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Les femmes veulent plus de protection

par O. M.

Les chiffres sont effarants, et il ne s'agit que de cas où les personnes agressées osent se manifester : 6.985 femmes ont été agressées ou violentées, au cours des 9 premiers mois de 2014, selon le bilan des services de sécurité. Le mal s'est ancré dans les mœurs de certains Algériens, de même que cette banalisation du phénomène qui a poussé la société civile, à travers ses associations et les pouvoirs publics, à lancer une campagne de sensibilisation et des journées d'études pour endiguer ce comportement.

Pour en débattre, la Maison de la Culture ?Rachid Mimouni', à l'initiative de la direction de l'Action sociale, vient d'abriter une rencontre, regroupant des psychologues, des juristes et des imams. Pour Mme Bayou Choumissa, spécialiste en psychologie, le mal prend ses racines dans la vie conjugale, au sein des foyers où les conflits parentaux sont journaliers, très réceptifs, les enfants subissent le quotidien pour développer, plus tard, une «haine».

La communication du Pr Benayad Djalila, de l'Université de Boudouaou, fut axée sur la protection de la femme, dans le Droit algérien, en soulignant que des efforts ont été entrepris, dans le domaine de la législation, visant à renforcer la protection de la femme et de l'enfant.

Pour l'imam Laskri : «notre religion, l'Islam, incite à la coexistence et la protection de la femme; l'ignorance et l'éloignement de ses préceptes, à l'égard de la femme, aboutissent à la destruction du foyer familial».

Tour à tour, les intervenants ont appelé à la nécessité de briser ce tabou qui caractérise notre société, afin d'apporter des solutions fermes à ce phénomène. « Le silence, la peur du scandale, empêchent de dévoiler ce genre de crimes.

La violence est devenue, le seul outil de dialogue au sein de certaines familles », regrette une intervenante. Et d'ajouter : « avant, ce phénomène touchait beaucoup plus les femmes rurales, mais, aujourd'hui, toutes les franges de femmes, dans la société, sont concernées », a-t-elle fait remarquer, et de préciser que cela aboutit, inéluctablement, au divorce. Mme Chekri, représentante de la Sûreté de wilaya (SDW) a estimé que des mesures d'assistance et de protection existent, elles sont opérationnelles, dans ce cadre de lutte contre la violence. La représentante de la DGSN a tenu à souligner que les cas enregistrés ne représentent pas, hélas, toute la réalité, « puisqu'il y a des femmes qui refusent de déclarer ces faits auprès des autorités concernées ».

Cette campagne d'assistance et de sensibilisation touchera toutes les femmes dans l'ensemble des communes de la wilaya et même celles des zones les plus reculées qui souffrent en silence », précisera M. Sayed directeur de l'Action sociale de Boumerdès, se basant sur deux principaux repères : «notre religion, l'Islam, qui incite à la coexistence et la protection de la femme, et la Constitution qui garantit l'égalité entre l'homme et la femme ».

L'occasion a été saisie par le wali de Boumerdès pour honorer des moudjahidate et des femmes victimes du terrorisme.