. En effet, selon un de ces travailleurs qui était employé de la société brésilienne réalisatrice du pont géant et victime de compression d'effectif, «je ne comprends rien à ce qui m'arrive. Pourtant, on m'a prélevé l'équivalent de 0,5% mensuellement de mon salaire, au titre de la cotisation à la caisse nationale du chômage (CNAC) pour bénéficier d'une allocation chômage, en cette période de non emploi comme c'est mon cas maintenant !». Et de souligner que «je comptais beaucoup sur cette solution de l'allocation chômage, pour justement bénéficier d'un minimum de revenu et pouvoir faire la «soudure» en ces temps de vaches maigres, en attendant de dénicher un emploi ailleurs ou d'être rappelé par la même société pour un autre chantier».

Questionné sur ce sujet, notre interlocuteur responsable des conflits du syndicat UGTA reconnaîtra l'existence du problème du prélèvement de 0,5% et les raisons le justifiant, mais indiquera que «la caisse de chômage qui en était destinataire n'a plus pour mission d'attribuer d'allocations chômage aux travailleurs ayant perdu leur emploi et ce, depuis plusieurs années maintenant. La CNAC est devenue depuis un dispositif d'aide à la création de l'auto-emploi et d'octroi de microcrédits en faveur de chômeurs et de travailleurs licenciés pour raison économique ou autres, pour les aider à monter une petite entreprise». L'allocation chômage en fait n'existe plus, alors que des milliers de travailleurs qui étaient à l'abri du besoin se retrouvent démunis et sans rien dès la fin de chantier où ils étaient embauchés. Subissant d'énormes difficultés, surtout ceux ayant des familles à charge, les travailleurs qui ont perdu leur emploi en raison de la fin de chantier lancent un SOS aux autorités pour leur trouver une issue qui les préserverait des affres du chômage.