Ils sont de plus
en plus nombreux, ces migrants syriens fuyant les affres des conflits dans leur
pays. Près des mosquées, dans les rues commerçantes, tôt le matin, ils sont là,
en quête de l'aumône. Parfois, ce sont des familles entières qui errent sur les
places publiques, des enfants en bas âge traînant leur désespoir. Ils sont là,
depuis plus d'une année et rien ne semble les dissuader d'arrêter de débarquer.
A vrai dire, Tébessa est le point de chute idéal pour certains d'entre eux,
notamment ceux qui veulent pousser l'aventure plus loin, une aventure au goût
amer, au contour incertain et à l'horizon obscur. Certes, la frontière est
toute proche et les passeurs, sans scrupules, les guettent pourvu que les
candidats à l'émigration «casquent» le prix fort en monnaie forte, s'il vous
plait ! Les plus jeunes tentent le tout pour le tout, quand l'Eldorado est de
l'autre côté de la mer, ainsi espèrent-ils sortir de cette situation. L'un
d'eux nous avoue «on a marre de demander la charité à nos frères algériens
qu'il faut remercier pour l'aide qu'ils nous fournissent et ce, depuis notre arrivée.»
La seule sortie de secours demeure, pour beaucoup, l'emploi pour subvenir à
leurs besoins. A ce sujet, un autre ressortissant syrien nous dira; «j'ai
quatre enfants et aucun n'est scolarisé, c'est un drame. Aussi, nous
sollicitons, les pouvoirs publics de l'Etat algérien de nous octroyer, un
permis de travail, une solution pour nous, pour pouvoir nous stabiliser et
vivre, honorablement, en attendant, si Dieu le veut, de retourner, un jour,
dans notre patrie.» À côté de lui, Hassen, à peine sorti de l'enfance et quelle
enfance de souffrance et d'errance ! Du haut de ses 6 ans et point d'école à
l'horizon, prononce quelques mots inaudibles, façon de nous interpeller sur son
état, et à son sort inconnu. Déjà toute la misère du monde jaillit de son regard,
comme pour nous informer sur ce que les hommes ont fait de lui, une âme
errante, à cause de la bêtise humaine et ses conséquences hors normes!