Neuf membres des forces de sécurité nigériennes ont été tués jeudi dans
plusieurs attaques simultanées «d'éléments terroristes» dans la région de
Tillabéri (ouest), proche du Mali, ont annoncé dans un communiqué conjoint les
ministères de la Défense et de l'Intérieur. «Des éléments terroristes ont mené
des attaques simultanées (dans la région de Tillabéri). Bilan: cinq policiers,
deux gendarmes, deux gardes nationaux ont été tués», ont indiqué les ministères
dans ce communiqué. «Deux gendarmes, un policier et un garde ont été blessés»,
ont-ils précisé, faisant aussi état d'»un gendarme, un garde et un policier
portés disparus». Le communiqué ne précise pas l'identité des assaillants et
les attaques n'ont pas encore été revendiquées. Malgré des frontières
considérées comme poreuses, le Niger constitue un îlot de stabilité dans une
zone en proie aux troubles. Autour de ce pays, Mali, Libye et Nigeria sont tous
confrontés à des groupes armés djihadistes. Les attaques de jeudi ont visé le
poste de sécurité du camp de réfugiés maliens de Mangaïzé, la prison de Ouallam
ainsi qu'une patrouille militaire à Bani Bangou, localités toutes proches du
Mali. «Plusieurs prisonniers se sont évadés» de la prison de Ouallam, une ville
située à moins de 100 km au nord de Niamey, selon le communiqué. A Mangaïzé,
«les premiers tirs ont retenti vers 05h00 du matin du côté du poste de sécurité
du camp des réfugiés et se sont ensuite vite intensifiés», a affirmé à l'AFP
une source humanitaire qui travaille sur le camp qui accueille depuis 2012 plus
de 6.000 réfugiés maliens. «Dès les premiers coups de feu, les réfugiés ont
commencé à fuir vers le village», a-t-il expliqué.»Le poste de gendarmerie du
camp des réfugiés a été attaqué mais sans faire de victime parmi les réfugiés
qui se sont dispersés», a déclaré à l'AFP un responsable du Haut commissariat
de l'ONU pour les réfugiés (HCR) à Niamey.
Un habitant à indiqué à l'AFP que «les assaillants sont venus sur huit
motos», et «sur chaque moto il y a deux personnes». «Ils criaient «Allahou
Akbar !», a raconté un fonctionnaire de Mangaïzé sur une radio locale. Après
l'attaque du camp «les assaillants ont paradé dans le village sur leurs motos»,
avant «de repartir vers le Mali d'où ils étaient venus», selon la source
humanitaire. «Le calme est revenu en milieu de matinée mais tout le monde a
peur», assure à l'AFP un commerçant local. A Ouallam, «des hommes lourdement
armés sont venus à bord de véhicules et ont attaqué la prison vers 05h00
locales pour libérer un de leurs camarades détenu», a affirmé un riverain de la
prison sur «Anfani», une autre radio privée. «Après avoir soustrait leur
camarade ils ont ordonné à tous les autres détenus de partir», a-t-il ajouté.
«D'importants renforts» sont envoyés dans la zone «pour poursuivre» les
assaillants, selon une source sécuritaire. Au Mali, les groupes islamistes
armés utilisent fréquemment des motos pour mener leurs attaques contre les
forces de sécurité locales et internationales. Le 3 octobre, neuf soldats
nigériens de la Mission de l'ONU au Mali avaient été tués dans une attaque
d'hommes armés circulant à motos près de Gao, dans le nord du pays. L'attaque
avait été revendiquée par le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de
l'Ouest (Mujao). Le Mujao, lié à Al-Qaïda, fait partie des groupes djihadistes
qui ont contrôlé le nord du Mali pendant près d'un an, entre 2012 et 2013. Ils
en ont ensuite été largement chassés par une intervention militaire française
lancée en janvier 2013 et toujours en cours. La France doit renforcer son
dispositif militaire dans le nord du Niger et intensifier son action au Mali
pour contrer la recrudescence d'opérations djihadistes. «Le gouvernement
nigérien a donné son accord pour l'installation d'une base temporaire à
Madama», à l'extrême nord du Niger, qui sera opérationnelle «dans les
prochaines semaines», selon un responsable du ministère français de la Défense.
Les armées, française et américaine, disposent déjà de drones à Niamey.